Mehdi Jomaa veut accélérer l'adoption des lois relatives au secteur énergétique, et notamment aux permis de recherche des hydrocarbures et à leur prolongation.
Dans une interview à l'agence Tap, publié ce jeudi 4 septembre 2014, le chef du gouvernement provisoire a appelé à «tenir ce dossier à l'écart des surenchères politiques et des tiraillements partisans, et tenir compte du seul intérêt national». «Personne n'a le droit de bloquer, sous aucun prétexte, les permis pétroliers», a affirmé le Premier ministre, indiquant que «la Tunisie ne peut tolérer la poursuite d'un tel blocage, alors qu'elle est en train de lutter contre la menace terroriste, ce qui nécessite la sécurisation des sources d'approvisionnement». «La non adoption des lois concernant le secteur énergétique ne sert pas l'intérêt du pays, mais envoie plutôt des signaux négatifs aux investisseurs étrangers et notamment à ceux qui opérent en Tunisie, surtout si on les accuse de corruption et les qualifie de vampires», a encore souligné le chef du gouvernement. M. Jomaa fait allusion ici à certains dirigeants de partis et activistes de la société civile qui, au prétexte de l’existence d’un système de corruption dans le secteur de l’exploitation des hydrocarbures, s’emploient à bloquer l’attribution de nouveaux permis d’exploration ou la prolongation d’autres. Ces blocages ont coûté très cher à la Tunisie, puisqu'ils ont entraîné une aggravation du déficit de la balance énergétique, due à la baisse des exportations du pétrole brut (-11%) et la hausse des importations de gaz naturel (+66,9%), a indiqué M. Jomaâ, qui était ministre de l’Industrie et de l’Energie dans le cabinet Ali Larayedh et connaissait bien le dossier. La production de pétrole brut et de gaz naturel a chuté de 15%, ce qui a contribué à une croissance négative des industries non manufacturières (-5,8%), entraînant une régression du taux de croissance à 2% durant le 1er trimestre et à 2,1 % au 1er semestre 2014. «Un taux en-deçà des espoirs», a déploré le chef du gouvernement. M. Jomaa estime, par ailleurs, que le secteur de l'énergie «est bien réglementé et régi par des lois évoluées qui organisent les opérations de production, de recherche et d'exploration des hydrocarbures». En d’autres termes, la corruption – dont parlent certains sans en apporter la preuve – aurait du mal à y trouver sa place. M.Jomaa a évoqué, sur un autre plan, les larges perspectives que pourrait ouvrir la loi sur la production de l'électricité à partir des énergies renouvelables, en matière d'impulsion de l'activité économique, à travers le développement de nouveaux créneaux d'investissement et, par conséquent, la promotion de l'emploi et de la croissance. Il a précisé, à ce propos, que des financements d'une valeur de 100 millions de dinars (MD) seront alloués au Fonds de transition énergétique, pour inciter les jeunes promoteurs à réaliser des projets dans les énergies renouvelables. S'agissant du projet de prospection du gaz de schiste, M. Jomâa a affirmé que la Tunisie est opté pour ce projet dans sa première phase, celle de l'évaluation des ressources, insistant sur la nécessité d'adopter «une démarche scientifique qui prend en considération tous les points de vue, concernant ce projet», relevant que toute décision dans ce domaine sera prise loin des tiraillements politiques et en prenant en considération uniquement l'intérêt national. En ce qui concerne le dossier de la subvention des hydrocarbures, le chef du gouvernement a précisé que cette charge qui grève le budget de l'Etat ne peut être atténuée qu'en ciblant directement les catégories qui en ont réellement besoin. Il a annoncé qu'un groupe de travail se penche actuellement sur ce dossier et oeuvre à mettre en place une base de données publique qui permettra d'établir une carte sociale permettant à l'Etat à orienter la compensation directement vers les familles nécessiteuses, celles-là mêmes auxquelles elles étaient, au départ, destinées. I. B. (avec Tap). |
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