Le procès du doyen de la Faculté des lettres de Manouba, injustement accusé par une étudiante salafiste, permettra aux Tunisiens de voir si leur justice postrévolutionnaire est réellement indépendante.

Par Moez Ben Salem


Le 5 juillet 2012, s’ouvre au tribunal de 1ère instance de la Manouba le procès de Habib Kazdaghli, doyen de la Faculté des lettres de la Manouba, accusé par une étudiante en niqab de l’avoir violentée. Il s’agit d’un procès unique en son genre dans le sens où c’est la victime qui se retrouve au banc des accusés.

La niqabée qui se dit agressée

Il faut rappeler en effet que, dans un climat d’extrême tension lié au refus légitime de la part du doyen et du corps enseignant de ladite faculté d’autoriser des étudiantes en niqab de passer des examens, deux parmi ces étudiantes sont entrées de force dans le bureau du doyen pour se livrer à un véritable saccage, détériorant le mobilier, éparpillant les dossiers et se permettant même de bousculer le professeur Kazdaghli.


Des salafistes occupent le bâtiment administratif de la Faculté de Manouba.

Le même jour, le bureau du doyen a été également la cible de jets de pierre de la part de certaines personnes totalement étrangères à la faculté, l’une d’elles se permettant de bafouer le sentiment national des Tunisiens en profanant le drapeau national et en le remplaçant par la bannière noire des Salafistes.

Dans un Etat de droit, ce serait plutôt les étudiantes entrées de force dans le bureau du doyen qui seraient poursuivies en justice. Malheureusement, les rôles, dans ce cas d’espèce, sont inversés et c’est M. Kazdaghli, devenu symbole de la résistance contre les exactions des Salafistes, qui se trouve poursuivi, alors que les deux étudiantes ne sont nullement inquiétées et que le profanateur du drapeau national est libre comme le vent.


Manifestation de salafistes à l'Université de la Manouba.

Une justice libre ou inféodée au pouvoir exécutif?

Ce «procès de la honte» permettra aux Tunisiens de se faire une opinion sur la justice postrévolutionnaire, de voir si cette justice est réellement indépendante ou bien si elle demeure inféodée au pouvoir exécutif, comme au temps du dictateur déchu.

Le non-lieu dans cette affaire est le seul verdict acceptable pour les Tunisiens épris de justice.


Manifestation de soutien au niqab à l'université tunisienne.

En attendant, nombreux sont nos compatriotes  qui se mobilisent pour soutenir de toutes leurs forces le brave Habib Kazdaghli, afin de s’opposer aux visées obscurantistes que cherchent à imposer un groupuscule d’individus à une société entière!

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