Les ratés de l’opération Omra ont été mis sur le compte des sociétés Tunisair et Montazah Gammarth, qui s’en défendent, en invoquant des problèmes exceptionnels. Par Marwen El Mahdi
Suite à l’énorme polémique soulevée par les citoyens qui ont eu à accomplir les rites de la Omra (petit pèlerinage à La Mecque) pendant le mois saint et même avant, la Fédération tunisienne des agences de voyage (Ftav) a organisé une journée Omra pour en savoir plus sur des débordements qui risquent de se prolonger et de toucher à plusieurs entreprises concernées…
Un acte spirituel devenu un calvaire
Tout le monde y était passé : des témoignages de voyageurs qui ont souffert aux lieux saints, des mises au point de la part des chefs d’agences de voyages et des éclaircissements pas assez convaincants des organisateurs et de Tunisair, le principal transporteur.
Les témoignages ont rapporté des faits inacceptables : vols retardés de plusieurs heures sans préavis, des voyageurs délaissés dans les salles d’embarquement, des changements de programme de dernière minute sans que les voyageurs soient informés, des avions partis à Djeddah qui atterrissent à… Médine, des chambres d’hôtels qui ont abrité six personnes à la fois…
Le tableau est sombre et El Omra version 2011 a été un calvaire, voire un cauchemar pour des gens partis à la recherche d’une satisfaction spirituelle et qui se sont trouvés confrontés à des problèmes de toutes sortes.
Les propriétaires d’agences de voyages considèrent, pour leur part, que le mal réside ailleurs que chez eux. Ils accusent essentiellement Tunisair et particulièrement la société Montazah Gammarth d’être derrière tous les tracas de cette session de Omra, en particulier ceux concernant l’hébergement, le transport sur place et les horaires de vols. Ils prétendent même avoir tout fait pour pallier à ces défaillances et éviter de voir des pèlerins tunisiens passer la nuit dans les rues ou se contenter de faire la prière à l’hôtel, situé très loin des lieux saints, surtout pour les vieillards. Une directrice d’une agence de voyages sise à Sfax relève même que ses clients étaient attendus à Tunis-Carthage et que leurs familles les y attendaient, mais leur avion a atterri à… Sfax !
L’abolition du monopole
En somme, tous les intervenants ont accusé Tunisair et Montazah Gammarth de tous les maux et ils ont lancé un appel pour la privatisation de ce secteur et l’abolition du monopole.
Le représentant de la compagnie aérienne publique tunisienne s’est défendu en relatant des situations où l’intervention de Tunisair a été déterminante et très appréciée, indiquant que la compagnie a fait de son mieux pour aider les passagers de la Omra et leur offrir les meilleures conditions de voyage, mais elle ne pouvait rien contre des aléas et des imprévus qui surprennent tout le monde. Le responsable de Montazah Gammarth a essayé de rappeler l’action de son entreprise pour assurer les meilleures conditions de séjour aux Tunisiens partis à la Omra, mais ses réponses n’ont semblé convaincre personne.
El Omra 2011 en chiffres
Il y avait cette année près de 40.000 voyageurs pour effectuer les rites de la Omra aux lieux saints, surtout durant le mois de ramadan. Les organisateurs ont tablé sur 25.000 personnes en raison de ce que le pays a vécu en début d’année et du retard dans les préparatifs, mais, finalement, on a décidé de satisfaire tout le monde et, en contrepartie, d'assurer le maximum de gains avec le résultat qu’on connaît. Mieux encore, il y a près d’un millier de personnes qui n’ont pas pu avoir le visa pour des raisons diverses et parfois injustifiées.
Tunisair a programmé 121 vols contre 91 l’année passée à la même période. Quant à la compagnie saoudienne, elle n’a embarqué que 7.200 passagers alors que les demandes étaient au nombre de 13.000. Après la Révolution du 14 janvier, on a voulu éviter côté saoudien, de probables problèmes d’insécurité et de dépassements et d’autres raisons, probablement politiques.
C’est cet engouement inattendu pout le pèlerinage aux lieux saints qui a chambardé les plans et les dispositifs organisationnels mis en place par les deux entreprises organisatrices.
Les problèmes soulevés durant la réunion de samedi devrait permettre d’identifier les dysfonctionnements et les goulots d’étranglement et d’identifier des solutions et, surtout, de les mettre en route dès à présent, et ne pas attendre la prochaine saison de pèlerinage pour se hâter.