Après avoir scandé, samedi, leur colère devant le ministère de l’Education, quelques dizaines de maîtrisards se sont dirigés vers le Palais du gouvernement. Comme dernier recours.
Sinon, ils se disent prêts à refaire la révolution. Prêts à affronter le gaz lacrymogène et les cartouches du régime en place. «Ben Ali en Arabie saoudite mais sa bande est toujours en place»; «Professeurs, n’ayez pas peur des cartouches ni de la répression»; «Où est passée la transparence, M. Baccouche? (Taieb Baccouche, ministre actuel de l’Education, Ndlr)»; «Nous avons réussi le Capes et voulons notre droit au travail»; «A la révolution, à la révolution»..., lit-on sur les banderoles des contestataires de la journée.
Ils ont trente, quarante ans et même plus. Ils sont très en colère. Les uns ont réussi l’écrit et l’oral du Concours d’aptitude au professorat de l’enseignement secondaire (Capes). D’autres ont raté l’oral et disent que le concours a manqué de transparence. Tous, d’un seul mot se disent prêts à aller jusqu’au bout. Soit qu’ils soient nommés et intégrer enfin les lycées, soit leur cause est perdue et ils se disent prêts à sortir tous les jours pour manifester leur mécontentement.
Au milieu de la foule, une fille dit qu’elle frise la quarantaine et qu’elle a réussi tous les concours et toujours rien. «Mais à quel âge vais-je commencer ma carrière dans l’enseignement!», s’indigne-t-elle. Et d’ajouter que son nom a toujours figuré sur la liste, mais elle n’a jamais obtenu le poste d’enseignante qu’elle attend depuis dix ans.
A ses côtés, hommes et femmes, dans tous leurs états, accusent le ministère de l’Education de manque de transparence. «Dans l’écrit, ils ne peuvent pas tricher, mais c’est dans les matières orales où on peut intervenir et nommer. Nous n’avons pas de piston; nous avons brûlé toutes nos cartouches et il ne nous reste plus rien. Comme au temps de Ben Ali, les nominations se vendent et s’achètent», accuse un trentenaire. Qui, comme ses camarades, est déçu des résultats définitifs du Capes de la session 2010 annoncés il y a une semaine. «C’est toujours les mêmes pratiques, rien n’a changé», crie un groupe d’hommes et de femmes, décidés à ne plus se taire. Ils veulent que le ministre de l’Education explique (et s’explique) sur ce qui se passe dans les coulisses de son département.
Z. A