altAprès avoir remporté son bras de fer avec le ministre des Affaires religieuses, l’imam de la mosquée Zitouna va-t-il ajouter à son tableau de chasse le ministre de l’Education nationale?


On pourrait sérieusement le craindre. Et pour cause : cheikh Houcine Laâbidi s’est montré un redoutable manœuvrier. Il a su gagner la bataille contre Noureddine El Khademi, ministre des Affaires religieuses, qui avait tenté de le démettre de ses fonctions et a même nommé un autre imam pour le remplacer. Ni les moyens forts de la police ni les poursuites en justice n’ont pu avoir raison de la détermination de cet imam hargneux et qui cherche à faire valoir par tous les moyens l’indépendance de l’institution religieuse de la Zitouna vis-à-vis du gouvernement.

Le nouveau combat de cheikh Laâbidi : ouvrir des écoles religieuses dépendant directement de la mosquée Zitouna dans tout le territoire du pays, sans passer nécessairement, à chaque fois, par la tutelle du ministère de l’Education. «Sa» première école religieuse, il l’a d’ailleurs déjà ouverte à Radès, au sud de Tunis. D’autres suivront…

Abdellatif Abid va au contact

Réagissant à cette annonce, le ministre de l’Education Abdellatif Abid s’est contenté de préciser qu’aucune demande d’ouverture d'écoles zeïtouniennes privées n’est parvenue au ministère.

Le ministre, cité par l’agence Tap, a ajouté que «seul le ministère est habilité à accorder des autorisations pour la création d’établissements éducatifs privés à condition que ceux-ci s’engagent à se soumettre à un cahier des charges en plus des dispositions de la loi d'orientation relative à l'éducation et à l'enseignement (2002).»

Le ministre, qui a pris la précaution de préciser que son ministère n’est pas contre l’enseignement zeitounien ni autre, a ajouté, presque en s’excusant, qu’il tient, seulement, au respect de la loi régissant le secteur. D’ailleurs, une réunion se tiendra au début de la semaine prochaine pour se pencher sur le dossier de l’enseignement zeitounien. Elle se tiendra sous la présidence du chef du gouvernement provisoire Hammadi Jebali. Ce qui en dit long sur l’importance que le gouvernement accorde à ce problème.

Cheikh Houcine Laâbidi est prêt au combat

Joint par téléphone, l’imam de la mosquée Zitouna a affirmé à l’agence Tap son attachement au respect de la loi. «La demande d’autorisation de création d’écoles zeitouniennes sera sur le bureau du ministre samedi prochain». Et d’ajouter : «L’enseignement zeitounien s’alignera sur les programmes officiels en plus d’autres matières qui seront dispensées comme les sciences du Coran, le fiqh (jurisprudence islamique), etc. Les cours démarreront en octobre prochain dans 25 centres répartis sur les régions et ouverts à tous les âges». En d’autres termes : la demande sera déposée, mais l’autorisation est une simple formalité. Et pour cause : «Les ministères de l’Education, de l’Enseignement et des Affaires religieuses n’ont pas à intervenir dans l’élaboration des programmes de l’enseignement zeitounien authentique, qui est une mission relevant des compétences des cheikhs de la Zitouna uniquement».

Cheikh Labidi a insisté une nouvelle fois sur l’autonomie de la Zitouna, en se référant au document datant du 12 mai 2012 stipulant la reprise de l’enseignement zeitounien.

Les règlements n’engagent que ceux qui les respectent

Pour rappel, la loi d’orientation de l’éducation et de l'enseignement autorise les personnes physiques et morales à créer des établissements éducatifs privés et à les financer après obtention d’une autorisation auprès du ministère de l’Education.

Le propriétaire de l’établissement éducatif privé doit avoir la nationalité tunisienne et son directeur doit appartenir au corps enseignant ou pédagogique.

Les articles 39 à 44 fixent les conditions de création d’établissements éducatifs privés dont «l’engagement à respecter les programmes officiels en vigueur dans les établissements éducatifs publics et à se soumettre à l’inspection pédagogique, administrative et sanitaire par les services des ministères spécialisés en vue de s’assurer du respect des conditions stipulées par la loi, les décrets et les décisions y afférant».

La loi offre, en outre, la possibilité de créer des établissements éducatifs privés avec des programmes spécifiques ou qui préparent à des examens étrangers, et ce, après obtention d’une autorisation auprès du ministre de l’Education.

Voilà pour les règlements. Reste que cheikh Laâbidi ne se sent aucunement obligé de les respecter. Une affaire à suivre…

I. B.

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