Le Ramadan à Genève n’a aucun goût particulier hormis les rares exceptions où des musulmans de bonne volonté prennent des initiatives pour animer ce mois sacré. Par Haykel Ezzeddine, Genève
Aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Norvège, il y a un Festival Ramadan! Dans d’autre pays comme la France ou l’Allemagne, les communautés musulmanes se réunissent fréquemment pendant le mois du jeûne pour partager l’iftar ou pour des soirées ramadanesques animées en musique ou par des débats ou autres conférences.
La diversité ethnique et linguistiqu: un handicap majeur
Ce n’est pas le cas en Suisse et, particulièrement dans le canton de Genève, où la diversité de la communauté musulmane, qui compte en son sein plusieurs nationalités venues de tous les continents, empêche la concrétisation d’un programme de divertissement pendant le mois de Ramadan. Pourtant, les bonnes volontés commencent à voir le jour pour attirer les 22.000 musulmans du Canton.
Dans la cité de Calvin, les tentatives d’animation sont timides et les activités pour les musulmans quasi inexistantes. Tout tourne autour de la mosquée, le reste c’est le désert! Une raison parmi d’autres pour ce manque d’entrain: la diversité des communautés, des langues et des habitudes. Organiser une manifestation et fédérer la majorité des musulmans de la ville c’est une mission impossible. Un Pakistanais ou un Indien ne sera pas forcement réceptif à une animation arabe et vice versa. Et le plus grand handicap est le facteur langue. Malheureusement, tous les musulmans de Genève ne sont pas égaux face à la langue de Molière. Certains rechignent à la pratiquer convenablement voire à en saisir ses généreuses nuances. A cela il faut ajouter l’heure tardive de la rupture du jeûne. Le premier jour de Ramadan, il fallait attendre le coucher de soleil à 21h10 avant de boire la première gorgée d’eau. Ce soir, le soleil disparaitra du paysage genevois à 20h45.
A Genève, il est difficile d’organiser des évènements tard dans la soirée surtout actuellement où sévit une vague de délinquance nocturne, inhabituelle et propice à engendrer un climat d’insécurité.
Chrétiens à la table des musulmans
Pour le Ramadan de cette année nous avons relevé deux actions qui méritent un petit coup de projecteur. La première se déroulera, aujourd’hui, vendredi 19 août, dans le cadre des activités “les Pâquis se mettent au vert”. L’Association des Pakistanais de Genève et la “Fondation de l’Entre-Connaissance” organisent un repas de rupture du jeûne dans le jardin du Temple des Pâquis.
Un moment de partage entre les musulmans et les autres communautés, un dîner ouvert à toutes les confessions. Les organisateurs veulent faire de cette rencontre autour d’une table une passerelle pour un dialogue pas forcement inter-religieux. Aucune connotation religieuse, on recherche plutôt à valoriser le côté fraternel et à tisser des liens entre ceux qui pratiquent le Ramadan et les autres. C’est une occasion pour les Genevois de souche de partager la table d’un musulman pour mieux se connaître!
Ramadan se fête dans un temple protestant !
L’Association pour la promotion des cultures arabes et africaines (Apcaa) organise du 26 au 28 août au Temple de la Fusterie “Les nuits du Ramadan”. Tout un symbole, le Ramadan s’invite dans un lieu de culte pour les chrétiens protestants! Au programme : trois conférences sur l’islam animées par Hafid Ouardiri. Le directeur de la ‘‘Fondation de l’entre connaissance” parlera des cinq piliers de l’islam, de la vie du prophète Mohamed et de l’art et l’islam.
Pour le côté musical, le chant soufi et arabo-andalous résonnera durant trois soirées au temple avec l’Ensemble Ibn Arabi, Rafik El Maai et l’Ensemble féminin Aouatif Bouamar.
Voilà un grand test pour voir si les musulmans de Genève veulent changer leur quotidien ramadanesque en l’agrémentant ou bien se contenter du statu-quo actuel!