Pour être sûr de perdre la prochaine élection, au printemps 2013, Ennahdha ne trouverait pas mieux que d’envoyer régulièrement ce super conseiller parler en son nom sur les plateaux des télévisions.

Par Tarak Arfaoui


Le vendredi soir sur la chaine Ettounissia, lors  d’un débat politique réunissant quelques députés de la constituante, Lotfi Zitoun, ministre conseiller du gouvernement Hamadi Jebali a illuminé  le plateau par sa présence en gratifiant les téléspectateurs d’un chef d’œuvre de communication politique rétrograde, tendancieuse, indigne du rang ministériel qu’il occupe.

M. Jebali, dont il est le conseiller, a dû passer une nuit blanche après avoir entendu les interventions de son ministre qui a certainement réussi, en cette soirée, l’exploit de se mettre sur le dos quelques centaines de milliers de téléspectateurs tunisiens.

Lotfi Zitoun sur tous les fronts, chargé par Ennahdha de mater les médias publics..

La mine refrognée, le ton agressif et le verbe facile mais moqueur, il n’a pas cessé, tout au long du débat, d’agresser ses interlocuteurs qui, surpris par ses invectives et la bassesse de ses argumentations, n’ont pas eu l’assurance nécessaire pour l’affronter

 

La bête noire des journalistes tunisiens.

Il a tenu avant tout à rendre hommage aux milices islamistes déguisées en sit- inneurs de la société civile devant le siège de l’Etablissement de télévision nationale, en les remerciant d’avoir porté à coup de mégaphones sous formes de quolibets et d’insultes en tout genre, la vindicte populaire contre les journalistes. Il s’est extasié devant l’élan spontané des salafistes qui ont fait barrage à la conférence  de Youssef Seddik à Kélibia, en les assurant de sa mansuétude vis-à-vis de leurs gentils débordements inoffensifs. Il a trouvé toutes les excuses au profanateur du drapeau national, sans jamais oser le condamner et on s’en est pris violemment à son interlocuteur qui était scandalisé. Il a traité de tous les noms d’oiseaux les modernistes et les réformistes tunisiens, qualifiés  de réactionnaires à la solde de Zaba – ils étaient nombreux pourtant, sous Zaba, à défendre les droits des islamistes, et ils ont lourdement payé pour cela –, et cerise  sur le gâteau, il n’a pas eu un seul mot de compassion pour le militant civil Jawhar Ben Mbarek qui a été tabassé à plusieurs reprises, en le qualifiant même, avec son rictus narquois, de médiocre acteur jouant éternellement à la victime.

 

Photo d'archives de Lotfi Zitoun lors de son arrestation en 1992 par la police de Ben Ali.

Que dire de ce ministre qui, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, comme l’écrivait récemment Kapitalis, écrase et éclabousse tout sur son passage? Ses interventions médiatiques sont du pain béni pour l’opposition car ils discréditent totalement aussi bien le gouvernement que  le mouvement Ennahdha dont il est l’un des dirigeants. J’ai des frissons dans le dos à la seule idée de penser que ce monsieur est l’un des principaux conseillers politiques du Premier ministre a qui on doit conseiller vivement de le rappeler énergiquement à l’ordre. Je n’ose pas croire que l’on puisse insulter l’intelligence de tous les Tunisiens en mettant leur avenir entre les mains de ce genre d’individu qui n’a aucun respect pour ses concitoyens.

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