Présentation des principaux manipulateurs de nos marionnettes locales: Ghannouchi, Ennahdha, les salafistes et les autres.
Par Béchir Turki*
Quand va-t-on admettre que le «printemps arabe» n’est pas dû à une génération spontanée, mais a pris forme suite à une longue étude suivie d’un plan, patiemment élaborés et mis au point par des services hautement spécialisés.
Durant la présidence de G. W. Bush, la Cia et le Mossad avaient mené des études durant des années pour une nouvelle stratégie en vue de déstabiliser les Etats du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, dénommée «chaos constructeur».
Les créateurs de chaos constructeurs
L’objectif, dans une première phase, était de créer dans ces Etats des soulèvements populaires, des révolutions, des tensions, pouvant déboucher sur des guerres civiles, fondés sur de vieilles hostilités ethniques ou religieuses.
La seconde phase permettra à ces «créateurs de chaos» d’imposer leur volonté, de modifier différentes frontières, et de mettre en place de nouveaux dirigeants et d’apparaitre ainsi, selon leur propre expression, comme des «pompiers» ramenant la paix et la démocratie.
Cependant, la mise en application de ce plan a été retardée suite aux échecs successifs en Irak et en Afghanistan, et dont le retrait de leurs troupes, sans gloire ni honneur est annoncé pour bientôt.
Le président Obama, talonné en permanence par Israël, adopte de nouvelles mesures quant à sa mise en œuvre. Il en fait part lors d’une visite il y a quelque mois, rarissime pour un président, au siège de la Cia.
Les USA n’ayant plus les moyens budgétaires et humains pour mener à bien leur ambition décident de ne plus faire appel à un engagement direct de l’armée américaine et de celles de ses alliés, mais d’engager des mercenaires sélectionnés, instruits et entrainés pour mener des actions subversives sans pour autant perdre le contrôle des événements grâce aux réseaux modernes de télécommunication.
La Tunisie en laboratoire à ciel ouvert
En 2010, la Tunisie apparait comme un pays idéal pouvant servir de test des différents paramètres. Le président Ben Ali n’est plus apprécié par les Américains, et est honni par une population broyant du noir. Et voilà qu’un fait divers mineur se produit à Sidi Bouzid. Un citoyen se fait immoler. Un marchand ambulant fraudeur à qui il va falloir décerner des diplômes universitaires fictifs et des qualités humaines dont il est dépourvu.
Les Américains et les Israéliens sont maitres en matière de maquillage, de tromperies et de désinformation. Bref cet incident apparait comme l’étincelle idéale susceptible d’embraser le pays. Tous les médias internationaux et tous les tambours de la terre sont activés, et parfois avec des films montés en studio. Al Jazira, France 24, Bbc en arabe et tout le tralala transmettent des images toutes les 15 minutes et donnent des nouvelles enjolivées, alarmantes et parfois inexactes. Les Tunisiens, d’abord crédules, puis croient saisir l’occasion pour manifester leur colère et leur ras le bol.
Sans meneur, sans guide et sans chef apparent, la sauce prend. C’est la surprise et on connait la suite.
Début 2011, le Département d’Etat de Mme Clinton fait diffuser un communiqué exprimant la volonté de Washington de «laisser pourrir la situation» avant d’intervenir. Le pourrissement, nous le vivons aujourd’hui, et on se demande quel niveau doit-il atteindre pour connaitre la phase suivante. Et si les gens d’Ennahdha sont apparus comme par enchantement dès la fuite de Ben Ali, ce n’était pas par hasard. Ils étaient déjà sélectionnés, entrainés et instruits de leur future mission dès 2007. Les contacts de leurs chefs et les briefings étaient fréquents et avaient lieu soit aux USA soit à leur ambassade à Tunis. En bourrant leurs poches d’argent, on a tué chez eux tout sentiment national et on s’est assuré de leur fidélité et leur bonne coopération.
