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La Tunisie a moins besoin d'un Premier ministre technocrate que d'un chef de gouvernement qui croit dans les capacités autonomes de son peuple.

Par Mohamed Hafayedh*

 Ma grande mère m'avait appris: «Tu es ta propre mesure, tu ne mériteras que le rang que tu auras voulu».

Aujourd'hui, le développement économique, l'effort national, la sortie du système de la dette, nous l'avons vu se réaliser en Amérique latine grâce à des hommes et des femmes qui rassemblent moins à des experts et des grandes compétences des places financières qu'à des chamanes de la dignité nationale ressuscitée des peuples Quechuas ou d'Amazonie.

Le peuple tunisien a fait une révolution de la dignité, des jeunes en fleurs de l'âge sacrifiés pour la liberté, il ne méritera pas de la perdre dans les chaines de l'homme endetté.

La dette n'est pas un tabou, ni une mauvaise chose en elle-même pour la situation actuelle de la Tunisie, elle est même inévitable pour un chef de gouvernement néolibéral comme pour un gouvernement de fierté nationale, mais la valeur ajoutée est dans l'état d'esprit qui animera le contractant tunisien.

La différence sera entre celui qui a intégré le fait de la révolution de la dignité, ses motivations et son impact international et son apport humaniste dans un monde en désordre auquel les plus compétents des experts du monde occidental sont incapables de remédier, et celui qui traite «le cas de la Tunisie» en fonction d'un organigramme de la finance internationale.

La Tunisie a besoin de ses références et ses repères symboliques pour donner l'élan et l'énergie permettant de remettre le peuple au travail, l'hygiène éthique dans la justice sociale politique et judiciaire contre la corruption et l'esprit mafieux.

Les puissances extérieures – n'oublions pas qu'on est plus dans monde des alliés, mais dans un monde globalisé – ne viennent pas en aide à la Tunisie pour la qualité d'experts de ses gouvernants, mais pour l'intérêt qu'elle représente, géopolitiquement, plus particulièrement après la révolution.

Pour cela, il faudra un chef de gouvernement qui croit dans les capacités autonomes du peuple tunisien et dans l'apport humaniste et universel de sa révolution.

* Avocat à la Cour de Paris.

 

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