Qui croire Mustapha Ben Jaâfar, qui jure tous ses dieux que le texte de la nouvelle Constitution sera fin prêt le 23 octobre 2012 ou Habib Kheder, qui vient d’affirmer à l’Afp que ce texte ne saurait être présentée au vote dans son intégralité qu’à la fin d’avril 2013?
L’Assemblée nationale constituante (Anc) de Tunisie n’adoptera pas la nouvelle Constitution avant avril 2013, soit avec près de six mois de retard, a déclaré lundi à l’Afp le rapporteur général de la Constitution, Habib Kheder.
«La Constitution pourrait être présentée au vote (à l’Anc) dans son intégralité à la fin du mois d’avril», a déclaré cet élu d’Ennahda, le parti islamiste qui domine l’Anc et la coalition au pouvoir formée avec les formations de centre gauche Congrès pour la République (CpR) et Ettakatol.
«Je pense que c’est un rendez-vous réaliste», a-t-il ajouté.
Si la date butoir du 23 octobre 2012 pour l’adoption de la Constitution retenue par le gouvernement ne peut être maintenue, comme l’affirme M. Khedher, la date prévue des élections générales le 20 mars 2013 risque fort d’être reportée aux calendes grecques. De quoi laisser du temps à Ennahdha de prendre en main ce qui reste des leviers du pouvoir dans le pays
Selon Habib Kheder, qui semble très bien informé, un nouveau calendrier fera l’objet d’une réunion à l’Anc le 3 septembre, veille de la reprise de la session parlementaire.
Cette annonce, qui va avoir l’effet d’une bombe sur la scène politique tunisienne, vise-t-elle à faire diversion pour desserrer l’étau des revendications sociales et des agitations syndicales qui étouffe le gouvernement de la «troïka»?
S’agit-il d’un nouveau ballon d’essai pour tester le degré de réactivité de l’opposition? Ou d’un nouveau passage en force d’Ennahdha et de ses alliés, qui cherchent à se maintenir au pouvoir au-delà d’une année, le délai convenu par la constituante?
Il y a sans doute un peu de tout cela à la fois…
I. B.