Du bon usage de l’islam politique dans ses diverses incarnations
Quant aux personnels subalternes, ceux qui occupent le terrain, ils se font désigner par divers noms: islamistes, salafistes, etc., et se distinguent par des accoutrements moyenâgeux. Ils se font recruter dans divers pays parmi les jeunes chômeurs physiquement bien portants, subissent des entrainements, des endoctrinements et l’apprentissage des arts martiaux dans divers camps spécialement aménagés. Savoir utiliser et coder les portables téléphoniques et les réseaux internet est aussi indispensable pour déclencher des actions synchrones et pouvoir les étendre à travers tout le territoire. De l’islam, ils ne connaissent rien ou si peu. Il suffit de leur faire subir des interrogatoires sérieux pour connaitre leur hiérarchie. Le président de l’Assemblée constituante Mustapha Ben Jaâfar n’a-t-il pas déclaré le 5 juin 2012 à Bruxelles, lors de sa rencontre avec la communauté tunisienne, que 80 à 90% des salafistes sont des délinquants! On est ahuri qu’on les laisse libres.
Pour de pareilles opérations et pour pouvoir bénéficier de deux avantages importants, à savoir être discret d’une part et d’autre part sans bourse délier, les Israélo-américains font appel à leurs alliés locaux, lesquels sont doublement heureux: répondre favorablement, obéir à leurs injonctions, et pouvoir espérer conquérir la Tunisie pour donner libre cours à leurs fantasmes et à leurs vices.
Nous convertir au wahhabisme ou autres rites hérétiques serait un plus pour que l’osmose soit parfaite.
Les Wahhabites font de la sous-traitance
Un des alliés, une organisation bien structurée pour mener à bien toute action terroriste et qui s’est déjà distinguée par son efficacité en diverses occasions et en divers pays, est celle ayant pour principal dirigeant le prince Bandar Ibn Soltane, neveu du roi Fahd. Ils font partie de la fratrie des Sudairi du nom de la sixième épouse d’Abdelaziz, le fondateur du royaume. Depuis des années, c’est ce clan qui a organisé, financé et structuré les régimes fantoches pro-occidentaux du «Moyen-Orient élargi». C’est ce clan qui incarne le despotisme au service de l’impérialisme et qui constitue l’organisation la plus riche du monde depuis des décennies.
En 1982, le prince Bandar fut nommé attaché militaire puis ambassadeur à Washington, poste qu’il occupa tout au long du règne du roi Fahd jusqu’à son renvoi brutal par le roi Abdallah en 2005. Il a servi d’intermédiaire lors d’établissement de gros contrats d’armement dont celui avec la British Aerospace de 80 milliards de dollars; avec 2 milliards de dollars de commissions. Aujourd’hui, il a l’appui total de l’administration Obama.
Le deuxième allié est l’émir du Qatar, Hamad Bin Khalifa Al Thani, qu’il est inutile de présenter. Ayant trahi son père pour lui prendre sa place, il continue à trahir son peuple et sa religion.
Voici la présentation des principaux manipulateurs de nos marionnettes locales. La pièce prendra fin bientôt. Rached Ghannouchi, en annonçant son futur dégagement, est le signe que le rideau va bientôt s’abaisser, et qu’on lui réserve une nouvelle mission. Les Nahdhaouis savent qu’ils feront long feu et que leur temps est compté. C’est la raison qui explique leur grande avidité pour se faire un bon pactole et ramasser le maximum, et ceci, soit dit en passant, est contraire à la morale de l’islam.
* Ingénieur en détection électromagnétique (radar), breveté de l’Ecole d’Etat Major de Paris. Auteur de ‘‘Ben Ali le ripou’’ et ‘‘Eclairage sur les recoins sombres de l’ère bourguibienne’’.
Articles du même auteur dans Kapitalis :
Ben Ali et l’honneur taché de l’armée tunisienne
La Tunisie poursuit sa course vers l’abîme
Quand la révolution tunisienne tourne au cauchemar
La révolution tunisienne menacée par les apprentis-dictateurs
Tunisie. En quoi Rached Ghannouchi est un homme dangereux
Tunisie. Mustapha Ben Jaâfar, l’homme qui regarde ailleurs
Tunisie. Hamadi Jebali, l’homme au sourire figé (2/2)
Lettre ouverte à monsieur le chef du gouvernement tunisien
Tunisie Moncef Marzouki, portrait non autorisé d’un président atypique (2-2)