La pauvreté dans les zones rurales et le manque d’infrastructure limitent l’accès à l’école, «Atini Kari» est une initiative, mise en œuvre par L’épi d’Or et le ministère de l’Education nationale, afin de parer à cette situation…
Par Samantha Ben-Rehouma
Lors de la conférence de presse, au Centre national d’innovation pédagogique et des recherches pour l’éducation (Cnipre), Hassen Annabi, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education, a précisé qu’«Atini Kari» est le fruit d’un engagement commun entre le secteur public et le secteur privé mais c’est aussi et avant tout un acte citoyen qui a incontestablement contribué à la réussite du projet.
Une opération citoyenne réussie
«Les résultats sont très satisfaisants et les chiffres sont là pour le démontrer», dixit Olfa Mellouli. Pour la directrice marketing, la réalisation des trois objectifs fixés : action citoyenne, résultats palpables (bus) et effet domino (pour ce dernier, ce n’est malheureusement pas encore gagné) sont la plus grande fierté de la marque. Le bilan a dépassé toutes les espérances (quand on connait le prix des pâtes qui tourne autour de 380 millimes, il fallait vraiment mettre le paquet !) car ce n’est pas moins de 472.000 dinars (récoltés sur les bénéfices des ventes de pâtes du mois de Ramadhan et sur le budget publicitaire) qui ont permis l’achat de 4 minibus. Une manne pour les 500 élèves des régions de Siliana, Sidi Bouzid (Hnia Bazid), Kasserine (Sahlaoui, Foussana, H’Babssa) et Jendouba (Ghardimaou)*.
L’éducation : un droit pour tous
Disposer de bons transports scolaires est important, mais les communes qui en sont responsables manquent souvent des ressources financières nécessaires. Durant des années et dans l’indifférence totale des responsables politiques… et de tous, la misère sociale et morale s’est étendue sur nos régions (éloignées ou non) qui se rouillent et se désagrègent : des écoles délabrées aux matériels vétustes, des chemins en nid de poules dans un décor de forêts dépouillées et de champs en jachère sur lesquels cahotent des heures durant à travers le désert rural le charroi d’élèves levés aux aurores et rendus chez eux la nuit tombée. Nombre d’écoliers vivant à la campagne peinaient dès lors à assister régulièrement aux cours, compte tenu du trajet de plusieurs kilomètres qui les sépare de l’école.
«Atini kari» mérite donc un tableau d’honneur et les félicitations de tout un chacun car grâce aux bus scolaires, les nombreux écoliers de régions reculées et peu desservies pourront ainsi profiter d’un transport scolaire sûr et auront gagné leur «Kari» (bus et estime)… Souhaitons juste que les communes ayant reçu des bus scolaires s’engageront à assurer l’entretien des véhicules pour qu’ils ne soient utilisés qu’à des fins scolaires !
Ce Bus-iness charity n’enchante pas tout le monde
Fort du succès d’«Atini Kari», il eût alors été logique de faire des émules, et que, subséquemment les concurrents de L’Epi d’Or (nul besoin n’est de les citer) mettent eux-aussi «la main à la pâte» en adoptant cette noble cause et en contribuant, par là-même, à construire une Tunisie forte en faisant de l’éducation une priorité, mais c’était sans compter sur cette mentalité (pas-bonne-pâte-du-tout) de rouler dans la farine toute concurrence ! Ces derniers ont intenté un procès à l’Epi d’Or pour publicité abusive en envoyant un huissier de justice à la chaîne Watania.
Pourquoi Watania me direz-vous ? Parce que c’est la seule chaîne qui diffusait, pendant le Ramadhan, les spots publicitaires. C’est donc un choix délibéré de la marque de préférer la chaîne nationale au détriment des chaînes commerciales (là aussi nul besoin de les citer) afin de sensibiliser «plus large» géographiquement parlant.
Si l’absurdité de cette affaire en fera sourire plus d’un, ce qu’il faudra retenir de cette initiative (première en son genre) c’est que le Tunisien est et restera, envers et contre tout, un citoyen engagé. Alors appliquons la devise de Montesquieu «L’éducation consiste à nous donner des idées, et la bonne éducation à les mettre en proportion» pour un monde meilleur !
*Ce sont les itinéraires de ces régions sélectionnées selon le nombre d’élèves, la distance entre l’école et le gouvernorat destiné et l’infrastructure routière.