Le chef du parti islamiste dit aujourd'hui l'exact contraire de qu'il pense lui et ses troupes. Ce bonimenteur tente de duper, à nouveau, les Tunisiens.
Par Rachid Barnat
Il a fini par se croire indispensable et incontournable pour la vie politique en Tunisie!
Il est vrai que cela a fini par lui monter à la tête d'être soutenu par les occidentaux et financé par leur servile émir du Qatar!
Alors que les Tunisiens lui ont signifié, à maintes reprises, qu'ils ne veulent pas des Frères musulmans, voilà qu'il promet à nouveau tout et son contraire, quitte à être en totale contradiction avec ce qu'il disait il n'y a pas si longtemps, prenant les Tunisiens pour des idiots.
Le discours et son double
Un petit rappel s'impose pour rafraîchir la mémoire des Tunisiens, car ce bonimenteur tente de les duper encore une fois... en appliquant la fameuse règle de la «taqyia» (le mensonge "halal" au service de la confrérie.
M. Ghannouchi affirme, à nouveau, qu'il est pour l'égalité des hommes et des femmes... ce qu'il avait déjà fait lors de la campagne électorale de 2011, quand il rassurait les Tunisiennes qu'il ne touchera pas au Code du statut personnel de 1959... Les Tunisiens ont du bagarrer dur, par la suite, pour l'empêcher de faire passer, dans la nouvelle constitution, un article faisant des femmes les complémentaires des hommes (et non les égales) pour conformer cette constitution à la charia!
Le président du parti islamiste Ennahdha clame à nouveau, à qui veut l'entendre, qu'il est républicain, donc pour un Etat civil... comme en 2011 lorsqu'il promettait, pour rassurer les Tunisiens, qu'il conservera à la Tunisie son statut d'Etat civil. Encore une fois, les Tunisiens ont du bagarrer dur, par la suite, pour l'empêcher, lui et ses élus à l'Assemblée constituante, d'instaurer la charia en lieu et place du code civil, prélude à l'instauration de l'État théocratique cher aux Frères musulmans!
M. Ghannouchi se gargarise, à nouveau, d'être démocrate. Cela fait rire les Tunisiens s'il ne les fait pas pleurer. Et il ne cesse de faire l'éloge du bilan de la troïka et celui de ses deux premiers ministres islamistes Hamadi Jebali (décembre 2011-mars 2013) et Ali Larayedh (mars 2013-janvier 2014), aussi bien sur le plan économique que social. Or, les Tunisiens vivent au quotidien les conséquences désastreuses de la gestion des affaires publiques sous le règne des islamistes (montée du terrorisme et de l'insécurité, aggravation de la crise économique, creusement des déséquilibres budgétaires, etc.)
Le chef islamiste se «découvre» patriote et nationaliste et l'affirme dans ses discours de campagne électorale; ce qui est en totale contradiction avec son idéologie, qui est celle des Frères musulmans, à savoir le pan-islamisme, visant à créer la «oumma» islamique sinon le califat sur tous les territoires où l'islam est la religion majoritaire.
Plus laïc que les laïcs?!
M. Ghannouchi courtise les forces démocratiques et modernistes, et même les rescapés de l'ex-RCD, ancien parti au pouvoir dissous, considérés jusqu'à récemment comme l'incarnation du diable, et se dit prêt à gouverner avec les laïcs... alors qu'encore récemment, ses partisans les vouaient aux gémonies en les traitant de tous les noms, appelant même à les tuer!
Le chef des islamistes se dit prêt à gouverner avec Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounes et leader des forces modernistes, lui qui a tout fait pour écarter ce dernier de la vie politique avec la fameuse loi d'exclusion politique, abandonnée en dernière minute sous la pression de la rue. Sa politique de la main tendue est, on l'a compris, une énorme imposture! Ou plutôt une simple posture électorale, qui changera, de fond en comble, dès que les islamistes auront repris le pouvoir dans le pays.
Autre preuve de la duplicité, de l'hypocrisie et du mensonge du leader islamiste: après avoir dénigré Bourguiba, ne voilà-t-il pas qu'il salue sa mémoire et lui rend hommage, glorifiant ses réalisations pour une Tunisie moderne! On croit rêver...
