Ordures à Djerba

Après la «démission» du gouvernement Jomaa, c’est aux citoyens de prendre en charge eux-mêmes la gestion du problème de la collecte des ordures dans l’île de Djerba.

Par Khaoula El Cadi*

 

Quand, en juillet 2014, dans un billet publié par Kapitalis ‘‘Djerba, le premier échec du gouvernement Jomaa’’, je qualifiais d’échec l’action du gouvernement Jomaa pour gérer le dossier de traitement des ordures, je pensais sincèrement que c’était un échec conjoncturel qui ne saurait perdurer.

Plus de deux mois après, je me rends compte que la situation n’est plus celle d’un échec mais plutôt d’une démission du gouvernement de sa responsabilité.

La semaine dernière, en écoutant le secrétaire d’Etat chargé des collectivités locales clore son intervention par une revendication insolite du gouvernement, à savoir la collecte des ordures de Djerba, j’ai été sidérée.

En écoutant la déclaration du ministre de l’Intérieur, mardi 30 septembre 2014, c’est un sentiment d’angoisse, d’insécurité et de peur qui m’a envahi. Monsieur le ministre ne maîtrise pas le dossier et ce pour plusieurs raisons.

Quand il parle d’une solution provisoire, il doit être précis en indiquant pour combien de temps, afin de gagner la confiance de ses interlocuteurs! Monsieur le ministre oublie que ce que nous vivons en 2014 est le résultat d’une décision prise en avril 2012 par le chef du gouvernement qualifié alors également de provisoire!

Quand il évoque l’existence de forces qui agissent pour créer les blocages, en précisant qu’il s’agit de certains partis politiques et d’organismes locaux et régionaux, les propos de monsieur le ministre ne se distinguent pas de ceux tenus par un citoyen lambda dans un café.

Quand il responsabilise, enfin, les citoyens de Djerba et de Médenine en omettant le responsable principal, qui est le gouvernement de la région, monsieur le ministre perd en crédibilité et nous rappelle le discours des perdants qui avancent à tous les coups le partage des responsabilités par l’ensemble des parties concernées.

Dans ma précédente analyse, je voyais en cette incapacité à gérer la situation un moyen de brouiller les cartes et de faire oublier les échecs des gouvernements précédents pour un nouveau départ lors des élections législatives.

Mais finalement l’objectif est à mon avis beaucoup plus ambitieux, c’est carrément un moyen pour désintéresser les citoyens des élections : le boycott des élections est maintenant prôné dans différents cercles!

L’importance des élections d’octobre 2014 étant un fait avéré, l’essence de la mission de ce gouvernement étant la garantie d’un environnement favorable pour leur tenue et étant démontré par tous les moyens que ce gouvernement a failli à sa responsabilité, je lance un appel aux citoyens de gérer cette crise en minimisant les dégâts et ce en adoptant un comportement responsable dans le traitement des ordures ménagères, en respectant les biens publiques et en s’abstenant de brûler les déchets.

* Citoyenne de Djerba.

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