S’il ne prend pas des mesures radicales pour arrêter les extrémistes religieux, le gouvernement mettra la Tunisie et les Tunisiens devant un risque majeur.

Par Ali Guidara*


Loin d’être un fait divers, l’arrivée ces derniers jours à Tunis d’un énième prédicateur radical, recherché dans plusieurs pays pour sa collaboration active avec la mouvance islamiste internationale, et de surcroît interdit de séjour jusque là en Tunisie, est plus qu’inquiétante.

Des hordes de fanatiques appelant à la haine

Bien que le gouvernement actuel semble prendre goût à divertir l’opinion publique avec toutes sortes de non événements afin de camoufler ses échecs et son incompétence et à pousser les citoyens à s’engloutir dans des discussions interminables sans objectifs précis, il néglige toutefois un aspect très important de la politique régionale et internationale en agissant comme si le pays était une île isolée et qu’il pouvait la livrer ou du moins la laisser envahir par des hordes de fanatiques appelant à la haine et au meurtre.

Même des individus proches du gouvernement actuel se permettent de proférer, en toute impunité et sans la moindre réaction officielle, des menaces en tout genre à l’encontre de citoyens et de politiciens. Les plaintes successives à l’encontre de ces individus demeurent, à ce jour et depuis bien longtemps, lettre morte.

Le mal s’accumule et l’impunité érigée en système incitera forcément d’autres extrémistes et groupes terroristes à prendre d’assaut le territoire tunisien pour commettre ou planifier leurs sales besognes.

La Tunisie va-t-elle devenir un repaire de terroristes ?

Comme ces individus fanatiques ne connaissent aucune limite et n’ont de respect pour rien et pour personne, sinon leur dogmes et leurs chefs spirituels, et qu’ils se permettent d’encourager et de soutenir les violences contre les citoyens pacifiques, il n’est pas exclu qu’ils planifient des opérations ou des attaques qui visent des personnes, des groupes ou des institutions sur des territoires étrangers aussi.

Si cela devait arriver, et l’on pourrait penser que la tendance actuelle ouvre un terrain favorable, la Tunisie s’exposerait à des condamnations qui l’affaibliraient encore plus. Ces condamnations pourraient dépasser les simples mises en garde et les sanctions économiques – dont elle n’a nullement besoin en ce moment – et même se manifester sous forme d’attaques ciblées de nature militaire sur le territoire tunisien selon le droit à la légitime défense. Au-delà de toute spéculation, rappelons-nous que l’Afghanistan s’est attiré les foudres de puissances étrangères pour avoir abrité les groupes terroristes qui ont mené des agressions sur des territoires étrangers. Le recours à la force contre ce pays était appuyé par le droit international et l’aval de l’Organisation des Nations-Unies (Onu).

Des mesures radicales sont nécessaires

Les autorités tunisiennes devraient prendre très au sérieux cette menace potentielle et arrêter de faire le jeu des extrémistes, dont les objectifs consistent à saper les acquis civilisationnels de la Tunisie, à provoquer des guerres au nom de conflits de civilisation et à instaurer une théocratie universelle au nom de leur propre idéologie obscurantiste.

Le gouvernement tunisien devrait prendre des mesures radicales concrètes pour arrêter ce phénomène qui nuit terriblement au pays, à l’intérieur comme à l’extérieur, car à force de jouer avec le feu, les autorités actuelles mettent le pays et la population devant un risque majeur : le pays pourrait être le théâtre d’attaques venant de groupes fanatiques obscurantistes ou d’une quelconque puissance étrangère lorsque le pays deviendra réellement une base arrière, voire un champ d’action, des organisations jihadistes terroristes à visée mondiale. Ce qui, si rien ne change, ne saurait tarder, vu les circonstances et la complicité parfois silencieuse, parfois active, du gouvernement actuel.

* Conseiller scientifique, Canada.