Quant aux meetings des Frères musulmans nahdhaouis, les organisateurs ne manquent pas d'audace pour mettre par ci par là un peu du «palestinien» car c'est «vendeur»: drapeaux palestiniens, musiques et chants patriotiques palestiniens, chanteurs engagés comme Marcel Khalifa ! Car le populisme des Frères musulmans se nourrit de tout ce qu'ils instrumentalisent: la religion, la pauvreté des gens, l'ignorance et aussi de la cause palestinienne, très populaire chez les peuples «arabes»... alors qu'ils n'ont rien à foutre des Palestiniens comme des Tunisiens! Il faut se rappeler comment leur frère, l'ex-président égyptien Mohamed Morsi, s'apprêtait à sacrifier les Palestiniens pour contenter ses alliés américains et pour satisfaire Israël! On ne peut pas faire mieux en matière d'hypocrisie !!
D'ailleurs on se demande pourquoi les Nahdhaouis recrutent-ils des jihadistes pour guerroyer en Syrie pour faire tomber le président Assad et jamais en Israël pour faire libérer la Palestine.
Cet homme est fourbe et dangereux
M. Ghannouchi a fini par se croire indispensable... lui dont le parti est en perte de vitesse auprès des Tunisiens et, plus particulièrement, des plus pauvres d'entre eux, auxquels il martelait, en 2011, que son parti est le parti des pauvres! Ils ont vu, en 3 ans, ce qu'il en était : ils sont passés de la pauvreté à la misère, alors que les islamistes sont de plus en plus riches. Et, ils tiennent à le montrer de manière ostensible.
Chassez le naturel, il revient au galop : Rached Ghannouchi et ses partisans tentent, à nouveau, d'acheter des voix en faisant de la charity-business financée par le Qatar. Ce qu'il avait fait lors de la campagne électorale de 2011. Mais les pauvres ne sont plus dupes! Ils prendront les moutons, les couffins et l'argent, et ils voteront comme leur dictera leur conscience.
Rached Ghannouchi est un homme fourbe, dont il faut se méfier! S'il ne tenait qu'aux Tunisiens pour le neutraliser, lui et ses frères, il y a longtemps qu'ils les auraient chassés du pouvoir! Les occasions n'ont pas manqué pour cela: au lendemain de l'assassinat de Chokri Belaïd et de celui de Mohamed Brahmi, quand les Tunisiens sont sortis manifester contre la troïka, la coalition gouvernementale dominée par les Frères musulmans, tous les jours, durant plus d'un mois, par centaines de milliers... Mais malheureusement pour les Tunisiens, l'Occident et les pétromonarques veulent coûte que coûte que les Frères musulmans restent au pouvoir ! Ils tentent de les imposer aux Tunisiens pour faire avorter les révolutions «arabes» depuis que Abdelfattah Sissi les a écartés du pouvoir en Egypte !
Ghannouchi leur doit d'occuper la scène politique tunisienne d'autant qu'il est soutenu par le Qatar, qui finance et fait une propagande éhontée aux Frères musulmans via Aljazeera TV, porte-voix de l'émir et instrument de ses ambitions de rayonnement international!
Les Etats-Unis et l'Union européenne tentent, d'ailleurs, cyniquement, de vendre l'islamisme «modéré» des Frères musulmans aux Tunisiens en les assurant de sa compatibilité avec la démocratie! Curieux ces démocrates occidentaux... qui se foutent de leurs véritables alliés, les démocrates progressistes tunisiens.
Le drame des Tunisiens est qu'aussi bien les journalistes que les dirigeants des partis progressistes traitent M. Ghannouchi et ses frères comme s'ils étaient indispensables à la vie politique tunisienne et incontournables dans tout débat national! A moins qu'ils soient «sous la pression» des Occidentaux et celle des pétromonarques !
Aux Tunisiens, donc, de résister à ces marchands du temple et à ceux qui les soutiennent! «Quand les peuples veulent, ils peuvent», disait Aboul Kacem Chabbi !!
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