Les immenses réussites du gouvernement Hamadi Jebali ont-elles montré la faillite du système capitaliste mondial, symbolisé par l’agence de cotation américaine Standard & Poor’s?

Par Hatem Mliki


Tous ceux qui ont suivi, mercredi, sur la 1ère chaine nationale, le débat opposant Lotfi Zitoun (conseiller politique du chef du gouvernement) et Maya Jeribi (secrétaire générale du Parti Républicain) ont fini par s’inquiéter encore plus quant à l’avenir de la Tunisie au regard de la qualité de la discussion.

Prévu pour environ 50 minutes, le débat s’est soldé par une série d’échanges d’injures et de sous-entendus politiciens sans rapport avec la situation du pays et des positions extrémistes des deux côtés: Tout va bien - Rien ne va.

Un gouvernement de salut national pour le moins flou

Malgré la «position confortable» que lui offrait la situation critique du pays après presque six mois de gouvernance de la «troïka», la coalition tripartite au pouvoir, Mme Jeribi n’était pas très convaincante à propos de son appel pour un gouvernement de salut national, resté, pour le moins, flou.

De son côté, Lotfi Zitoun est resté fidèle à sa réputation: agressions verbales, langage souvent inapproprié et surtout des interprétations bizarres de la réalité qui nous laissent inquiets quand au type de conseils politiques dont bénéficie l’actuel chef du gouvernement de la part de son conseiller.

Une des réflexions de M. Zitoun nous interpelle particulièrement  et peut aussi nous aider à comprendre le comportement du gouvernement. Il s’agit de sa réaction par rapport au fameux rapport de Standard & Poor’s. Selon M. Zitoun, le rapport de cette agence est une réponse aux manifestations, du début de l’année, devant le siège de la firme américaine et pendant lesquelles le drapeau national tunisien a été agité. Le conseiller du chef du gouvernement va plus loin pour nous expliquer ingénieusement en quoi la Tunisie dérange Standard & Poor’s. Selon ses propos cette dernière est extrêmement gênée par la politique sociale de son gouvernement en faveur des couches défavorisées et des régions délaissées contrairement à la stratégie de l’agence plaidant pour un capitalisme sauvage (sic!).

Lotfi Zitoun a voté Ennahdha.

M. Jebali écoute-t-il vraiment les conseils de son... conseiller?

Il est clair qu’après la réussite du gouvernement à établir les taux de chômage à 2%, de croissance à 12% et d’inflation à 1%, la grande satisfaction des régions de l’intérieur, dont témoigne les multiples marches de reconnaissance envers le gouvernement et le projet de résolution à l’Onu de bombarder la Tunisie qui vient de montrer la faillite du système capitaliste international, nul ne peut douter de la profondeur et du haut niveau de la lecture stratégique fournie par M. Zitoun.

La vraie question est de savoir si le chef de gouvernement prend au sérieux son conseiller. Si ce n’est pas le cas, désolé M. Zitoun de vous déranger. Continuez à dormir et faites de beaux rêves.

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