L’auteur a présenté, au cours d’une conférence de presse, jeudi 13 novembre 2014, à Tunis, une analyse des candidats à la présidentielle du 23 novembre 2014 par classe de leadership.
Par Lotfi Saibi*
Historiquement, l'expérience d'un leader politique a toujours été le facteur déterminant pour mesurer l'éventualité de son succès. Mais les nouvelles études ont démontré que le parcours et les compétences managériales ne sont pas garants, à eux seuls, du succès dans la vie politique, c'est plutôt ce qui anime la personne de l'intérieur, ses motivations, ses valeurs et ses compétences relationnelles et comportementales qui vont déterminer sa prédisposition à la réussite. En d'autres termes, c'est du style de leadership du politicien que dépendra son succès, en particulier dans une période de transition difficile. Par style de leadership, nous entendons la manière dont le politique traite avec son environnement, à savoir les électeurs, ses conseillers, les députés, ou encore les dirigeants des partis politiques. Il s'agit d'identifier les normes, les relations, les règles et les principes qui guideront l'homme politique pour structurer ce genre d'interactions (comportements et traits de caractère). Un style de leadership particulier peut ainsi affecter le processus de prise de décision du «président», et donc sa manière de traiter et surmonter les défis auxquels il sera exposé. C'est en évaluant l'impact énorme qu'aura le leadership du futur président sur l'avenir de la Tunisie, que 4DLH a pris l'initiative d'identifier et analyser les différents styles de leadership des candidats qui se proposent à la présidentielle. Il s'agit d'une première dans le monde arabe, qui mettra à la disposition de l'électeur tunisien un angle de vue différent et original sur la personne qu'il ne connait que très peu, tout en étant un moyen de rétrospection et d'amélioration pour le candidat/futur président. Afin de fournir une mesure et une référence historique à ce qui est perçu comme un bon style de leadership politique en cette période d'incertitude et de transition, nous avons étudié les comportements et traits de caractères de 52 dirigeants politiques dans des circonstances similaires (comme Abraham Lincoln, Margaret Thatcher, Nelson Mandela, Adolph Hitler, la reine Victoria, Winston Churchill, Benito Mussolini, Simón Bolívar, Charles de Gaulle, Louis XIV, Hailé Sélassié) afin de déterminer les leaders qui peuvent être catégorisés dans un style de Leadership presque identique. Si nous juxtaposons leurs style de leadership avec ceux qui cherchent actuellement les plus hautes fonctions en Tunisie, nous constatons que ceux qui n'ont pas réussi, ou se sont transformés en dictateurs ou ceux qui ont simplement échoué dans leur mission sont ceux qui ne maîtrisent pas la flexibilité et l’ambidextrie. Notre recherche a révélé que les 25 candidats à la présidentielle sont groupés en quatre groupes, qui se présentent comme suit :
1- Individualiste – entrepreneur: peut-être le mieux adapté en période de lancement de projets spéciaux ou d'introduction de nouvelles réglementations, le président est alors appelé à un dévouement sans faille à l'idée et aux actions qui s'en suivent. Le leadership de Margaret Thatcher, lors de la crise économique de son pays, est l'exemple type de ce style. 2- Instigateur – autoritaire – populiste : Bien que ces styles soient taxés d'être de la vieille école, ils continuent à avoir leur place dans la boîte à outils d'un leader, ils permettent une plus grande flexibilité en temps de crise, de discipline et de restructuration organisationnelle. 3- Conciliateur : Ce style de leadership est le mieux adapté en période de tension, discorde ou polarisation. Cependant, il serait dangereux de l'utiliser en exclusivité, car le président est appelé à faire preuve de fermeté, par la prise de décision ciblée, en temps opportun.
4- Paternaliste: Ce style est lorsqu'on a affaire à des équipes inexpérimentées. Il peut être efficace lorsqu'on a besoin de restaurer une priorité incontournable: la confiance. Le challenge que ce type de Leader doit surmonter c'est sa tendance à s'isoler avec «ses favoris» aux dépens de l'efficacité et de l'efficience de l'équipe. Il est important de noter que dans le contexte d'un pays en transition avec des priorités spécifiques, il ne semble y avoir «un style parfait» de leadership. Nous croyons que ceux qui conviennent le mieux pour ces périodes devraient être en mesure de posséder autant de styles que possible, avec un penchant particulier sur la sensibilisation, l'adaptabilité et l'intelligence émotionnelle. Pour le contexte de la Tunisie, nous croyons que ceux qui sont apparus avec plus de styles, ont une meilleure chance de réussir. Cependant, il y a dans ce cas un danger, si le candidat à la présidence n'est pas capable de reconnaître les changements environnementaux et les facteurs conjoncturels actuels, il ne serait pas en mesure d'apporter les changements nécessaires pour avoir le comportement le plus approprié possible à une situation donnée. Et si l'histoire venait à se répéter, il y a une bonne chance que cela se produise à nouveau. * Ancien de l’Université de Harvard, conseiller en communication et développement de leadership. Président 4DLH, cabinet spécialisé dans le développement des capacités de leadership des dirigeants d’entreprises en vue d’améliorer la productivité et la performance globales. |
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