Premier article de la série «Les journaux en ligne tunisiens dans la course à l’audience et à la publicité : petites ruses et coups bas» ou comment «louer» les fans des autres…
Par Imed Bahri
Après la révolution, le nombre de journaux en ligne a connu un boom sans précédent. Dépassant de très loin la quantité de journaux et magasines papier mis en vente en Tunisie. A défaut de pouvoir se distinguer par la qualité du contenu (qui nécessite un savoir-faire et un processus laborieux et lent), de plus en plus de Web média commencent à se tourner vers Facebook espérant se frayer ainsi une place dans le top 10 des sites les plus cliqués, à défaut d’être vraiment consultés, en Tunisie. Mais comment faire quand la simple ouverture d’une page fan ne suffit plus ?
Oubliez les médias classiques, l’avenir c’est le Web
Nous allons tenter dans cette série de quatre articles de présenter quelques pratiques connues – et moins connues – par l’internaute lambda, auxquelles font appel quelques sites tunisiens pour doper artificiellement leur audience et arriver à décrocher des contrats publicitaires à des centaines de milliers de dinars l’année et ce, aux dépens d’autres portails plus respectueux de la déontologie.
Les méthodes utilisées par ces «malins» ne sont pas toujours «halal», loin s’en faut. Mais, au fait, en plus de constituer des atteintes à la déontologie et à l’éthique, ces méthodes sont-elles réellement bénéfiques, à terme, pour les propriétaires de ces sites ?
Les portails Web sont devenus des médias alternatifs aux supports classiques de communication et de divertissement. Les sites Internet sont faciles à mettre en place. Comparativement à une radio, une télé ou un journal/magasine papier, chacun peut lancer son site d’information en ligne avec peu de frais.
Deuxième particularité de ces médias électroniques : ils permettent un mélange de plusieurs supports à la fois : la presse écrite, la télévision (grâce aux vidéos hébergées sur des plateformes comme Youtube ou Dailymotion), et la radio grâce aux podcasts (des enregistrements audio hébergés sur des plateformes spécialisées en streaming audio comme SoundCloud).
Mieux encore : sur Internet, il est même possible de lancer sa chaine télé ou sa chaine de radio qui diffuse en Streaming Live (mode de diffusion direct via Internet). Plus besoin donc de passer par l’Office national de télédiffusion (Ont) pour louer une fréquence et lancer sa chaine. Un serveur Web et une connexion large bande suffisent amplement. Autant dire que le futur des médias, c’est le Web. Tout simplement.
Dans les pays développés, la démocratisation de l’Internet filaire (Adsl, Fibre optique, etc.) et du sans fil (3G, bientôt la 4G, et les hotspots Wifi), a fait que les tablettes PC (comme l’iPad, les Galaxy Tab de Samsung ou PlayBook de BlackBerry) et les Smartphones, sont en passe de devenir les supports numéro un de la consommation de l’information.
Cette tendance mondiale ne va pas épargner la Tunisie. Une concurrence très rude se dessine à l’horizon entre les 3 opérateurs télécoms tunisiens sur la 3G et l’Internet filaire. Tunisie Telecom et Orange ont déjà lancé leurs réseaux 3G.
Tunisiana aura prochainement droit à une licence globale qui lui permettra d’installer son propre réseau Internet fixe.
Il faut donc s’attendre à ce qu’en Tunisie cette guerre entre Web média devienne encore plus rude… et plus sale.
Les fans sur Facebook s’achètent au kilo
Sur Internet, tout se vend et s’achète. Même les fans sur Facebook. Et surtout en Tunisie.
Depuis quelques années, une pratique commerciale tend à devenir la règle d’or pour la réussite de tout média sur le Web : payer une page Facebook à forte audience pour y diffuser des liens vers un site Internet. Le paiement peut recouvrir différentes formes : au nombre de clics (10 dinars généralement les 1.000 clics), ou un forfait à la fin du mois contre la diffusion d’un nombre déterminé d’articles par jour. A la fin du mois ou de la semaine (tout dépend de la convention), on paie l’administrateur de cette page une somme d’argent forfaitaire.
Plus la page compte de centaines de milliers de fans à son compteur, plus le site aura des statistiques d’audiences élevés. Le propriétaire du site exhibera alors fièrement ces stats devant les agences de communication. C’est aussi grâce à cette valeur que des propriétaires de sites Web tunisiens arrivent à convaincre les annonceurs d’acheter leurs espaces pubs au prix fort : quelques centaines de milliers de dinars l’année.
Pour une page comme Tunisie qui a plus de 870.000 fans, les forfaits vont de 1.500 dinars par mois pour 2 articles par jour à 3.000 dinars/mois pour 5 articles par jour.
Mais cette méthode a ses limites. Le site Web restera, en effet, toujours tributaire de ladite page fan. C’est de là que l’on voit l’importance de créer sa propre page fan Facebook qui permettra de fédérer une communauté autour du site (ou de la marque commerciale). Or, plus cette communauté est nombreuse, plus le site aura l’assurance d’avoir une audience garantie sur toute l’année.
Reste que ces pratiques présentent beaucoup d’inconvénients. Pour les agences de publicité, mais aussi, et surtout, pour les annonceurs : à la fois vaches laitières et… dindons de la farce.
A suivre