Les Tunisiens ne se sont jamais préoccupés de s'informer plus en détail sur la langue parlée depuis plus de 1000 ans dans l'île de Malte, située à seulement 300 km de leurs côtes et si intimement proche de leur langue dialectale.
Par Kamel Chaouachi
Pour la majorité des Tunisiens, Malte est une île au-delà de celle de Lampedusa laquelle leur est un peu plus «familière» en raison d'une actualité particulièrement tragique... Souvent dans leur esprit, la première ne reste qu'un nom lié à deux rues dans le centre de la capitale: celle des Maltais (l'actuelle «Mongi Slim») et celle de La Valette.
Les plus âgés se souviendront peut-être des derniers descendants de la communauté maltaise à Tunis laquelle s'était formée aux 19e et 20e siècles, tout comme dans d'autres pays comme l'Algérie et l'Egypte. Ces Maltais avaient quitté la misère et travaillaient comme de simples ouvriers, artisans et commerçants. Estimés à 13.500 en 1920, la plupart d'entre eux se naturalisera suite au décret imposé par la France et au moment de l'indépendance de la Tunisie (1956), la majorité de ceux qui étaient restés quittera le pays pour des raisons diverses et complexes. Compte-tenu du caractère singulier de leur langue (voir l'alphabet et le guide de prononciation plus loin), ils ne devaient pas rencontrer trop de difficultés de compréhension pour communiquer avec les Tunisiens dans la vie quotidienne. En effet, ils invoquent les mystères de Dieu par «ħwejjġ t'Alla»; disent «tabib tal-bhejjem» pour vétérinaire; «afariyeI» pour affaires; «isptar» pour hôpital ; «kċina» pour cuisine; «timbri» pour timbre; ou encore, de manière encore plus surprenante : «għal għarrieda» pour soudainement/à l'improviste...
Mieux, voici des mots de maltais relatifs à l'argent et à la manière de compter: «flus» (argent), «ħallas» (payer); «wiehed» (un); «tnejn» (deux); «tlieta» (trois); etc.... «għasra» (dix), «għoshrin» (vingt); «mija» (cent); «tmien mija» (huit cent); «ħamest elef» (cinq mille)...
Intrigante, peut-donc paraître cette langue aux Tunisiens... Inutile de «tourner autour du pot», comme l'ont fait des académiciens pendant des siècles, et énonçons-le franchement : le maltais, comme le lecteur des précédentes lignes l'aura soupçonné, ressemble moins à l'arabe classique qu'au dialecte parlé en Tunisie même, plus qu'à tout autre dialecte du monde arabe... On peut en conclure qu'un «arabe dialectal périphérique» (comme disent les linguistes) italianisé mais essentiellement tunisien, est devenu ni plus ni moins qu'une des langues officielles de l'Union Européenne que la «Repubblika ta' Malta» (nom officiel de Malte) a officiellement rejointe en 2004... Combien d'Européens et de non-Européens en sont-ils conscients?
L'aventure extraordinaire de la langue maltaise
Historiquement, Malte fut conquise par l'Empire Aghlabide aux 9e/11e siècle (autour de l'année 870 une première fois) de l'ère chrétienne. La langue arabe s'y est alors imposée sous sa forme dialectale (le tunisien d'alors) et suite à la conquête normande ultérieure (autour de 1090), le peuple a continué à la pratiquer, contrairement à la Sicile dont le dialecte, très similaire, finira par s'éteindre. La raison en est que les nouveaux maîtres de Malte tolérèrent l'usage de l'arabe par le peuple.
Cependant, après l'expulsion des derniers musulmans vers 1270 et jusqu'à la fin du 15e siècle, les liens culturels et linguistiques avec le monde arabe s'affaiblirent progressivement jusqu'à se rompre totalement après 1492 (Empire d'Aragon).
L'une des conséquences majeures est que l'arabe parlé à Malte s'est en quelque sorte «créolisé» jusqu'à un certain point. Le terme en question n'est absolument pas péjoratif ici car il a été employé par d'éminents linguistes allemands pour décrire scientifiquement l'évolution historique ultérieure du maltais.
