Il est connu que la lumière (y compris celle de la vérité) éblouie surtout ceux touchés par des problèmes de vision! Le peuple tunisien a créé un évènement comme on en rencontre rarement dans l’histoire. Il a fait une révolution, une vraie! L’évènement est d’une telle ampleur qu’il a été qualifié quasi unanimement de «première révolution de l’époque postmoderne».
Changer le cours de l’histoire
Cet évènement a déjà marqué et marquera l’histoire, comme l’a fait la chute de Carthage, la conquête de Constantinople ou encore la révolution française... D’illustres intellectuels et autres célébrités de ce monde l’ont ressenti et l’ont clairement exprimé. Silvio Berlusconi l’a formulé à sa façon et on ne peut plus clairement... en lâchant une phrase qui dit globalement: «Comme à chaque fois les Tunisiens changent le cours de l'histoire» (*)! Mais… Car il y a un mais !
Certains ne sont et ne seront jamais à la hauteur de cet évènement pour le percevoir dans ses dimensions réelles. Une question de taille probablement! Béji Caïd Essebsi, qui n’est hélas pas le seul, en fait partie. C’est un homme d’un certain âge, rusé certes, mais pas à la hauteur d’un tel événement.
Ce que nous vivons actuellement devrait être repositionné, lu et analysé avec une échelle des temps de l’ordre de la génération. Les analyses stratégiques, les décisions, les plans d’actions et les recherches d’impacts doivent s’intégrer dans cette échelle de temps. Or, il faut de la hauteur pour percevoir des éléments de tailles aussi importantes. C’est pour cela que M. Caïd Essebsi et ses alliés, intérieurs et extérieurs, dans l’incapacité de répondre à ce genre de défis, tentent de nier cette réalité. Ils parlent plus de soulèvement, de mécontentement populaire... de satisfaction de besoins, élémentaires ou pas d’ailleurs, peu importe... Car, approcher la situation par ce biais, adopter une approche à ce niveau (au raz des pâquerettes) épargnerait l’ordre établi, préserverait les intérêts de ces meutes enragées, lancées depuis des générations à nos trousses... en nous empêchant de nous mouvoir et de nous émanciper. Pour cette frange. Pour leurs alliés. Il ne faut pas que la Tunisie change. Exprimé plus de façons «mathématique»: il ne faut pas que l’harmonique fondamentale qui trace la courbe de notre histoire soit modifié ni même perturbée. Restons sur les troisièmes voire les quatrièmes harmoniques. Il en va de la vie ou de la mort de Béji Caïd Essebsi et Cie
La «décharge de civilisation»
La Tunisie s’est chargé ces derniers temps de ce que j’appellerais «un potentiel de civilisation» qui lui donne les prédispositions d’une Formule1. Ce qui ce passe et se passera dans le monde arabe sous l’impulsion et l’effet de cette «décharge de civilisation» n’est qu’une simple illustration d’un phénomène très complexe. C’est ce phénomène qui a fait que des Arabes, bédouins, quasi primitifs, reçoivent, sur une période très courte, un potentiel de civilisation gigantesque et deviennent en quelques années (ou dizaines d’année) les «leaders» potentiel de ce monde. Et les effets se sont vus de façon incontestable quelques siècles plus tard!
La Tunisie n’a plus rien à voir avec la 2 CV de Mzali et du clan bourguibo-benaliste… C’est pour cela qu’un Béji Caïd Essebsi, aux commandes en cette période, est très peu rassurant pour nous, pour notre pays et même au-delà… Le risque de dérapage demeure trop important…
(*) La position du président du conseil italien me semble la plus significative, car dans ses propos il a intégré 3 millénaires d'histoire qui ont intimement lié la Tunisie à sa voisine l'Italie
* Consultant en Strategie, DSE - Paris (France).