La session principale du baccalauréat vient de s’achever. Les épreuves se sont déroulées dans des conditions normales, au grand soulagement de tout le pays. Tous les candidats inscrits au concours de baccalauréat 2011 ont pu se présenter aux différents tests, à quelques très rares exceptions, et bénéficier d’excellentes conditions d’examen: une bonne organisation, un respect des horaires, une ambiance calme et rassurante, une confidentialité des sujets, farouchement, gardée jusqu’à la dernière minute et une surveillance stricte dans les classes, pour réprimer toute velléité de triche et de mauvaise conduite. L’égalité des chances pour tous les postulants, dans tous les centres d’examens, de toutes les régions du pays, a pu être préservée. La session est sauve.
Un bon point
L’organisation réussie du Concours national du baccalauréat est un succès et un bon point, compte tenu du contexte politique que nous vivons, pour toute la Tunisie et sa révolution.
Tout le pays a été mis à l’épreuve: ses jeunes, ses adultes, ses régions, ses tribus en conflit, ses partis politiques et ses structures provisoires. Les parties qui se sont récemment opposées, ont, pour diminuer la tension, mis une sourdine à leurs ressentiments et vieilles rancunes. Les syndicalistes, également, ont baissé d’un cran leurs revendications et ajourné leurs mouvements de grèves. Les professionnels, directement impliqués dans les préparatifs de la session et son bon déroulement, ont fourni tous les efforts nécessaires pour s’acquitter, au mieux, de leur tâche et faire honneur à leurs corps de métiers.
Les enseignants, les surveillants, les membres, volontaires, des Comités de la protection et de la sauvegarde de la révolution, les représentants des sociétés civiles, les parents des élèves, les policiers, les militaires, tous, se sont mobilisés et ont fait preuve d’un sérieux et d’une abnégation exemplaires. Un accord tacite les a tous unis sur une priorité absolue: ne pas mettre en danger l’avenir de jeunes adolescents, innocents et altérer leurs chances de réussite.
L’opinion nationale aurait très mal réagi, très mal accepté tout chantage prenant en otage les espoirs de la nation, qui ont, durant toute une année, dans des conditions parfois très pénibles, bravé toutes les difficultés, avec leurs parents, en vue d’acquérir un diplôme clé pour obtenir un travail et se prémunir contre les affres de la pauvreté.
La réussite du test du baccalauréat est de bon augure. Elle présage, on l’espère, d’autres réussites dans des épreuves, politiques, plus difficiles, où la concurrence est féroce et les enjeux, plus importants. Des épreuves où les armes ne seront pas toujours égales et qui feront participer des candidats autrement plus rusés, plus forts et plus obstinés, qu’il ne sera pas toujours facile de les surveiller. De puissants partis, des groupes financiers, des seigneurs de guerre et des chancelleries, pèseront de tout leur poids pour rafler, par tous les moyens, toute la mise et ne rien laisser à l’adversaire.
La révolution tunisienne saura-t-elle réussir ces nouvelles épreuves? Saura-t-elle, à nouveau et à la veille des prochains rendez-vous et tests politiques, d’importance cruciale, rappeler et imposer, à tous les participants, cette même ligne rouge, à ne pas franchir, qu’elle avait nettement tracée, ces derniers jours, à l’occasion de l’examen scolaire national, du baccalauréat?
Vigilance et mobilisation de l’opinion nationale
Tous ces hommes et femmes, pères et mères, qui, on le sentait, étaient prêts à défendre, par tous les moyens, leurs progénitures et empêcher qu’on transforme les rêves de leurs petits en un enjeu politicien de pressions et de surenchères, feront-ils preuve, la veille des scrutins, des grandes décisions politiques qui détermineront l’avenir de leur pays, de la même vigilance et mobilisation pour rappeler haut et fort les conditions et les limites de leurs acceptations? S’opposeront-ils, d’une seule voix, à toute manipulation et tentative, destinées à leur imposer des choix et des orientations qui risquent, encore une fois, de compromettre, à long terme, l’avenir de la Tunisie et de ses enfants?
Une nouvelle force, appelée opinion nationale, a fait preuve d’une impressionnante présence sur la scène politique et a su imposer, à l’occasion des examens scolaires et universitaires, le respect et le silence à toutes les voix de la dissonance, qui cherchent à semer le doute, la peur, la méfiance et le découragement dans les rangs de la révolution et faire avorter la transition démocratique.
C’est cette même force qui constituera notre grande chance pour déjouer les complots et les coups bas, des uns et des autres, qui chercheront à reprendre l’initiative, ré-accaparer la parole, priver la population de sa liberté, fraichement conquise et la spolier, de nouveau, de sa souveraineté et de son droit à l’autodétermination.
A suivre