De ce point de vue, tous les dialectes arabes parlés actuellement ont connu une telle étape. La seule et majeure différence est qu'ils sont restés en contact les uns avec les autres et, surtout, avec le «centre» (la langue classique) au sein du monde arabe, limitant ainsi le phénomène de «créolisation». Par exemple, si le dialecte tunisien tolère malgré tout des termes comme «karhaba» (automobile) et «yn-nejjem» (pouvoir), c'est parce que ses locuteurs restent en permanence conscients, en vertu de leur éducation, du fait que de tels mots correspondent respectivement aux classiques «sayyara» et «yastati'».
Par ailleurs, le maltais ne fut pas seulement coupé de la galaxie linguistique arabe de manière précoce. Son peuple, qui avait adopté l'arabe ifriqyen des 9e/11e siècles, mêlé toutefois de quelques égyptianismes et syrianismes, pratiquait peut être auparavant une langue (substratum) moins affine et non sémitique comme, par exemple, le grec ou le roman (issu du latin). L'état des recherches scientifiques actuelles ne permet pas de le savoir avec certitude.
Par contraste, en Ifriqiya même entre les 7e et 9e siècles, l'arabe, langue nouvelle pour les populations, ne se «créolisa» pas autant qu'à Malte. Serait-ce parce que les langues qui y étaient pratiquées (substratum) étaient toutes sémitiques, comme le carthaginois/punique/berbère? Il faudrait toutefois tenir compte du latin puisque des communautés de chrétiens vivaient là aussi.
Aujourd'hui, après plus d'un millénaire, on peut constater que l'arabe tunisien ne s'est finalement pas trop «créolisé» et donc pas trop éloigné de l'arabe classique puisque, moyennent quelques précautions oratoires, il permet à ses locuteurs de communiquer avec des pairs s'exprimant par exemple dans un dialecte comme le syrien. L'importance de la pérennité des relations entre les dialectes arabes avec leur source (l'arabe classique) semble donc être une condition en ce sens.
Le maltais du Moyen-âge, dont la grammaire et le vocabulaire sont restés essentiellement arabes, s'est, au cours des siècles suivants, enrichi de vocabulaire italien/sicilien principalement puis, plus récemment, d'anglais (devenue par la suite, seconde langue officielle).
La Valette.
Peu à peu, la langue nationale maltaise allait se codifier, adopter un alphabet latin dont la graphie de certaines de ses lettres peut à première vue rebuter mais qui en fait reflètent les sonorités propres à l'arabe (voire la note). Une telle aventure linguistique rappellera à certains celle, presque concomitante, de la transformation radicale de l'alphabet ottoman (caractères arabes) sur décision de Kemal Attatürk.
La langue maltaise redécouverte
Aussi étrange que cela puisse paraître, les chercheurs maltais ont tardé à se rendre à l'évidence que leur langue, non seulement dérivait directement de l'arabe mais, s'apparentait à l'un de ses dignes rejetons: le dialecte tunisien. Du 16e au 20e siècle, des discussions byzantines, quoique très académiques, eurent lieu à ce sujet. Certains, appréhendant l'idée que leur langue entretienne un quelconque lien génétique avec l'arabe, juraient que le maltais dérivait du phénicien, du cananéen, du punique, voire de l'hébreu...
Une poignée de savants intègres mit près d'un siècle à convaincre leurs compatriotes de l'errance dans laquelle ils se trouvaient. Ce n'est que depuis une cinquantaine d'années qu'une sorte de consensus semble émerger avec la figure du Pr Joseph Aquilina, pionnier de travaux scientifiques d'envergure sur le sujet. Ce savant a particulièrement dénoncé les thèses pseudo-scientifiques de certains chercheurs rejetant une origine arabe de la langue maltaise.
