C’est limage d’un l’islam conquérant pour et par la violence que les feuilletons de ramadan propagent dans l’opinion, une prouesse que même les pires ennemis de cette belle religion n’oseraient réaliser.

Par Salah Oueslati*


Mois de ramadan oblige, dans quelques jours, les téléspectateurs arabes vont être inondés par des séries télévisés et des films à gros budget narrant les grandes épopées de l’histoire de l’islam et les exploits de ses grandes figures mythiques et légendaires.

Le glaive et le poignard pour «imposer» la religion

Ce genre de programmations n’est nullement une nouveauté. Celles-ci ont, depuis de nombreuses années, rythmé les soirées du mois sacré, période propice à la prière, au partage, à la solidarité, au pardon et à l’amour du prochain.

Ce sont les gros investissements des pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, qui constituent la véritable nouveauté. De grosses productions qui sollicitent le renfort d’acteurs souvent égyptiens, célèbres et talentueux.

Ce qui est frappant dans ces séries c’est l’importance donnée à la conquête par les armes, par le sang, voire par la cruauté. Ils donnent l’impression que les Musulmans ne font parler que le glaive et le poignard pour «imposer» leur religion aux populations conquises.

Après chaque bataille, les corps de l’ennemi jonchent le sol par dizaines, voire par milliers, au grand plaisir des téléspectateurs, jeunes et moins jeunes, qui vivent ces exploits par procuration comme une forme de compensation ou un exutoire à leur frustration quotidienne devant l’incapacité de leurs dirigeants à arrêter les colonisations des terres palestiniennes par le gouvernement israéliens ou à mettre fin à l’occupation des terres musulmanes par l’armée de l’Oncle Sam. Une plongée enivrante dans un âge d’or bien lointain qui sert d’antidote éphémère au sentiment de déclin qui ronge le monde arabe d’aujourd’hui.

Version wahhabite des «foutouhat» islamiques

Alors que la religion musulmane parle de «foutouhat», conquête par la conversion pacifique, c’est limage d’un l’islam conquérant pour et par la violence qui est propagée, une prouesse que même les pires ennemis de cette belle religion n’oseraient réaliser.

Feuilleton Al Farouq Omar.

De plus, on projette un islam épuré de toute dimension universelle, civilisationnelle ou culturelle. Tout ce qui touche au brassage des cultures, des civilisations et des groupes ethniques est sous-représenté ou carrément occulté. Une religion qui se limite à des prescriptions rituelles dénuées de toute profondeur spirituelle. Bref, une version wahhabite mimée par les djihadistes dans leurs sites Internet et même par les salafistes tunisiens qui, à une époque des satellites et des drones, brandissent de façon grotesque des glaives factices ou véritables à chaque fois qu’ils organisent une manifestation ou un rassemblement de protestation.

Si la religion musulmane était limitée à cette dimension guerrière, elle n’aurait pas conquis les cœurs de plus de un milliard d’individus de toutes origines et de toutes cultures à travers le monde. Elle n’aurait pas apporté à l’Humanité l’une des civilisations les plus fécondes dans les domaines du savoir, de la science, des mathématiques, de la médecine et dans bien d’autres tout aussi importants.

* Maître de conférences, France.