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Le chef de la diplomatie canadienne a-t-il «grondé» ses homologues tunisiens en novembre dernier, en marge du sommet G8-Pays arabes, à propos du vote des Tunisiens résidant au Canada, en octobre dernier?

Par Moncef Dhambri


C’est, en tout cas, ce qu’affirment nos confrères du site O.canada.com, qui ont rapporté, jeudi, que le chef de la diplomatie canadienne John Baird n’a pas mâché ses mots lors de sa rencontre, en marge du sommet G8-Pays arabes, en novembre dernier, avec des responsables tunisiens, exprimant l’indignation de son gouvernement face à la manière dont la Tunisie a procédé pour faire participer ses ressortissants résidant à l’étranger aux élections de la Constituante, d’octobre 2011. Selon O.canada.com, John Baird aurait même «grondé les responsables tunisiens» (sic !).

L’Etat tunisien transgresse les lois canadiennes

Selon une note du ministère canadien des Affaires étrangères, dont le nos confrères ont obtenu une copie, Ottawa a rappelé à Tunis les règles régissant le jeu électoral des pays étrangers au Canada. M. Baird a remis sur le tapis, lors de sa rencontre avec les responsables tunisiens, cette question des «circonscriptions électorales extraterritoriales».

Du point de vue canadien, cette notion n’a pas lieu d’être au Canada. La loi canadienne, datée de février 2008, interdit qu’un «ressortissant étranger puisse être élu pour représenter d’autres personnes étrangères résidant au Canada dans une assemblée législative opérant à l’étranger, ou que cette personne élue puisse continuer de vivre ou de résider au Canada».

Ainsi, pour les autorités canadiennes, les choses sont claires: Tunis n’aurait pas dû ignorer la loi canadienne. Baird a insisté auprès de son homologue tunisien que son pays avait, à maintes reprises, fait part de ses objections à cette idée de «circonscriptions extraterritoriales» mais, ajoute la note du ministère canadien des Affaires étrangères, «cela n’a pas empêché les autorités tunisiennes d’organiser le scrutin de la Constituante à Ottawa et Montréal, les 20-22 octobre 2011 et que plus de 50% des Tunisiens résidant au Canada y ont pris part.»

Le vote de la circonscription des Amériques avait rapporté à Ennahdha et au CpR un siège chacun.

Avertissement en prévision des prochains scrutins tunisiens

Si l’échange entre M. Baird et les responsables tunisiens a filtré aujourd’hui, cela servirait peut-être d’une mesure de précaution que les autorités canadiennes ont souhaité prendre à six mois (?) des  prochaines élections en Tunisie. Ceci ressemblerait donc à un rappel à l’ordre à la prochaine Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), voire un avertissement, qu’Ottawa pourrait cette fois-ci prendre les décisions concrètes qui s’imposent si jamais il y a récidive…

Aussi, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem, devrait-il trouver un moment, entre deux voyages au Qatar, pour rencontrer son homologue canadien et clarifier une fois pour toute cette question, car il y a un fort risque qu’Ottawa empêchera, la prochaine fois, les Tunisiens résidant au Canada de participer aux élections dans leur pays d’accueil.