Le festival Al-Aqsa (Al-Qods, Jérusalem), organisé jeudi soir à Bizerte, a été interrompu violemment par des salafistes armés de sabres. Le pire a été évité de justesse.
Le festival Al-Aqsa est une manifestation culturelle organisée par plusieurs associations en hommage à la ville sainte Al-Aqsa. Le programme comprend des chants, de la poésie et de la musique avec un invité d’honneur, le Palestinien Samir Qontar, l’un des plus anciens prisonniers en Israël libéré récemment.
Les artistes, les invités et le public ont été surpris par l’intrusion d’un groupe de salafistes, munis de sabres et autres armes blanches qui ont terrorisé les présents, saccagé les équipement et notamment les instruments de musique et agressé violemment certains organisateurs qui ont essayé de les résonner. Samir Qontar a pu se sauver par une porte arrière.
Selon des témoins, les forces de l’ordre étaient présentes sur les lieux. Elles se sont contentées d’observer la scène et ne sont intervenues qu’après une heure en lançant des bombes lacrymogènes en direction des assaillants.
Avaient-elles des instructions pour ne pas intervenir contre les salafistes, car ce laxisme a déjà été constaté à plusieurs reprises dans des situations similaires? Attendaient-elles l'ordre d'agir de leur hiérarchie? Auquel cas, pourquoi cet ordre a-t-il pris si longtemps avant de tomber.
Selon certains témoins, c'est un miracle qu'on n'a pas enregistré de morts tant les agressions étaient violentes comme en témoignent les images ci-dessous.
L’un des blessés transportés à l’hôpital Habib Bougatfa est gravement blessé à la tête et son état nécessite une quinzaine de points de suture. «C’est sans doute Nida’ Tounes, l’Ugtt, l’extrême gauche, et les rescapés de l’ancien régime en plus de quelques vendeurs de ''zatla'' (hashish) qui ont armé les salafistes», commenteront demain dans les médias Rached Gahnnouchi, Lotfi Zitoun, Samir Dilou, et les autres dirigeants du parti islamiste Ennahdha. Sans craindre bien sûr le ridicule.
La multiplication de ces opérations coups de poing de la part des salafistes et le laxisme bienveillant du gouvernement à l’égard des agresseurs n’a qu’une seule explication: Ennahdha, parti islamiste au pouvoir, cherche à détourner l’attention des Tunisiens de leurs vrais problèmes, à masquer l’incompétence et l'incurie du gouvernement et à créer une situation d’instabilité qui justifierait le report des élections aux calendes grecs et renforcer entre temps sa mainmise sur les leviers du pouvoir dans le pays.
Les ficelles sont trop grosses... Et ce jeu dangereux ne saurait se poursuivre indéfiniment. Les Tunisiens, qui craignent de voir leur pays sombrer dans l'extrémisme et l'anarchie, ne se laisseront pas faire.
I. B.