Moez Ben Salem écrit – «Vers le 15 septembre 2011, le parti Ennahdha nous a sorti en grandes pompes un méga-programme en 365 points, correspondant au nombre de jours de l’année.

A ma grande surprise, j’ai découvert qu’Ennahdha avait sorti de façon concomitante un autre programme, en langue française, ne comportant que 216 points ! Mais où sont passés les 149 points de différence ?

Une comparaison entre les 2 versions, française et arabe, du programme d’Ennahdha fait rapidement apparaître que la version française a été épurée de nombreux points faisant allusion à la religion !

Si l’on s’intéresse de près au contenu du programme, on peut aisément constater qu’il se base sur de nombreuses promesses quasi-irréalisables et très peu de propositions concrètes.

Ce programme se retrouve, par ailleurs, dans de nombreux points en continuité avec le passé voire même dans certains cas en régression et d’une manière générale ne répond pas aux véritables aspirations des citoyens de la Tunisie postrévolutionnaire, notamment en ce qui concerne la lutte contre le chômage et la précarité !

Pour étayer mes propos, je vais donner trois exemples concrets :

- point 101 qui comporte la promesse de création de 590.000 emplois sans proposer de solutions concrètes mis à part le fait de recruter de nouveaux fonctionnaires, ce qui ne ferait qu’exploser le budget de l’Etat et accroître le surendettement ! En somme, une solution à l’égyptienne !

- point 139 : «Résoudre le problème de l’endettement des agriculteurs ayant des difficultés de remboursement». De belles paroles certes mais que propose concrètement Ennahdha ? Rien. On reste dans le vague bien entendu !

- point 265 : sans doute le chef d’œuvre absolu du programme d’Ennahdha prévoyant de développer des spécialités médicales «nouvelles» comme la psychiatrie !!

Ainsi donc, selon le programme d’Ennahdha, nous n’avons jamais eu d’hôpital psychiatrique en Tunisie ; nous n’avons jamais eu de services de psychiatrie dans les centres hospitalo-universitaires ; nous n’avons jamais connu de sommités dans le domaine de la psychiatrie en Tunisie… Si le regretté Professeur Sleim Ammar pouvait lire ce programme, il se retournerait dans sa tombe !

A moins que ces gens d’Ennahdha pensent, à juste titre d’ailleurs, que les Tunisiens sont plus fous qu’ils ne l’étaient avant les élections du 23 octobre qui les ont portés au pouvoir !

En réalité, je suis persuadé qu’Ennahdha n’a pas vraiment fourni d’efforts pour sortir un véritable programme ; ses dirigeants se sont contentés de fouiller dans les cartons d’archives des divers ministères et des diverses administrations pour copier des propositions datant de Ben Ali, voire de Bourguiba !