Le ministère de la Santé, dirigé par un médecin islamiste d’Ennahdha, s’est inscrit en faux contre la pratique de l’excision des femmes, préconisée par le prédicateur Wajdi Ghanim.
Suite à la polémique suscitée par la visite en Tunisie du prédicateur égyptien Wajdi Ghanim, défenseur de l’excision des filles, le ministère de la Santé a publié un communiqué dans lequel il affirme que la mutilation génitale féminine «est un acte condamnable et ne fait pas partie de la culture et des traditions de notre pays, contrairement à la circoncision masculine».
L’excision, lit-on dans le même communiqué, n’a aucun avantage sur la santé de la femme. Bien au contraire, ce rituel, pratiqué dans certaines sociétés, entrave le fonctionnement naturel de l’organisme et a des conséquences immédiates ou plus durables sur la santé des femmes.
Contre nature, traumatisante et contre les droits de la femme
Le ministère de la Santé rappelle qu’en 2008, une dizaine d’institutions internationales dont l’Oms, l’Unesco, l’Unicef, le Pnud..., ont adopté une position commune fondée sur les conventions et chartes internationales auxquelles la Tunisie a adhéré.
Cette position dénonce les interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins pratiquée à des fins non thérapeutiques.
Selon la même source, il s’agit d’une violation des droits des jeunes filles et des femmes.
L’excision est un acte douloureux, traumatisant et préjudiciable pouvant provoquer de graves hémorragies et des problèmes urinaires, des kystes et des infections. Elle entraîne un risque de stérilité et des complications lors de l’accouchement et accroît le risque de décès du nouveau-né.
Ghanim induit les gens en erreur
Pour toutes ces raisons, le ministère de la Santé met en garde contre ces pratiques et appelle les professionnels de la santé à les rejeter et à les dénoncer. Wajdi Ghanim a donné, récemment, une série de conférences religieuses dans plusieurs régions. Sa visite en Tunisie a été fortement critiquée par la société civile et plusieurs partis politiques en raison de son radicalisme et de ses positions hostiles à la femme, dont, notamment son appel à l’excision qu’il considère comme étant «une recommandation en islam». Le cheikh est aussi un fervent adversaire de la démocratie, celle-là même qui a amené au pouvoir le parti islamiste d’Ennahdha.
I. B. (avec Tap).