Dans une étude portant sur les ‘‘Grandes tendances d’évolution des valeurs, modes de vie et consommation des ménages en Tunisie’’, Hassen Zargouni, directeur général de Sigma Conseil, revient sur les usages que les jeunes tunisiens font d’Internet et ce qu’ils en attendent.



D’abord, il convient de préciser que, dans l’ordonnancement de la journée des jeunes tunisiens, Internet n’occupe «que» la 3e place après les études et la fréquentation des salons de thé et des cafés avec les amis. Pour la majorité d’entre eux, il s’agit d’un moyen de divertissement à la maison. Ils l’utilisent surtout, par ordre d’importance, pour télécharger des albums de musique, des films et des logiciels…, pour chatter (Skype, MSN…), pour naviguer sur les sites de rencontre (Badoo…), ou sur les sites communautaires (Facebook, Hi5), «qui commencent à capter de plus en plus d’adeptes notamment auprès des jeunes de classe moyenne supérieure», note M. Zargouni, et, last but not least, pour consulter les sites d’achat. Cette activité est cependant encore très peu développée à cause des difficultés de payement en ligne, pas encore entré dans les habitudes des consommateurs tunisiens.
Internet est aussi utilisé pour écouter de la radio, en particulier Mosaïque FM et Jawhra FM, dont ils consultent aussi les sites web, et surtout leurs rubriques les plus populaires (chat, playlist, classement des meilleures chansons, forums…)

Déséquilibre entre les régions
Cependant, explique M. Zargouni, la navigation sur Internet demeure encore relativement faible, et en particulier dans les régions, et spécialement parmi les jeunes de classe moyenne inférieure : les habitants des quartiers populaires ceinturant les grandes agglomérations.
Dans les régions intérieures, les principaux lieux de connexion à Internet sont principalement les cybercafés et les maisons de jeunes. Or, étant donné que les horaires de navigation chez cette catégorie de la population se situent généralement en début de soirée et pendant les week-ends, on comprend que le taux de navigation dans les régions intérieures soit beaucoup plus faible que dans les grandes villes où les connexions à Internet haut débit sont plus fréquentes dans les foyers.
Une étude récente a permis de classer les usages des internautes tunisiens âgés de moins de 25 ans comme suit: 1-échanger/publier ; 2-s’informer ; 3-appeler ; 4-télécharger ; 5-envoyer des emails ; 6-écouter la radio ; 7- jouer en ligne ; 8-visionner par streaming ; 9-regarder la télévision ; 10- apprendre ; 10- rechercher un emploi et 11-travailler.
Ce classement est d’autant plus intéressant à considérer qu’il démontre que les activités ludiques et de divertissement viennent aux premiers rangs des préoccupations des jeunes sur le web et que les activités plus «sérieuses» (apprendre, chercher un emploi ou travailler à distance) se situent au bas du classement.

Il reste beaucoup à faire
Ce constat étant fait, il ne faut peut-être pas en tirer des conclusions hâtives quant au degré d’implication des jeunes dans ce qui semble être le plus important au regard de la société (éducation, formation, travail), mais seulement constater que les jeunes tunisiens, comme tous ceux de leur âge, continuent de considérer Internet, comme les autres moyens de communication de masse, comme un passe-temps, qui peut être utile certes, mais qui, surtout, divertit et aide à s’évader et à se déconnecter de la réalité. Cette réalité qui, justement, n’offre pas, en termes d’éducation, de formation et de télétravail, de grandes possibilités, malgré tout ce dont on nous rebat les oreilles sur le niveau de développement de  l’Internet (et des nouvelles technologies de l’information en général) dans notre pays.
Non, à l’évidence, dans ce domaine aussi: les Tunisiens, tous les Tunisiens et pas seulement les plus jeunes d’entre eux, ont encore beaucoup à faire pour atteindre les standards internationaux d’une utilisation optimale des immenses possibilités qu’offre le web.

I.B

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