Le financement du sport en Europe, et a fortiori du football, est assuré à hauteur de 60% par les droits TV. En Tunisie, ce taux est inférieur à 4% ! Est-ce à dire que le salut pour le sport en Tunisie viendra de la télévision? Par Hassen Zargouni.


A ce jour, étant donné la qualité du spectacle sportif tel que filmé en Tunisie, l’état de l’infrastructure des sites sportifs et l’image du sport en général et le football en particulier, et notamment chez les sponsors potentiels, on ne peut prétendre à des avancées importantes en matière de droits TV. Et ce, malgré la concurrence de plus en plus forte entre télévisions publiques et privées et l’engouement certain de la part d’une large frange de la population pour le spectacle sportif et particulièrement footballistique. Ceci étant, le potentiel de progression demeure élevé et la télévision peut et doit contribuer tout autant que le pari sportif, si ce n’est plus, au financement du sport en Tunisie, club et fédérations compris.

Sport et recettes publicitaires
En 2009, la publicité TV représente un montant global brut de 73 millions de dinars tunisiens (MDT), montant théorique qui n’englobe pas les remises, dégressifs ou gratuités. En termes réels, on estime que les recettes publicitaires des différentes télévisions tunisiennes, Tunisie 7, Tunisie 21, Hannibal TV et Nessma TV, atteignent les 44 MDT, dont 25 MDT pour Tunisie 7 (y compris la part de Cactus Prod.), 1,8 MDT pour Tunisie 21, 14,6 MDT pour Hannibal TV et environ 2,3 MDT pour Nessma TV, toujours pour l’exercice 2009.
Les écrans publicitaires autour des émissions sportives, qu’elles soient des talk shows ou des matchs en direct, ont généré 15,4% des recettes publicitaires globales à télévision en Tunisie en 2009, soit un montant brut de l’ordre de 11,2 MDT et en termes réels près de 6 MDT, seulement. Car ce montant ne suffit pas pour couvrir les frais d’achat des droits TV ainsi que les frais de transmission des matchs en direct notamment.
Pour que le modèle économique soit viable et pour envisager d’augmenter les doits TV pour financer les associations sportives, des pré-requis en matière de marketing sportif, d’image du sport, d’une stratégie de starification (jeunes sportifs aspirationnels…), et de professionnalisme au niveau de la restitution de l’image au téléspectateur (privilégier le spectacle et éviter les scènes anxiogènes…).
Le sport a représenté en 2009 près de 19,6% des recettes publicitaires de Hannibal TV avec seulement 1,9% pour la retransmission des matchs en direct qui est relativement coûteuse. A Tunisie 7, ce taux s’est élevé à 11,4% avec 6,5% pour les matchs en direct. A Tunisie 21, il a été de 17,5%. Et, enfin, à Nessma TV, il n’a guère dépassé 6,6% avec une part de 0,4% pour les matchs en direct.

Améliorer l’image du sport
Les années paires sont généralement plus génératrices de recettes publicitaires avec la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN), la Coupe du Monde FIFA, les Jeux olympiques… Cette donne va certainement changer à partir de 2013, année du début du décalage entre CAN et Coupe du Monde. La présence des équipes nationales tunisiennes dans les joutes internationales booste considérablement les entrées publicitaires auprès des chaines TV.
L’analyse de la liste des principaux annonceurs ayant misé sur le sport à la télévision indique qu’en 2009, Tunisiana a été le premier annonceur en termes d’investissements publicitaires dans les écrans diffusant des émissions sportives avec près de 2,9 MDT (montant brut), suivi du groupe Slama  (1,1 MDT), du groupe Mabrouk (0,9 MDT) et de la SFBT-Coca-Cola (0,5 MDT). Il s’agit, à peu de choses près, du même classement que celui des annonceurs à la télévision tous types d’émissions confondues.
En conclusion, et en cette période de négociation des droits TV entre la Fédération tunisienne de football (FTF) et les télévisions tunisiennes, et eu égard au potentiel de cette source de financement pour les clubs et les fédérations comparée aux standards internationaux, il est recommandé de procéder par étapes. Il s’agit d’abord de rehausser l’image perceptuelle du sport par un traitement journalistique tourné vers ses vrais valeurs et son image réelle retransmise par les télévisions en améliorant la qualité des prise de vues, des horaires de transmissions des matchs… C’est seulement après qu’on pourra procéder à l’augmentation des droits TV d’une manière substantielle sans nuire aux équilibres budgétaires des télédiffuseurs.
D’ici là, le pari sportif (Promosport) demeurera la plus grande source de financement pour le sport en Tunisie. A titre d’exemple, les investissements physiques pour la mise à niveau des stades et la construction d’ensembles sportifs pour accueillir la coupe du monde FIFA 2010 en Afrique du Sud ont coûté 5 milliards de US$, les paris en ligne ont représenté près de 30 milliards de US$.
Il convient donc, sur le court terme, d’élargir les services offerts aux parieurs de Promosport. C’est là le moyen le plus rapide pour monter en puissance en matière de financement du sport. Cela tombe bien car la société Promosport en a les moyens et humains et surtout informatiques.

L’auteur est Directeur général de Sigma Conseil, bureau d’étude  spécialisé dans l’étude marketing et l’audience média, Tunisie.