Bien qu’elles soient très limitées en comparaison avec celles des quatre autres pays d’Afrique du Nord (Libye, Algérie, Egypte et Soudan), les réserves d’hydrocarbures en Tunisie sont d’autant plus intéressantes que le pays offre des facilités aux entreprises étrangères désirant y faire des affaires.
C’est, en tout cas, le point de vue de Samuel Ciszuk, principal analyste à Ihs Global Insight, spécialiste de l’énergie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Evoquant l’approche du gouvernement tunisien en matière d’énergie, M. Ciszuk ajoute: «La Tunisie n’a jamais été un gros producteur et fait face à une baisse de sa production. Par conséquent, le pays essaie d’attirer les entreprises avec de faibles opportunités mais qui demeurent très attrayantes».
Le plus haut taux de succès en exploration en Afrique du Nord
Selon l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (Etap), l’investissement dans l’exploration en Tunisie est passé d’un peu plus de 100 millions de dollars en 2005 à 400 millions de dollars en 2008. Le plus important producteur de gaz en Tunisie, BG, fournit 40% de la demande intérieure. La valeur totale de ses investissements a atteint, au milieu de 2009, plus de 3 milliards de dollars.
55 entreprises opèrent dans le pays, dont l’italien Eni, le groupe énergétique autrichien Omv, British Energy et la société de services Petrofac, partenaire majeur dans une plate-forme off-shore exploitée en concession.
«La Tunisie a enregistré le plus haut taux de succès en exploration en Afrique du Nord au cours des dix dernières années», affirme, de son côté, Craig McMahon, analyste en chef pour le Moyen-Orient et Afrique du Nord à Wood Mackenzie, qui s’exprimait au sommet Energy Exchange North Africa Oil and Gas à Tunis en novembre 2009.
Les compagnies pétrolières internationales s’intéressent d’autant plus à la Tunisie que ses étendues désertiques font partie de la même structure géologique que les champs de classe mondiale situés dans l’Algérie et la Libye voisines.
La Tunisie a produit 2,9 milliards de mètres cubes de gaz naturel en 2008, une goutte dans l’océan des 86,5 milliards de mètres cubes pompés par l’Algérie la même année. Mais les entreprises internationales présentes en Tunisie estiment que la faiblesse des volumes est compensée par le climat favorable aux affaires, comparé aux environnements plus difficiles chez ses voisins, l’Algérie et la Libye, où les entreprises énergétiques internationales font face à un durcissement des conditions contractuelles.
«Il y a la stabilité politique, une bonne croissance économique, une politique économique saine, un respect des contrats… Nous avons une très bonne relation avec tous les intervenants ici», explique Ian Perks, président de BG Tunisie, la branche locale du producteur de gaz BG cotée à Londres.
De plus en plus d’entreprises internationales s’intéressent à la Tunisie. C’est le cas de l’allemande Rwe. «Nous continuons à chercher des opportunités en Tunisie», déclare Manfred Boeckmann, l’un de ses dirigeants. «J’espère et je suis très confiant», ajoute-t-il.
Exportateur net de gaz en 2012
Selon l’Etap, la Tunisie va augmenter sa production de gaz afin de devenir, d’ici la fin de 2012, un exportateur net de gaz, en pompant 4 millions de mètres cubes par jour via un pipeline sous-marin vers l’Italie.
Certains analystes soulignent cependant que la demande intérieure d’énergie, en hausse constante, pourrait absorber une grande partie de l’augmentation de la production, laissant peu de place à l’exportation. Cela est vrai, mais le marché intérieur du gaz de la Tunisie est tout aussi rentable, parce que les prix y sont comparables à ceux sur le marché international. Pour certains opérateurs, exporter ou vendre au pays ne pose aucun dilemme, du moment que c’est la loi économique qui prime.
«Nous sommes très optimistes. L’économie tunisienne a bien résisté à la crise financière et le marché intérieur est en pleine croissance. Nous cherchons à approvisionner ce marché», conclut M. Perks.
Imed B.