Le gouvernement va-t-il attribuer de gré à gré un autre gros marché de l’énergie?Selon certaines sources, le ministre de l'Industrie serait tenté d'adjuger dans l'urgence et en gré à gré un projet de centrale électrique au gaz au groupe américain General Electric et à son partenaire local Al Badr, propriété de Abdessalam Ben Ayed.

 

Le projet, dont le montant s'élèverait à des centaines de millions de dinars, serait même attribué contre (ou sans) l'avis de la Commission supérieure des marchés.

Toujours selon les mêmes sources, l'équipe du ministre Mohamed Lamine Chakhari occulterait et mettrait ainsi à l'écart une proposition plus intéressante, techniquement et commercialement, du groupe industriel allemand Siemens, qui aurait retenu l'intérêt de tous les cadres concernés de la Steg.

Cependant, ce projet, qui doit être réalisé et mis en service sur le réseau de la Steg dans le courant du mois de juin 2013, serait, de l'avis de certains experts, irréalisable à la date prévue. L'accélération des procédures aurait donc des objectifs politiques: faire un cadeau aux Américains, très remontés après l'attaque de leur ambassade, le 14 septembre, par une horde de salafistes pro-Ennahdha, et en perspective des prochaines élections.

Selon un expert de la Steg, qui a requis l'anonymat, «au delà de cette date irréaliste et l'approche du ramadan, cette centrale ne sera plus d'aucune utilité pour argumenter l'urgence vu le passage du pic annuel et le peu de demande en électricité après ce pic.»

Les experts craignent que cette décision, qui serait déjà approuvée par un conseil interministériel, dans le dos de la Steg, pourrait être officialisée en catimini pendant le long week-end de Ras El Âm, comme ce qui se passe souvent avec les décisions impopulaires depuis le temps de Ben Ali.

Cette version des faits est cependant démentie catégoriquement par une autre source proche du dossier, qui affirme que «le groupe allemand, à cause des délais très courts, ne pouvait réaliser une turbine à la taille demandée. Il a alors proposé, dans son offre, une turbine surdimensionnée par rapport aux besoins exprimés par l’Etat tunisien.» Cela a eu pour conséquence d'augmenter exagérément le montant de l'offre financière de Siemens. Et c'est qui a avantagé General Electric et son partenaire tunisien. «Le marché n'a donc pas été attribué de gré-à-gré mais de manière réglementaire et transparente», souligne notre source.

Il convient de préciser, à ce propos, que le président exécutif de General Electric pour l'Est et le Nord d'Afrique, le bien nommé Sofiane Ben Tounes, a rencontré, début mars dernier, le chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali, et déclaré, à l'issue de l'entretien que le groupe américain réalisera et financera plusieurs projets en Tunisie, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, de dessalement de l'eau, de l'aéronautique et du traitement des eaux (excusez du peu !) qui permettront de créer près de 300 emplois.

I. B.