Un chauffeur est constamment mobilisé pour amener au lycée la fille de la ministre de la Femme et de la Famille et pour la raccompagner à la maison. Qui paye le salaire et l’essence?
Des habitants de la zone du lycée Gustave Flaubert (ex-Cailloux), à La Marsa, banlieue nord de Tunis, ont constaté, à partir de janvier 2012, l’arrêt prolongé d’une voiture devant le lycée. Cet arrêt a fini par intriguer plusieurs parents. Un jour l’un d’eux est allé interroger le conducteur. Et là quelle que fût sa surprise lorsqu’il apprit que ce monsieur n’est autre que le chauffeur de la fille de la ministre de la Femme et de la Famille, Mme Sihem Badi. Tous les jours, il ramène la gamine et reste mobilisé (ou, plutôt, immobilisé), des heures durant, pour pouvoir la raccompagner à la maison à la fin de ses cours.
Au fil des jours et des chauffeurs – au moins deux dont un est originaire de Tozeur et est fraichement recruté –, les voisins apprennent que madame la ministre a mis 2 voitures à la disposition de ses filles, lesquelles viennent de débarquer de France, début de 2012. Et tout cela à ses propres frais ou à ceux du contribuable? La réponse est presque superflue…
Si la ministre a droit à une ou deux voitures supplémentaires avec chauffeurs et bons d’essence, on est en droit de s’interroger sur ce que coûte aujourd’hui au contribuable tunisien un gouvernement qui compte plus de 80 ministres et secrétaires d’Etat, entre la Kasbah et Carthage?
On avait pourtant affirmé, au moment de l’installation de ce gouvernement (n’est-ce pas Mohamed Abbou, ministre démissionnaire de la Réforme administrative?) que ses membres vont réduire drastiquement leur train de vie, se contenter d’une seule voiture et céder une partie de leur salaire au trésor de l’Etat, déjà presque vide.
I. B.