Après la décision maladroite de limoger Mustapha Kamel Nabli de la direction de la Banque centrale de Tunisie (Bct), la démission de Hamadi Jebali, le chef du gouvernement, devient impérative.
Par Tarak Arfaoui
L’incompétence. Voilà l’argument massu invoqué pour justifier le limogeage de Mustafa Kamel Nabli, ex-gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (Bct). C’est un argument majeur s’il était justifié mais le brandir au visage d’un haut cadre de la Banque Mondiale, expert financier international élu par ses pairs meilleur banquier d’Afrique en 2012, a de quoi laisser pantois. Et c’est un argument surtout irrecevable quant il est avancé par un «ingénieur» lambda, pour l’instant expert en machiavélisme.
Hamadi Jebali, le chef du gouvernement provisoire, a-t-il la compétence pour évaluer l’incompétence d’un compétent de la trempe de M. Nabli?
Tout le problème est bien là. M. Jebali n’aurait pas dû s’aventurer sur le terrain de la compétence où il est malheureusement souvent battu à plate couture. Le respect que nous lui devons de par la fonction qu’il occupe ne nous permet pas de revenir ici sur son curriculum vitae ni sur son parcours politique entaché d’épisodes sombres. Mais ce qui est avéré par la pratique ne doit pas être occulté.
Si le ridicule tue, M. Jebali et une bonne partie des membres de son gouvernement ne seraient plus de ce monde. Après plusieurs mois de gouvernance, ils ont conjugué l’incompétence à tous les temps, et en particulier le Premier ministre, qui a étalé tout son savoir-faire dans ce domaine. En fait, peut-on lui en vouloir d’avoir accepté, par ambition politique dévorante et avec courage, ce poste qui nécessite une toute autre stature que la sienne? Aucun bagage culturel, aucune expérience administrative digne de ce nom, aucun vécu des rouages de l’Etat, aucun poste de responsabilité dans le passé, déficit total de communication aussi bien en arabe qu’il prononce étrangement à la moyen-orientale (et encore) qu’en français qui est balbutié.
Où se trouve la compétence quand on assiste tous les jours à des décisions politiques incongrues, à la gestion chaotique des événements, au machiavélisme mêlé de populisme rétrograde?
Pour noyer le poisson dans l’eau et occulter ainsi son incapacité, M. Jebali a, en outre, l’outrecuidance de jeter l’anathème de son incompétence sur certains membres de son gouvernement qu’il veut, à juste titre, virer. N’est-ce pas là un exemple d’incompétence que de nommer au gouvernement autant d’incompétents? N’aurait-il pas mieux fait, dans un mea-culpa sincère, de commencer par se désavouer lui-même en démissionnant?
Sous d’autres cieux, où règne de vraies démocraties, pour dix fois moins d’erreurs, le minimum de la décence politique aurait poussé un Premier ministre à la démission. M. Jebali attend-t-il encore un «tumatum» de la société civile pour nous «réponser» et faire amende honorable en démissionnant?
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