Le président du Conseil italien a fait cette annonce, mercredi, au cours d’une visite à Lampedusa. Il se donne «48 à 60 heures» pour renvoyer de l’île italienne les milliers de clandestins tunisiens qui y ont échoué depuis le 14 janvier.
Deux jours après son apparition devant le tribunal de Milan pour une affaire d’acquisition des droits télévisés pour des films américains via deux de ses entreprises et de fausses déclarations afin de réduire la facture de ses impôts, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a retroussé ses manches pour s’attaquer au problème numéro un de l’Italie: l’immigration clandestine. Et où? A Lampedusa même, l’île au sud de la Sicile devenue la principale porte d’entrée des migrants en route vers l’Europe.
Le grand ami de l’ex-dictateur tunisien Ben Ali et du guide libyen Kadhafi, actuellement en guerre contre son peuple – qui est aussi, accessoirement, l’ami du producteur de cinéma tunisien, Tarak Ben Ammar (Quinta Production) et l’actionnaire de Nessma TV, la chaîne de télévision maghrébine basée en Tunisie – a commencé par s’en prendre aux 6.000 migrants dont 5.400 Tunisiens.
Sept navires pour 10.000 places sont à quai
«Lampedusa ne sera habitée que par des Lampedusains», a-t-il lancé à ses compatriotes dans un discours improvisé mercredi. Et d’ajouter qu’il lui faut seulement deux à trois jours tout au plus pour mettre à exécution son plan et renvoyer les migrants chez eux.
Au total, sept navires pour 10.000 places sont à quai où sont massés actuellement des milliers de migrants. D’une minute à une autre, les navires vont commencer à transférer tout d’abord les migrants vers des centres d’accueil dans le sud de la Botte (dans des régions rurales des Pouilles et de Sicile) avant de les rapatrier chez eux.
Les autorités italiennes parlent d’un bateau qui va rapatrier directement 1.000 personnes en Tunisie sans étudier cas par cas la situation de ces étrangers, comme il était de rigueur jusque là. Dans sa décision, M. Berlusconi n’est pas tout seul. Il est grandement soutenu par le Nord de l’Italie contrôlé par le parti anti-immigré, allié clé de la coalition de la droite italienne.
Tunis n’a pas tenu ses engagements
D’autre part, Rome dit que Tunis n’a pas tenu ses engagements pris le 25 mars, lors de la visite à Tunis de ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, d’endiguer le flux de migrants clandestins qui ne cessent de débarquer sur les côtes italiennes. En contrepartie, l’Italie devrait octroyer à la Tunisie un crédit de 150 millions d’euros (280 millions de dinars) pour l’aider dans cet effort. Des équipements et du matériel d’une valeur de 80 millions d’euros (150 millions d’euros) devraient aussi être livrés par l’Italie à la marine tunisienne avant la fin de l’année. Le gouvernement italien a exprimé aussi sa disposition à fournir une aide aux migrants clandestins voudraient retourner «volontairement» en Tunisie en finançant des projets dans leurs régions d’origine pour favoriser leur intégration dans le circuit économique. Rome a promis également une prime de 1.500 euros (2.800 dinars), à chaque immigré tunisien qui se présente volontaire pour être rapatrié dans son pays d’origine.
Z. A.