Sa clinique privée a été incendiée, samedi, à Tabarka, par des manifestants qui protestaient contre sa participation, la veille, à un talk-show télévisé sur la première chaîne de la télévision nationale.
Dr Dabboussi a représenté l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica, patronat) dans cette émission consacrée à la situation de l’économie tunisienne et aux moyens de la relancer. Son apparition à la télévision après la révolution et sa tentative de tromper les Tunisiens en tenant un discours opportunément révolutionnaire ont été ressenties comme une provocation par ses anciens administrés.
Dr Dabboussi avait ses entrées au Palais de Carthage
Ce médecin beau parleur, qui a longtemps dirigé la municipalité de Tabarka et son fameux Festival international de jazz, a aussi été l’un des représentants de la région à la Chambre des députés, élu sous les couleurs de Rcd, l’ex-parti au pouvoir. Outre ses entrées au palais de Carthage – il se targuait d’être proche de Abdelwaheb Abdallah et Abdelaziz Ben Dhia, les deux principaux conseillers de Ben Ali –, les habitants de sa commune lui reprochent également sa gestion autoritaire des affaires de la ville et l’accusent même de corruption. Ces accusations ont été réitérées hier soir par certains habitants de Tabarka dans un reportage sur la première chaîne de télévision nationale.
"Les troubles ont éclaté suite à une manifestation pacifique organisée par le Comité de protection de la révolution de Tabarka en coordination avec le bureau local du travail", affirme l'agence officielle Tap. "La manifestation à laquelle ont pris part environ 2.000 personnes est sortie de son cadre pacifique lorsque la personne concernée a refusé de quitter la ville", ajoute l'agence.
Les manifestants ont alors incendié sa clinique, sa voiture personnelle, deux ambulances, une unité touristique appartenant à son fils Samy (hôtel Zen) et une nouvelle clinique en chantier. Ce qui a contraint l’ancien maire à quitter la ville sous la protection des agents de la garde nationale et des forces de l’armée, alors que les actes de pillage et de saccage ayant ciblé les équipements de la clinique se sont poursuivis jusqu’à dimanche.
Les habitants de la région ont exprimé leur mécontentement face à de tels agissements qui, à leurs yeux, ne servent ni la révolution ni l’économie du pays, note l’agence Tap. Qui affirme que plusieurs personnes impliquées dans l’incendie et les actes de pillage ont été arrêtées et les équipements volés ont été saisis.
Accélérer les enquêtes sur la corruption
Pour éviter les actes de violence à l’encontre des anciennes figures de l’ancien régime et le pillage de leurs biens, les membres de la Commission nationale d’établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption et les autorités judiciaires devraient joindre leurs efforts pour accélérer les enquêtes en cours, instruire des procès contre les personnes incriminées, et elles seules, et les déférer le plus tôt possible devant les tribunaux, afin que la justice soit faite dans le respect du droit. Et que les dérapages semblables à ceux enregistrés samedi et dimanche à Tabarka ne se reproduisent plus.
Les anciens collaborateurs de Ben Ali seraient bien inspirés, eux aussi, à la lumière de ce qui vient de se passer à Tabarka, d’éviter de parader sur les plateaux de télévision, comme si de rien n’était, et de provoquer ainsi la colère de leurs concitoyens.
Z. A.