Les lauréats tunisiens des écoles préparatoires scientifiques qui réussissent le concours français d’admission à Telecom Int, peuvent-ils désormais décrocher un double diplôme franco-tunisien ?

Par Welid Naffati


La réponse est affirmative, et ce grâce à la filière locale de Telecom SudParis à El Ghazala. De quoi s’agit-il ?

Les jeunes étudiants tunisiens qui ont suivi un cursus scientifique dans notre pays peuvent désormais avoir un diplôme français, grâce à un des fleurons des écoles d’ingéniorat en Tunisie : Sup’Com. Cette dernière abrite en effet et ce, depuis fin 2010, la filière tunisienne de Telecom SudParis (Tsp), une prestigieuse université française spécialisée dans les Technologies de l’information et de la communication. Grâce à cette filière, les étudiants de toutes les nationalités, tunisienne inclus, pourront suivre un cursus bi-diplomant entre Paris et Tunis. Une première au Maghreb.

3 semestres en Tunisie et 2 semestres en France

«Les étudiants s’inscrivant à cette filière passent 3 semestres à l’école d’ingénieurs Sup’Com, sise au technopôle El Ghazala de l’Ariana en Tunisie. Cette période correspond au tronc commun du programme d’étude entre Sup’Com et Telecom SudParis», explique Pierre Rolin, directeur de Tsp.


Le campus TSP

C’était lors d’une conférence de presse organisée à Evry, le 13 décembre, sur le campus de l’école.

«L’élève ingénieur passera par la suite 2 semestres en France qui se concluront par un stage rémunéré au sein d’une entreprise pendant 6 mois. Au bout de ce stage, l’élève obtiendra un double diplôme : Tunisien grâce à Sup’Com et français via Telecom SudParis».

Ces deux diplômes sont accrédités par la Commission des titres d’ingénieurs (Cti), organisme chargé d’évaluer la qualité des formations d’ingénieurs en France. «C’est la première fois qu’une telle filière est validée par la Cti», fera remarquer Sandrine Bourguer, responsable communication à Tsp.

De son côté, le gouvernement tunisien a réservé 5 bourses d’études aux étudiants tunisiens qui accèderont à Tsp Tunis. «Bizarrement, ce sont essentiellement des Français qui choisissent cette filière tunisienne», s’étonne Tijani Chahed, directeur de Tsp Tunis à Paris. Mais y a-t-il une raison particulière qui les pousse à choisir Tunis au lieu de Paris ? «Pas vraiment», nous répond M. Chahed. «Chacun a ses raisons. Il y en a qui veulent renouer avec leurs origines. D’autres pour des raisons économiques, vu que le niveau de vie en Tunisie est beaucoup plus abordable qu’en France. Mais je pense qu’ils s’intéressent surtout à l’expérience internationale».


Tijani Chahed

L’expérience internationale en question

«Quand nos étudiants français passent au dernier trimestre de stage en entreprise, on leur demande à ce qu’ils le fassent à l’étranger», explique Claude Villard, Director of Graduate Program chez Tsp. «C’est cette expérience internationale qui leur permettra de décrocher le diplôme final».

Chose qui n’est pas exigée aux étudiants étrangers vu qu’ils ont, déjà, cette expérience internationale grâce à leur pays d’origine.

«C’est peut-être ça qui fait que nous avons essentiellement des étudiants français qui optent pour la filière tunisienne de Telecom SudParis», rétorque le président de cette école d’ingéniorat française qui, par la suite, insiste sur le rapport de co-développement que Tsp veut établir avec la Tunisie. Le président a également exprimé son souhait de voir les sociétés Hi-Tech établies en Tunisie, et notamment au technopôle El Ghazala, faire part de cette aventure en ouvrant leurs portes aux étudiants de la filière de Tsp à Tunis.

Bien qu’il soit compréhensif, Pierre Rolin regrette, toutefois, le désengagement de plusieurs startups étrangères et nationales de la Tunisie à cause des turbulences économiques, politiques et sociales des derniers mois. «J’espère que les entreprises se remettront à se relocaliser en Tunisie après la prise de fonction du nouveau président tunisien», conclut-t-il.

«Beaucoup de facultés marocaines et algériennes cherchent à établir ce genre de partenariat avec Tsp. Ils veulent installer des filières similaires dans leurs pays respectifs», fait remarquer Akila Hadjdadj, responsable Promotion et Admissions chez Tsp, qui était récemment à Alger pour prospection. C’est dire combien la concurrence se fait rude avec nos voisins maghrébins pour nous voler la vedette…