Les faits étant têtus, la recherche en question s'est alors quelque peu «dépassionnée» et est devenue plus objective. Cependant, une partie non négligeable du peuple maltais, très catholique (parfois plus que le Pape lui-même...), accepte encore difficilement l'idée de parler une langue aussi intimement proche de l'arabe. Le tourisme maltais n'en fait guère de publicité, se concentrant principalement sur l'histoire des hauts faits de la chrétienté à Malte (Chevaliers...). Un petit guide de conversation anglais-maltais affirme d'emblée que le maltais n'est ni un dialecte italien ni un dialecte arabe et ajoute que (trad. Libre) «les années de domination arabe ont renforcé la façon de penser maltaise (liée) à la langue sémitique»... Bref, voilà une manière d'«évacuer la question», de «noyer le poisson»...
Très paradoxalement à Malte, il n'existe, pour ainsi dire, pas de construction ou monument relatifs à la période arabe alors même que les noms de lieux sont – et ce fait est frappant pour les touristes – en majorité arabes... Les seuls vestiges, comme le dit presque ironiquement Ahmad Talaat Sulaiman Talaa, chercheur égyptien auteur d'un dictionnaire étymologique arabe-maltais très peu connu, ce sont quelques inscriptions funéraires et... la langue maltaise elle-même.
Bref, à Malte, tout nous ramène en permanence à la langue... A ce sujet, le cas d'une entrevue avec Vicki Ann Cremona, ambassadrice de Malte à Tunis, publiée sur un portail touristique tunisien (Tunisie.com le 19 mars 2012) est intéressant à signaler. La diplomate s'adressait aux potentiels touristes maltais afin de les «rassurer» sur la «situation sociale». Elle le fit, non pas en maltais (langue nationale de son pays), ni même en anglais (autre langue officielle) mais, en français... On peut légitimement se demander pourquoi.
En tout cas, en s'exprimant dans sa propre langue, Mme Cremona aurait fait «d'une pierre deux coups» ou, comme on dit en maltais : «tolqot żewġ għasafar b'ġebla waħda»... Elle aurait ainsi rassuré ses compatriotes, d'une part et, de l'autre, montré aux Tunisiens combien son pays est culturellement «si proche» du leur, pour reprendre les termes de la publicité officielle du tourisme tunisien à l'étranger avant qu'il ne s'effondre suite aux événements qu'a connu le pays et la région il y a deux ans...
La religion à Malte
Mais voyons l'avenir positivement avec des Maltais, certes peu nombreux mais réalistes et qui osent dire: «Tuneżin jitkellmu lingwa qrib ħafna tal-Malti»... L'unique présence arabe digne de ce nom reste celle du centre culturel mis en place par la Libye à l'époque du gouvernement de Dom Mintoff qui avait privilégié de plus fortes relations avec les pays du sud de la Méditerranée. Des chercheurs et étudiants maltais et étrangers, dont certains de haut calibre, ont ainsi pu bénéficier d'échanges directs relatifs au rapprochement entre langue maltaise et langue arabe. A titre d'exemple, citons l'existence à ce jour de deux traductions du Coran en langue maltaise. Ainsi, la première sourate (''L'Ouverture'') peut se rendre en maltais de la façon suivante (proposée ici par les Ahmadiens, eux-mêmes traducteurs du livre sacré dans de nombreuses langues), avec, entre crochets, son équivalent en arabe littéral translittéré (simplement):
1) "F'isem Alla, li fih issib il-Grazzja, il-Ħniena [ar. littéral : Bismi l-Lâhi R-Rahman Ar-Rahim] ;
2) Kull tifħir jgħodd għal Alla, Sid id-dinjiet kollha [ar. litt.: Al-hamdu li-l-Lâhi Rabbi l-'Alamîn] ;
