La Tunisie a bien résisté à la crise mondiale, principalement en raison de sa bonne gestion macroéconomique, des réformes structurelles mises en route au cours de la dernière décennie et des réponses politiques d’actualité depuis le début de la crise.
C’est la conclusion des administrateurs du Fonds monétaire international (Fmi), au terme de leur réunion de consultation avec la Tunisie, tenue le 27 août à New York. Cette conclusion a été soulignée dans une note d’information publique (Nip), diffusée le 1er septembre sur le site de l’organisation, et que ‘‘Kapitalis’’ reproduit ici intégralement.
Des fondamentaux solides
Grâce à de solides politiques et aux réformes mises en œuvre ces dernières années, la Tunisie a abordé la crise mondiale avec des fondamentaux solides. La réaction rapide et adéquate des autorités a permis d’amortir l’impact de la baisse de la demande extérieure en 2009. En outre, le secteur financier n’a pas été touché par la crise financière mondiale car les banques ont continué à faire appel à des ressources intérieures stables. Ainsi, la croissance du produit intérieur brut (Pib) réel a dépassé 3% en 2009. Sous l’effet de la bonne tenue des exportations de services et des envois de fonds par les expatriés tunisiens ainsi que de la baisse des importations, le déficit du compte courant s’est contracté et les réserves extérieures ont augmenté pour atteindre l’équivalent de six mois d’importations de biens et de services à la fin de 2009. L’inflation est restée modérée à 3,7% en moyenne.
La croissance économique a pris de l’élan depuis le milieu de 2009 suite à la reprise des exportations et à la fermeté de la demande intérieure. En même temps, compte tenu d’une augmentation plus marquée des importations, le déficit du compte courant s’est nettement creusé et les réserves extérieures ont diminué dans la première partie de 2010, bien qu’elles se maintiennent à un niveau confortable.
D’après les projections pour l'année dans son ensemble, et la reprise chez les principaux partenaires de la Tunisie devant rester modeste, la croissance du Pib réel du pays devrait atteindre 3,8%, soutenue par un rebond de l’activité industrielle et des investissements, tandis que les résultats de l’agriculture seront vraisemblablement plus décevants que l’année dernière.
L’inflation a légèrement progressé pour atteindre 5% (en glissement annuel) en mai 2010 à cause de l’augmentation des prix des produits alimentaires; la hausse des prix des produits non alimentaires est néanmoins restée très modérée, aux environs de 3%.
Ces perspectives sont exposées principalement aux importants risques de fléchissement de la croissance chez les partenaires européens de la Tunisie pouvant provenir d’une aggravation possible des tensions financières et de la contagion; le rééquilibrage anticipé des finances publiques des partenaires européens pourrait aussi avoir un impact plus marqué que prévu sur une demande intérieure encore atone. Dans une large mesure, c’est la robustesse de la reprise en Europe qui déterminera le rythme de la croissance des exportations tunisiennes, des recettes touristiques et des envois de fonds.
Par ailleurs, la récente dépréciation de l’euro pourrait doper les exportations de la zone euro et se révéler positive pour les exportations tunisiennes dans des secteurs tels que les industries électriques et mécaniques. Les perspectives à moyen terme sont soumises à des risques similaires car les partenaires traditionnels de la Tunisie seront une source moins dynamique de demande extérieure qu’avant la crise.
Vigilance face aux risques de détérioration
Les administrateurs notent que la Tunisie a bien surmonté la crise mondiale ce qui est largement le résultat d’une gestion macroéconomique saine et des réformes structurelles de la dernière décennie ainsi que des politiques rapidement mises en œuvre depuis le début de la crise.
Toutefois, les administrateurs constatent que les perspectives continuent d’être soumises à des risques de détérioration car l’économie tunisienne est très dépendante des échanges avec l’Europe. L’environnement extérieur continuant d’être entouré d’incertitudes, ils insistent sur la nécessité de maintenir des politiques macroéconomiques qui appuient la reprise et d’accélérer les réformes structurelles qui permettraient d’améliorer la compétitivité, de diversifier les exportations et de promouvoir la création d’emplois.
Les administrateurs conviennent que la politique budgétaire de 2010 tente d’établir un équilibre adéquat entre le soutien à la croissance et la préservation des progrès importants réalisés pour faire baisser le niveau de la dette publique. Ils applaudissent la résolution des autorités à réengager le rééquilibrage des finances publiques, à partir du budget de 2011, et à continuer à réduire la dette publique, ce qui permettra de rassurer les investisseurs et de ménager un espace budgétaire suffisant pour atténuer l’impact d’éventuels chocs futurs. En ce sens, les administrateurs soulignent qu’il est important de faire preuve de persévérance dans les projets d’élargissement de l’assiette de l’impôt et de réforme du système de sécurité sociale et de maîtriser les dépenses publiques relatives aux salaires et aux subventions aux produits alimentaires et combustibles, tout en préservant les investissements de l’État en matière d’infrastructures.
Notant que le crédit à l’économie poursuit sa croissance ferme, les administrateurs sont d’accord que les politiques monétaires et de change doivent tendre à éviter l’accumulation de pressions inflationnistes et à assurer que le récent affaiblissement du solde extérieur ne se prolonge pas. Ils estiment que les objectifs à moyen terme des autorités, à savoir passer à un régime de ciblage de l’inflation, permettre la convertibilité complète du dinar et libéraliser le compte de capital, pourraient aider l’économie à mieux s’adapter aux changements de l’environnement extérieur.
Régler le problème du chômage élevé des jeunes
En même temps, les administrateurs soulignent que d’importantes mesures de préparation sont encore requises, notamment continuer à renforcer le secteur bancaire, approfondir le marché des changes et améliorer l’efficacité de la transmission de la politique monétaire. S’ils prennent note des progrès accomplis dans le renforcement du système financier, les administrateurs encouragent toutefois les autorités à ne pas s’arrêter là et à prendre des mesures qui déboucheraient sur une réduction permanente du niveau des prêts non productifs et un renforcement de la supervision du secteur financier.
Les administrateurs soulignent qu’il est crucial de poursuivre les réformes structurelles pour doper la croissance, améliorer la compétitivité et régler le problème tenace du chômage élevé, notamment chez les jeunes. Ils saluent les mesures envisagées destinées à accroître la productivité moyennant une amélioration du climat des affaires, une réforme de la politique du marché du travail, une augmentation des investissements en capital et une modernisation et un renforcement du secteur financier.
* Les titres et intertitres sont de la rédaction.