burquini
«Les bourses chutent. La France doit d’urgence mettre un slip». La petite phrase est de François Fillon, et c’est le remède que semble avoir trouvé le Premier ministre français pour «rassurer les marchés ». Nous nous permettrons de lui conseiller, le slip tunisien. Parce que nos dessous ont fait leurs preuves, auprès de ses rouspéteurs concitoyens. Un français sur deux n’a-t-il pas voté pour la culotte tunisienne ? Un score qui donne à réfléchir après la pantalonnade de l’Ump aux législatives.


Le slip tunisien sera donc la solution. Même si quelques ouvrières françaises ont défilé en slip et soutien-gorge pour protester contre l’irrésistible avancée des culottes tunisiennes. Un combat syndical qui s’inscrit dans le droit fil de la tradition hexagonale. Une lutte que certains jugeront pourtant d’arrière-garde, puisque notre connaissance intime des besoins français nous a permis d’écouler 56% de nos exportations de sous-vêtement au pays de la hot-couture.

Nos culottes se battent sur tous les fronts
Mieux : en 2007, la Tunisie était le second fournisseur de maillots de bain avec 20 millions d’exemplaires exportés sur le Vieux Continent. En 2006, on en avait ainsi vendu à l’Europe pour 76,4 millions d’euro de maillots. Au niveau des exportations, nos slips (de bain ou pas) suivent nos pantalons de très près, c’est le rapport de notre Centre technique du textile (Cettex) qui le dit. Et le géant chinois a beau être en première position, quand il s’agit de beau linge, il est battu à plate couture. Le tigre asiatique inonde certes l’Europe et le souk de Sidi Bou Mendil de ses produits textiles, pour la qualité, on repassera.
Et qu’importe si nos maillots, slips, et autres dessous chics sont vendus sous des dénominations étrangères. Qu’importe si l’étiquette qui leur colle à la peau n’est pas toujours très tunisienne. Les grivoiseries restent gauloises ! Même si la séduction de Simone Pirèle, Chantelle, et autre La Perla, a été confectionnée par Salha, Mabrouka ou telle autre de nos Fatma. Notre invincible armada peut compter  sur 20 000 ouvrières disséminées aux quatre coins de la Tunisie, réparties sur plus de 230 entreprises exclusivement dédiées à la lingerie. Et 88% d’entre elles, visent l’étranger, et pas uniquement l’Occident. C’est que nos culottes se battent sur tous les fronts. Pour avoir été dévoilé par nos médias unanimes sur ses mérites et ses qualités, le succès de nos bikinis n’est plus un secret. Mais voici que nos burqinis sont en passe de décrocher des lauriers.

Des burqinis made in Tunisie
Celles qui veulent nager en restant emmaillotées et voilées sont de plus en plus nombreuses. Une mode que l’on croyait importée des pays du Golfe, via leurs chaînes satellitaires obscurantistes. Mais honni soit qui mal y pense ! Voici que l’on apprend dans un article publié par l’agence suisse InfoSud, que les fameux burqinis par qui le scandale arrive sont, en fait, aussi produits dans notre Tunisie aussi ensoleillée qu’éclairée. Il paraît même que ce produit «Made in Tunisia» se vend bien dans les monarchies moyen-orientales où les femmes ne sortent que couvertes. Appâté par les pétrodollars, le slip tunisien baisserait-il le pantalon ? De quoi susciter la polémique et peut-être même un débat sur l’identité nationale auprès de nos intégristes de la laïcité et des chantres de la modernité à l’occidentale. Mais qu’importe : la réalité économique et la real politik sont cousus de fil blanc.
Cette industrie ne date pas d’aujourd’hui en Tunisie. Elle a émergé dans les années 60, si propices à la contestation et à la libération. «Peu importe que le chat soit noir ou gris, pourvu qu’il attrape les souris», disait Deng Xiaoping, l’initiateur de la réforme dans le pays de nos redoutables concurrents chinois.  C’est pour cela que n’en déplaise à la CGT, c’est le slip tunisien que nous proposons à François Fillon.

 

 

Malek Neili