alt

C’est une excellente nouvelle et un levier du redressement du pays actionné par le gouvernement d’Ennahdha: l’entrée du Viagra en Tunisie va résoudre beaucoup de problèmes des Tunisiens.

Par Karim Ben Slimane*


La filiale tunisienne du laboratoire américain Pfizer vient d’annoncer dans une conférence de presse donnée le 4 septembre à Tunis que le gouvernement tunisien vient d’autoriser la commercialisation du Viagra en Tunisie. Ce remède miracle des troubles d’érection chez l’homme sera vendu entre 18 et 24 dinars dans les pharmacies.

Un remède contre la morosité ambiante

Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la Tunisie; c’est une excellente nouvelle et un levier du redressement du pays qui a été actionné par le gouvernement d’Ennahdha. Car l’entrée du Viagra en Tunisie, je le pense, va résoudre beaucoup de problèmes des Tunisiens.

Eh oui, car alors que la Tunisie traverse une période morose et maussade, les Tunisiens vont pouvoir forniquer plus, beaucoup plus même, de quoi redonner le sourire à 40% des hommes sexagénaires qui ont perdu l’usage de leur entre-deux jambes et ravir mesdames en proie à des sécheresses vaginales en plus de la sécheresse affective.

Il va de soi que la Viagra sera strictement prescrit pour des galipettes halal, le certificat de mariage devra être joint à la fiche de remboursement du Cnam. Pour les parties de jambes extra-conjugales, messieurs devront toujours se fournir en ersatz de Viagra made in China à Sidi Boumendil chez el Hadj Amor, Hadj Love pour les intimes.

Donc Ennahdha voudrait que les Tunisiens forniquent davantage et pense que ça sera bien pour eux et pour la Tunisie. Et moi qui pensais que les islamistes étaient un aéropage de coincés du c..., austères et ascètes. Que nenni, il se trouve au sein du gouvernement des gens qui pensent à la vie intime du Tunisien et qui ont eu la perspicacité de déceler l’intérêt général du Viagra.

Monsieur ayant retrouvé l’usage de son membre érectile pourra honorer madame qui va cesser de lui «casser el-batata» avec ses scènes de ménage quotidiennes. Le Viagra est donc d’utilité publique voire même de salut général. Car pour un homme, il n’y a pas pire qu’une femme mal b... à la maison. Le Viagra apportera donc de la paix dans la vie du Tunisien.

Comme le monde est une grande histoire de c…, les Tunisiens qui vont retrouver le goût aux plaisirs charnels seront plus affables et aimables surtout devant les guichets des administrations et seront aussi moins revendicatifs à l’égard du gouvernement car j’ai lu dans le très sérieux journal Essarih qu’une activité sexuelle soutenue adoucit les mœurs.

Dans la vie comme en politique, tout gravite autour du sexe

Par ailleurs, j’ai eu vent que le gouvernement a procédé à deux expériences pilotes, supervisée par le grand cheikh et savant (sic !) Adel Almi, dont les résultats ont été fort concluants. Du Viagra a été distribué à des employés municipaux pendant un mois et les résultats montrent clairement une hausse de la productivité et une nette amélioration de l’ambiance au travail. Les femmes des employés, reconnaissantes et repues, ont fait envoyer à monsieur le Maire un couscous «bel osbane» en guise de remerciement.

Une deuxième expérience menée par le ministère de l’Intérieur a consisté à introduire du Viagra en poudre dans les sandwiches d’une dizaine de personnes qui campaient devant le siège du gouvernorat avec des revendications toujours peu originales: emplois, bourses pour leurs enfants et un dispensaire pour la région. Les résultats sont saisissants. Après trois jours, le sit-in a été levé messieurs et mesdames sont partis d’un pas nonchalant bras-dessus bras-dessous. La nuit a été torride sous le ciel de cette ville couverte de poussières blanches des mines.

Comme le dit le Cheikh Farid, alias Freud, qui parait-il s’est converti à l’islam cinq minutes avant sa mort, selon un récit rapporté par le cheikh Abou Charchoura qui l’a lu chez le cheikh Ibn Cantoula, dans la vie comme dans la politique, tout gravite autour du sexe.

Faute de repaître les ventres des Tunisiens qui crient famine, le gouvernement islamiste s’est attaqué à leurs entre-deux-jambes. Disons qu’il a rectifié ses objectifs de vingt centimètres.

Bon, vous me diriez tout, ce déchaînement contre Ennahdha pour une histoire de vingt centimètres est quand même un poil excessif. Je vous répondrai qu’il fallait bien que j’honore les illuminés du gouvernement, ils méritent bien ça.

*Spectateur engagé dans la vie politique tunisienne.

Articles du même auteur dans Kapitalis :

La Tunisie, d’un despotisme moderniste à un despotisme rétrograde

La révolution tunisienne et la sainte trinité des tabous: sexe, religion et politique

Vivons bien en Tunisie, vivons cachés!

Adel Almi, le salafiste tunisien pouvant prétendre à trois prix Nobel

Docteur Moncef et mister Marzouki: intello ou politicien?

Tunisie. Si Allah n’y est pour rien, pourquoi les islamistes sont-ils là?

Le projet moderniste à la croisée des chemins

Tunisie. Monseigneur Ghannouchi, bénissez-nous!

C’était mieux en Tunisie sous Ben Ali!

L’incroyable résilience algérienne face à la brise révolutionnaire tunisienne

Tunisie. Le match Qaradhaoui/Seddik comme si vous y étiez