La guerre est-elle enfin déclarée entre Ennahdha, le parti islamiste au pouvoir en Tunisie, et les mouvements salafistes wahhabites pro-saoudiens, de plus en plus actifs dans le pays grâce aux soutiens financiers de l'Arabie saoudite?


 

L’arrestation et la relaxation, vendredi, du cheikh de la Zitouna Houcine Laâbidi, connu  pour ses affinités salafistes wahhabites, semblent avoir provoqué une levée de bouclier parmi cette mouvance, jadis alliée naturelle d’Ennahdha mais qui semble vouloir désormais peser de son propre poids sur le devenir du pays.

La rupture est-elle devenue inévitable après que des activistes salafistes wahhabites aient multiplié les opérations coups de poings pour prendre le contrôle des mosquées pour y imposer leur idéologie fondamentaliste extrémiste?

Pressé de réagir pour mettre fin à ce mouvement avant qu’il ne prenne dangereusement racine dans le pays, et craignant d’être à son tour marginalisé, le parti islamiste Ennahdha, qui dirige le gouvernement, a-t-il été contraint de se retourner contre ses anciens alliés?

Le résultat est, en tout cas, le même: nous assistons aujourd’hui à une montée de la colère des salafistes non plus seulement contre les forces modernistes et laïques mais aussi contre le parti islamiste Ennahdha, accusé de préférer le pouvoir et ses attraits à la défense de la religion. C’est, d’ailleurs, l’accusation portée par l’imam salafiste Bechir Ben Hassen de Msaken (Sousse) dans un prêche virulent prononcé hier et consacré à l’arrestation de son ami Houcine Lâabidi.

«Si un prêtre, un rabbin ou un touriste avaient été agressés, on aurait remué la terre et le ciel. Mais comme il s’agit d’un imam qui se dévoue au service de l’islam, personne n’a levé le petit doigt», a lancé le cheikh. Qui ajoute : «Nous sommes revenus très vite aux pratiques de Ben Ali hostiles à l’islam et aux hommes de la religion», accusant ainsi Ennahdha de vouloir mettre en place une nouvelle dictature au nom de la religion. Ambiance…

Z. A.

Vidéo du cheikh Ben Hassen.