3) Li hu mimli bil-Grazzja, bil-Ħniena [ar. litt.: Ar-Rahman Ar-Rahim] ;
4) Sid ta' Jum il-Ġudizzju [ar. litt.: Maliki yawmi d-Dîn] ;
5) Lilek biss inqimu u Lilek biss nitolbu l-għajnuna [ar. litt.: IyyâKa na'budu wa iyyâKa nasta'în] ;
6) Iggwidana fit-triq it-tajba [ar. litt.: Ihdinâ s-sirâta l-mustaqîma];
7) It-triq ta' dawk li fuqhom ferrixt il-barkiet tiegħek, dawk lifuqhom ma ġibdux id-dispjaċir, u dawk li ma żgarrawx mit-triq it-tajba." [ar. litt.: Sirâta l-ladhîna an'amta 'alayhum gayri l-magdûbi 'alayhim wa lâ ad-dâlîn]
Le Pr Aquilina avait fait observer que les Maltais étaient les seuls, avec quelques groupes chrétiens d'Orient, à nommer Dieu comme les Musulmans. Voyons donc le Pater Noster (Notre Père) catholique au sujet duquel le même chercheur avait pertinemment relevé, en 1966, qu'il était écrit en maltais arabe non sicilianisé à l'exception du premier mot «Missierna» (Notre Père). Il est reproduit ci-après avec, entre crochets, son équivalent en arabe littéral translittéré (simplement):
- «Missierna li Inti fis-smewwiet [arabe litt. : «Abâna L-Ladhi fî s-samâwât»] ;
- Jitqaddes Ismek, tiġi Saltnatek u jkun li trid Int [ar. litt. : «Li yataqadass Ismuka», «Li ya'tî malakûtuka, Litakûn Machi'atuka»] ;
- Kif fis-sema hekdha fl-art [ar. litt.: «Kamâ fi-s samâ'i, kadhalika 'ala l-ardh»];
- Ħobżna ta' kuljum agħtina llum [ar. litt.: «A'tina hubzana, kafâfa yawmina»];
- Aħfrilna dnubietna [ar. litt.: «Wa 'gfir lanâ dhunûbanâ wa hatâyânâ»];
- Bħalma aħna naħfru lil min hu ħati għalina [ar. litt.: «Kamâ nahnu nagfir li man 'asâ'a Ilaynâ»];
- La ddaħħalniex fit-tiġrib [ar. litt.: «Lâ tudhilnâ fi–t-tajârib»] ;
- Iżda eħlisna mid-deni [ar. litt.: «Lâkin najjînâ min ash-shirrîr»].
- Hekk ikun [ar. litt.: «Amîn»].
Aller à Malte
Les Tunisiens gagneraient à connaître un peu mieux leurs voisins immédiats... A leur arrivée dans l'île, les phrases-clés à connaître dans cette langue officielle de l'Union Européenne, sont les suivantes: «X-jismek?» (Comment vous appelez-vous?); «Fejn twelidt?» (Où êtes-vous né ?); «X'inhi senegħtek» (Quel est votre profession?); «Fejn taħdem?» (Où travaillez-vous ?); «M'għandix flus fuqi» (Je n'ai pas d'argent sur moi).
Les proverbes sont universellement reconnus comme une haute manifestation de la culture des peuples. Qu'ils essayent ainsi: «Alla ma jħallasx kull nhar ta' Sibt» (Dieu ne paie pas le samedi); «Kullħadd jagħti milli għandu» (chacun donne ce qu'il peut de ce qu'il a); «Erba' għanejn jaraw aktar minn tenjn» (Quatre yeux voient mieux que deux); «Għan-niżla kull qaddis igħin» (Au moment de la descente, on est aidé par les saints); «Ħanqa ta' ħmar mat titlax is-sema» (Le braiement de l'âne ne parvient pas au ciel); «Il-għajn trid tagħhha» (L'œil veut sa part).
Terminons ce bref aperçu en poésie : «Il-petali tal-warda - Waqgħulek minn idejk - Dan l-univers itektek - Inqasam hemm f'riġlejk...» sont des vers célèbres du poète Oliver Friggieri. Nul doute que le mot «itektek» aura une saveur très particulière aux oreilles tunisiennes. En français, et approximativement, cela donne: «Les pétales de la rose – de tes mains sont tombées – (L'horloge de) cet univers qui fai(sai)t (entendre son) 'tic-tac' – s'est brisé(e) là, à tes pieds...».
De même en va-t-il pour les vers, par le même écrivain, décrivant les qualités humaines du poète («Hekk biss ikun poeta»): «Jitkellem bi tbissima - Iħoss b'qalb tikwi nar - U jaħraq dinja sħiħa - Bi mħabbtu lejl u nhar»...
