Le parti islamiste tunisien est en train de renier les idéaux de la révolution au profit d’un discours politico-religieux obsolète qui veut faire croire que l’identité arabo-musulmane de la Tunisie est en danger. Par Lotfi Benmosbah
La révolution tunisienne a quelque chose de singulier: menée spontanément par la jeunesse, elle s’est produite sans leader. Or cette vaillante jeunesse parait s’être à nouveau enfouie dans la masse. Elle laisse aux séniors le terrain politique. Mais ne nous leurrons pas, il ne s’agit pas de démission, elle semble dire: «Epoumonez-vous à souhait, nous n’élevons pas nos voix mais sommes aux aguets pour que nul ne s’avise de trahir les idéaux de la révolution.»
Cette révolution qui a soufflé pour obtenir plus de justice sociale, de dignité et de liberté n’a en aucun cas porté de slogan religieux. Aujourd’hui, toute personne ou parti politique qui voudrait aller en-deçà ou au-delà des principes posés par cette bien déterminée jeunesse ira au suicide politique.
L’idéal de liberté que porte cette révolution a permis le retour des exilés politiques en Tunisie et la libération de tous les prisonniers politiques.
Rached Ghannouchi change d’avis
D’un autre côté, un constat objectif: au moment de la révolution, le parti Ennahdha était absent, il n’a prit aucune part à la révolution. Mais, il en a bien profité puisqu’il a vu le retour de ses chefs historiques et la libération de plusieurs de ses membres.
Cela devrait lui inspirer de l’humilité et le respect des idéaux de la révolution. C’est ce qui ressortait des premiers discours de son chef historique avant son retour en Tunisie. Ce dernier laissait entendre qu’il allait prendre une retraite politique et que son parti ne participerait pas aux élections présidentielles mais uniquement aux élections législatives. Ces déclarations laissaient percevoir la méconnaissance de ce qui se passait réellement en Tunisie puisqu’il restait dans le cadre de la constitution de 1959. Par ailleurs elles laissaient entendre qu’il se contentait d’être un acteur de second plan de la vie politique de la Tunisie de l’après-Ben Ali en ne participant pas aux élections les plus importantes de la constitution de 1959: les élections présidentielles.
Un discours qui fait peur et divise
Cependant, grisé par un accueil plus que chaleureux et quelques rencontres réussies avec les militants, Rached Ghannouchi a tôt fait de changer de stratégie. Ainsi, les idéaux portés par cette révolution ont été laissés de côté et c’est un discours politico-religieux obsolète qui refait surface. Un discours qui veut faire croire que l’identité arabo-musulmane de la Tunisie est en danger. Un discours qui fait l’amalgame entre athéisme et séparation du religieux et du politique. Un discours qui s’ingère dans la vie privée. Il porte atteinte à la liberté individuelle fraichement et chèrement acquise. Les Tunisiens qui aspirent de toutes leurs forces à cette liberté n’entendent pas la sacrifier à nouveau.
Ce discours fait non seulement peur à une large partie de la population tunisienne mais, de surcroit, divise la Tunisie qui s’est unie autour des principes de la révolution.
Ainsi, à moins de réviser une position et un discours pour en soustraire toute ambiguïté relative à l’inaliénabilité des libertés individuelles, les dirigeants d’Ennahdha se dirigent tout droit vers un suicide politique et porteront l’écrasante responsabilité d’avoir été ceux qui ont entrainé la Tunisie dans une tourmente aux conséquences incommensurables.
Ennahdha a-t-il renié les idéaux de la révolution tunisienne?
Le parti islamiste tunisienne est en train de renier les idéaux de la révolution au profit d’un discours politico-religieux obsolète qui veut faire croire que l’identité arabo-musulmane de la Tunisie est en danger. Par Lotfi Benmosbah
La révolution tunisienne a quelque chose de singulier: menée spontanément par la jeunesse, elle s’est produite sans leader. Or cette vaillante jeunesse parait s’être à nouveau enfouie dans la masse. Elle laisse aux séniors le terrain politique. Mais ne nous leurrons pas, il ne s’agit pas de démission, elle semble dire: «Epoumonez-vous à souhait, nous n’élevons pas nos voix mais sommes aux aguets pour que nul ne s’avise de trahir les idéaux de la révolution.»
Cette révolution qui a soufflé pour obtenir plus de justice sociale, de dignité et de liberté n’a en aucun cas porté de slogan religieux. Aujourd’hui, toute personne ou parti politique qui voudrait aller en-deçà ou au-delà des principes posés par cette bien déterminée jeunesse ira au suicide politique.
L’idéal de liberté que porte cette révolution a permis le retour des exilés politiques en Tunisie et la libération de tous les prisonniers politiques.
Rached Ghannouchi change d’avis
D’un autre côté, un constat objectif: au moment de la révolution, le parti Ennahdha était absent, il n’a prit aucune part à la révolution. Mais, il en a bien profité puisqu’il a vu le retour de ses chefs historiques et la libération de plusieurs de ses membres.
Cela devrait lui inspirer de l’humilité et le respect des idéaux de la révolution. C’est ce qui ressortait des premiers discours de son chef historique avant son retour en Tunisie. Ce dernier laissait entendre qu’il allait prendre une retraite politique et que son parti ne participerait pas aux élections présidentielles mais uniquement aux élections législatives. Ces déclarations laissaient percevoir la méconnaissance de ce qui se passait réellement en Tunisie puisqu’il restait dans le cadre de la constitution de 1959. Par ailleurs elles laissaient entendre qu’il se contentait d’être un acteur de second plan de la vie politique de la Tunisie de l’après-Ben Ali en ne participant pas aux élections les plus importantes de la constitution de 1959: les élections présidentielles.
Un discours qui fait peur et divise
Cependant, grisé par un accueil plus que chaleureux et quelques rencontres réussies avec les militants, Rached Ghannouchi a tôt fait de changer de stratégie. Ainsi, les idéaux portés par cette révolution ont été laissés de côté et c’est un discours politico-religieux obsolète qui refait surface. Un discours qui veut faire croire que l’identité arabo-musulmane de la Tunisie est en danger. Un discours qui fait l’amalgame entre athéisme et séparation du religieux et du politique. Un discours qui s’ingère dans la vie privée. Il porte atteinte à la liberté individuelle fraichement et chèrement acquise. Les Tunisiens qui aspirent de toutes leurs forces à cette liberté n’entendent pas la sacrifier à nouveau.
Ce discours fait non seulement peur à une large partie de la population tunisienne mais, de surcroit, divise la Tunisie qui s’est unie autour des principes de la révolution.
Ainsi, à moins de réviser une position et un discours pour en soustraire toute ambiguïté relative à l’inaliénabilité des libertés individuelles, les dirigeants d’Ennahdha se dirige tout droit vers un suicide politique et porterons l’écrasante responsabilité d’avoir été ceux qui ont entrainé la Tunisie dans une tourmente aux conséquences incommensurables.
Lotfi Benmosbah