Pour parer au déficit de sa balance commerciale et à la baisse de ses réserves de changes, réduites à 96 jours d’importations, la Tunisie prépare des mesures pour rationaliser les importations de biens de consommation.
Pour faire face à la persistance de la tendance inflationniste sur le court terme et la dérive continue du déficit commercial, qui préoccupe la Banque centrale de Tunisie (Bct), le gouvernement s’apprête à annoncer une quinzaine de mesures visant, essentiellement, à rationaliser les importations de biens de consommation, hors alimentation.
Des mesures à caractère conjoncturel
Chedly Ayari, gouverneur de la Bct, qui a fait cette annonce, vendredi, a indiqué que le conseil d’administration de la Bct, dans sa nouvelle composition, a examiné ces mesures, lors de sa réunion le même jour, a encore indiqué M. Ayari. Celles-ci, selon lui, «revêtent un caractère conjoncturel et ne mettent pas en jeu la libéralisation du commerce tunisien».
A son niveau, la Bct va s’employer à décourager (ou «dés-inciter» selon le terme employé par M. Ayari) les banques à accorder des crédits à la consommation, en obligeant celles-ci à déposer auprès de ses services une réserve obligatoire (RO) d’une valeur équivalente au moins à la moitié du crédit à la consommation octroyé. Le gouverneur affirme avoir discuté de ces mesures les banquiers qu’il a rencontrés quelques jours auparavant.
Le gouverneur de la Bct, qui s’adressait à un panel de journalistes, a cité l'exemple du crédit automobile, relevant à cet effet, que la mesure qui sera prise ne touchera pas les procédures ordinaires d’octroi de crédits pour les voitures 4 chevaux (20% fonds propres et 80% financement bancaire), mais relèvera la barre de l’autofinancement pour les voitures de plus de 4 chevaux (40% autofinancement et 60% crédit).
Parer au déclin sans précédent de la balance commerciale
Ces mesures, a-t-il ajouté, concerneront également le domaine de change, estimant que «la situation actuelle des réserves de changes est aberrante», avec des avoirs en devise en nette baisse.
Jusqu’au 26 septembre, ces avoirs s’établissaient à environ 9.810 MDT, l'équivalent de 96 jours d’importations, contre 10.582 MDT ou 113 jours d’importations en 2011 et 13.003 ou 147 jours d’importations, en 2010. On approche donc du seuil, considéré comme fatidique par plusieurs économistes, des 90 jours d’importations. Il fallait donc agir en urgence en prenant des mesures de sauvegarde de la balance commerciale du pays, a dit M. Ayari, ajoutant que «le déclin du déficit commercial connaît un rythme jamais vu dans l'histoire de la Tunisie». En août 2012, il a atteint 3 milliards de dinars et devrait atteindre 4 milliards de dinars, fin 2012, selon les prévisions de la Bct.
Une inflation toujours en hausse
«La situation est d’autant plus inquiétante que les prévisions, sur le court terme, montrent que les facteurs qui peuvent militer pour une hausse de l’inflation sont plus forts que ceux pour sa stabilisation», a avancé M. Ayari.
Selon les prévisions établies sur la base de deux scénarios, le taux d’inflation, actuellement de l’ordre de 5,6%, devra atteindre en octobre 2012, environ 5,8% en tenant compte des augmentations salariales.
Dans sa réponse à une question relative à un éventuel ajustement à la hausse du taux d'intérêt directeur, M. Ayari a fait savoir que «le conseil d’administration de la Bct est pour le principe de l’ajustement, sauf que ses différents membres ont jugé qu’il faut attendre encore un peu, pour voir l’impact de la précédente hausse de 25 points de base de ce taux, décidée par le conseil d’administration le 29 août 2012, pour le porter à 3,75%», sachant que les effets d’une pareille hausse sont généralement différés de plusieurs semaines ou même de plusieurs mois.
I. B. (avec Tap).