Pour en savoir plus («jekk trid tkun taf aktar» ou «biex tkun taf aktar»...)
- Aquilina, Joseph (1959): «The structure of Maltese», Malta, Malta University Press.
- Dimech, Pierre (1999) : «Considérations sur la langue maltaise en regard de l'algérianisme», L'Algérianiste 87, sept.
- Donato, Marc (2002) : «Rue des Maltais : la vie de la colonie maltaise de Tunisie»; Ed. Jacques Gandini, 166 pp.
- Rizzo, Claude (2010) : «Le Maltais de Bab El Khadra» ; Es. Michel Lafon, 166 pp.
- Sammut, Carmel (1999) : «Une vengeance intrafamiliale entre cochers maltais de Tunis: Le récit d'Antoinette Schembri (1895-1988)». In: Littérature Orale Arabo-Berbère, n° 27, 1999, pp.61-94
- Sammut, Carmel (1973): «La minorité maltaise de Tunisie : ethnie arabe ou européenne?» In: Proceedings of the 1st International Congress of Studies on Cultures of the Western Mediterranean, pp. 424-438.
- Sulaiman, Ahmad Talaat (1987): «Mu'jam al-mufradat al-'arabiya fi-l lugha l-Maltiya» [Dictionnaire des mots arabes dans la langue maltaise]. Maktabat Lubnan (Liban).
- Talbi, Mohamed (1966) : «L'émirat aghlabide 184-296 (800-909), Histoire politique», Paris.
L'alphabet maltais (prononciation)
- Règle 1. Trois lettres de l'alphabet maltais ("ċ", "ġ", "ż") sont surmontées d'un point :
"ċ ": se prononce "tch", comme dans Tchécoslovaquie ;
"ġ" : se prononce "dj" comme dans le "djebel" du mot "montagne" en arabe algérien ;
"ż" : se prononce "z" comme dans Zimbabwe ;
- Règle 2. Quatre lettres ("z", "j", "u", "x") ne se prononcent généralement pas comme leurs équivalents dans les langues latines:
"z" : se prononce "ts" comme dans le nom de la mouche "tsé-tsé" (ne se prononce pas comme le "z" de "zèbre" > Voir la lettre "ż")
"j" : se prononce "y" ("«i» mouillé") comme dans le "ya" espagnol (ne se prononce pas comme le "j" de "Jacqueline")
"u" : se prononce "ou" comme dans le mot "tour" (ne se prononce pas comme le "u" de "mur")
"x" : se prononce "ch" comme dans le mot "chat" (ne se prononce pas comme le "x" de Xavier ou celui de "taxi")
- Règle 3. Trois lettres et deux autres appariées présentent des particularités remarquables ("h", "ħ", "q" ; "għ", "ie"):
"h" : ne se prononce pas (à la différence du "h" dans le prénom "Henri", par exemple). Silencieuse, cette lettre a pour fonction de solliciter l'allongement de la voyelle précédente et/ou suivante.
"ħ" : se prononce de manière "aspirée". Ainsi, le mot "ħajt" désigne aussi bien un "mur" qu'un "fil" alors qu'en arabe les deux mots dont il dérive ("hâ'it" et "hayt") présentent une graphie différente (relevé par Aquilina 1965). Seul le contexte permettra d'en préciser le sens.
"q" : se prononçait probablement à l'origine comme le "qaf" en arabe (occlusive post-palatale sourde emphatique). Il est réalisé en maltais en tant qu' arrêt glottal, comme dans certains dialectes du Moyen-Orient ("'alby" (mon cœur) au lieu de "qalby").
"għ" : ne se prononce pas. Elle correspond à l'origine à la lettre arabe "'ayn". Elle a également pour fonction de solliciter l'allongement de la voyelle précédente et/ou suivante.
"ie" : se prononce à peu près comme dans le mot anglais "here" (ou "i" suvi de "eu" prononcés successivement "à la française").
Note : Comparativement avec l'arabe, on remarque la disparition des lettres emphatiques.