La Tunisie prend part, cette année, et pour la première fois, à la Global Entrepreneurship Week (Gew). Cette initiative du Centre des jeunes entrepreneurs (Cje) relevant de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace) vise à inculquer aux jeunes l’esprit d’initiative et la culture entrepreneuriale.


Le premier défi de la Tunisie au cours des prochaines années c’est la création  du plus grand nombre de postes pour les nouveaux arrivants au marché de l’emploi, particulièrement parmi les diplômés du supérieur, qui sont les plus touchés par le chômage.
Les capacités d’emploi de l’Etat et du secteur privé n’étant pas illimitées, surtout en cette période de crise économique mondiale, une partie de la solution viendrait peut-être de l’auto-emploi. Pour cela, il faut que les jeunes diplômés de l’université apprennent à se prendre en charge et, pourquoi pas, à prendre des initiatives et à lancer des projets.
Outre, bien sûr, les mécanismes de soutien, administratifs et financiers, qui sont nécessaires mais pas suffisants, cette mutation qualitative exige également une certaine mentalité voire même une culture de l’initiative, qui tarde à s’inscrire dans les habitudes des jeunes tunisiens.

Impulser une culture de l’initiative
C’est pour contribuer à créer ces habitudes que le Cje relevant de l’Iace s’apprête à célébrer, pour la première fois en Tunisie, la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat.
La manifestation, mise sous le Haut patronage du Président de la République Zine El Abidine Ben Ali, va se dérouler du 7 au 14 novembre dans 17 gouvernorats du pays.
Point d’orgue du programme, le Forum Jeunes Entrepreneurs Tunisiens, qui se tiendra à la Maison de l’Entreprise, à Tunis, les 9 et 10 novembre. Deux thèmes, qui sonnent comme des slogans mobilisateurs, sont retenues pour les débats au cours de ces deux journées: «Réveille l’entrepreneur en toi» (typologie, sociologie et conditions sociales de l’entrepreneuriat en Tunisie) et «Ensemble pour mieux entreprendre» (expériences institutionnelles en Tunisie dans des domaines variées).
L’ouverture du Forum sera présidée par M. Mohamed Agrebi, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, et la clôture par M. Afif Chelbi, ministre de l’Industrie et de la Technologie. Ce qui démontre la forte implication du gouvernement pour assurer la réussite de cette manifestation qui mobilisera 110 partenaires sur 500 sollicités (entre universités, associations, administrations et pépinières d’entreprises) et sera marquée par l’organisation de quelque 200 événements sur tout le territoire du pays. Principal objectif: promouvoir la culture entrepreneuriale dans la société tunisienne.
«La Global Entrepreneurship Week (Gew) a été lancée en 2008 aux Etats-Unis, au lendemain du déclenchement de la crise financière. On voulait alors souligner que la création de la valeur ajoutée, des richesses et des emplois n’est pas l’apanage des entreprises déjà installées, mais qu’elle peut être également l’œuvre de jeunes entrepreneurs. Et c’est aux aînés de pousser ces derniers et de les inciter à se prendre en charge», explique Chakib Nouira, président de l’Iace, qui s’exprimait, hier, au cours d’une conférence de presse consacrée à la présentation de l’événement.
«La première année, 30 pays ont adhéré à la manifestation, pour la plupart anglo-saxons. En 2009, on a enregistré l’adhésion de 88 pays. Cette année, 120 pays célébreront la Gew, dont la Tunisie», ajoute M. Nouira.

«Emploi = entreprenariat»
Déplorant l’esprit d’assistanat qui habite encore la plupart des jeunes diplômés, le président de l’Iace a insisté sur deux équations à ses yeux porteuses de créativité et de valeur ajoutée: «Emploi = Entrepreneuriat» ou encore «Initiative - Innovation - Exportation».
M. Abdelaziz Dargouth, président du Cje, la principale cheville ouvrière de cet événement, a insisté pour sa part sur l’un des moments clés du programme: «La tournée de la flamme de l’entrepreneuriat». Celle-ci, qui sera portée par des jeunes ayant réussi à lancer leurs propres entreprises, prendra le départ le 8 novembre à 8h30 au siège l’Iace, au quartier des Berges du Lac, et fera le tour de la Tunisie du nord au sud.
Avant de revenir à son point de départ, la flamme de l’entrepreneuriat sera portée dans chaque région par des personnalités au profil symbolique et se rendra sur les lieux où se tiennent les activités organisées par les partenaires de la manifestation dans les différentes régions: forums, séminaires, tables-rondes, déjeuners-débats, présentations thématiques, journées portes-ouvertes, visites aux entreprises, séances de formation, ateliers de travail, rencontres entre entrepreneurs et investisseurs, expositions, tournois sportifs et même une pièce de théâtre produite par la Troupe de Gafsa intitulée ‘‘Businessman’’ et consacrée au thème de l’entrepreneuriat.
Car cet événement, a insisté M. Nouira, a une portée culturelle évidente. Dans un pays où les entrepreneurs sont à court d’idées, ont souvent tendance à se copier les uns les autres et préfèrent avancer sur les sentiers battus, ces journées visent à inculquer aux jeunes entrepreneurs la culture de l’initiative, de la différence, de l’innovation, de l’aventure et du risque. Les entrepreneurs qui  réalisent le plus de plus-values ne sont-ils pas ceux qui innovent, qui suivent les voies non balisées et qui courent le plus de risques?
C’est à cette révolution culturelle que le Cje et l’Iace invitent leurs jeunes membres. Et la société tunisienne dans son ensemble.

R. K.