Jusqu’ici, une sorte de concurrence feutrée régnait entre les radios tunisiennes, publiques et privées. Désormais, ce sera la guerre ouverte. Car bientôt deux nouveaux acteurs vont faire leur entrée sur ce marché. Ils pourraient en modifier assez profondément l’équilibre.



Les deux nouvelles radios seront lancées respectivement par Tunisia Broadcasting SA, une société créée par Cyrine Ben Ali Mabrouk en association avec les groupes Bayahi et Chakib Nouira, et par Maghreb Productions & Communications, une société de production multimédia et de communication, créée par Mourad Gueddiche et Naoufel Ben Rayana. Deux acteurs qui n’entendent pas jouer les seconds rôles. Surtout le premier.

Un tournant historique
Outre des moyens financiers appropriés – on parle d’un investissement de quelques millions de dinars –, les promoteurs du projet de Tunisia Broadcasting SA constituent un véritable «commando de choc » avec trois femme et hommes d’affaires qui n’en sont pas à leur coup d’essai.
La création de ces deux stations marque un nouveau tournant dans l’évolution de ce secteur dont la composante privée a vu le jour il y a seulement sept ans. C’est en effet fin 2003 que la première radio privée – Mosaïque FM (MFM), en l’occurrence – voit le jour. Limitée dans un premier au Grand Tunis, sa zone de diffusion et étendue en 2005 au Cap Bon. Deux autres paliers sont franchis avec la création de Jawhara FM (2005) puis celle de Zitouna FM (2007).
Tout comme Mosaïque FM et Jawhara FM, la première radio privée nationale –celle en cours de lancement par Tunisia Broadcasting SA – est adossée non pas à un mais trois groupes parmi les plus importants de Tunisie.
De fait, si beaucoup de secret entoure encore ces deux projets, les éléments d’informations à ce jour disponibles concernant le projet de Maghreb Productions & Communications donnent à penser que ses promoteurs voient «grand ». Pour préparer et lancer leur radio, les actionnaires de cette société font appel aux méthodes les plus modernes à la fois pour le choix du nom de la nouvelle station, la mise au point du contenu de l’offre, etc.

La fin du quasi-monopole de Mosaïque FM
Bien sûr, en face, Mosaïque FM, qui a bénéficié d’un quasi-monopole jusque là,  n’entend pas rester les bras croisés. On imagine son équipe déjà en train «brainstormer» pour arrêter la meilleure riposte à l’arrivée annoncée de concurrents de poids. Mais en réalité, la contre-attaque a commencé avant même l’entrée en service des nouvelles radios.
En effet, début mai Mosaïque FM a lancé une campagne de communication sous le thème de «la fréquence supersonique», pour annoncer l’extension de sa zone de couverture à Bizerte, ainsi qu’au Nord-Ouest (Jendouba, Béjà, Le Kef, Nefza, Siliana et Bou Salem).
Concurrentes non pas entre elles – en raison de l’ancrage régional de chacune d’entre elles –, mais par rapport aux opérateurs publics, les radios privées trustent l’essentiel de la manne publicitaire (en 2009 MFM avec 11,7 millions de dinars et Jawfara FM avec 6,6) ont accaparé près de 90% de l’investissement publicitaire radiophonique dans le pays. Ce sera, on l’a compris, le principal enjeu de la «guerre » qui s’annonce avec les nouveaux arrivants sur le marché de la radio.

N. B. A.

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