Lancés dans l’euphorie en 1998, les publinets (centres publics des services d’Internet, appelés aussi cybercafés) s’enfoncent dans la crise, alors que les décisions présidentielles annoncées en leur faveur, en mai dernier, tardent à être mise en œuvre.
La Tunisie compte un peu plus de 170 publinets (contre près de à 800 au Sénégal selon ‘‘Jeune Afrique’’). Ce chiffre relativement bas s’explique, en partie, par la généralisation de l’accès à la toile. L’introduction d’Internet dans les administrations, les institutions éducatives et les foyers a réduit le taux de fréquentation de ces établissements publics.
Coupures intempestives et concurrence déloyale
Les professionnels du secteur se plaignent aussi des coupures intempestives de connexion qui font fuir les internautes et «ternissent l’image de la Tunisie comme pays pionnier dans le domaine d’Internet», selon les termes de Samir Sahnoun, président de la Chambre syndicale des centres publics d’Internet, cité par ‘‘Le Quotidien’’.
Les patrons de publinets se plaignent également de la «concurrence déloyale» pratiquée par des «intrus» offrant l’Internet sans fil dans les cafés et les salons de thé. Mais peut-on raisonnablement empêcher ces « intrus » d’utiliser l’offre d’accès gratuit à Internet comme un argument commercial?
Il n’existe certes pas encore de statistique officielle faisant état d’une baisse du nombre de publinets au cours des cinq dernières années, il n’en est pas moins établi que le nombre d’internautes se connectant à partir des publinets a ostensiblement chuté et qu’un certain nombre de ces établissements a tout bonnement fermé.
Pour éviter ce sort peu enviable, certains patrons de publinet ont essayé de s’adapter aux changements en proposant des services autres que la simple connexion au réseau, service de moins en moins rentable. Parmi ces services: la possibilité de faire des photocopies, de scanner ou de faxer des documents, entre autres travaux de bureautique. Ou encore la vente de cigarettes et de barres de chocolat. Si elle a permis à de nombreux établissements de durer, cette diversification des services fournis aux clients n’a pas empêché d’autres, mal situés ou peu fréquentés, de mettre la clé sous le paillasson.
Le coup de pouce présidentiel
Lors d’un conseil ministériel tenu le 26 mai dernier et consacré au secteur des technologies de communication, le Chef de l’Etat a décidé de réduire de 50% les frais de connexion des publinets au réseau Adsl de Tunisie Télécom et des fournisseurs des services Internet (Fsi). Il a également donné des instructions pour qu’une étude sur ces établissements soient élaborée rapidement dans le but d’identifier les moyens de «promouvoir leurs activités et de leur permettre d’offrir des services supplémentaires».
Cependant, les mesures annoncées par le Chef de l’Etat tardent à être concrétisées, déplore Samir Sahnoun dans le même journal. Ce dernier a eu des réunions de travail avec les responsables de Tunisie Telecom et a même été reçu par M. Mohamed Naceur Ammar, ministre des Technologies de la communication, à qui il a fait part des inquiétudes de ses collègues. Mais s’il a trouvé une certaine compréhension chez ses interlocuteurs, il commence à s’impatienter, car il ne voit pas encore venir…
Combien de temps faudrait-il à Tunisie Télécom (accès au réseau téléphonique) et aux Fournisseurs de services Internet (connexion à la toile) pour mettre en œuvre les décisions présidentielles en faveur du secteur des publinets, se demande le responsable syndical. Quid aussi des travaux de la commission spéciale chargée d’établir la liste de services pouvant être développés dans les publinets?
Pour les professionnels du secteur, il n’y a pas de temps à perdre, car il y a péril en la demeure.
Malek Neili