Malgré l’annulation de certains grands projets annoncés à grand renfort de publicité, des flux d’investissements directs étrangers (IDE) continuent d’affluer vers la Tunisie au départ des pays du Golfe. Etat des lieux…

 



Parmi les projets abandonnés ou reportés, il convient de citer ‘‘La Porte de la Méditerranée’’ du groupe émirati Sama Dubaï, sur les berges sud du lac de Tunis, dont l’investissement global devait s’élever à 25 milliards $US sur 15 ans, et ‘‘Bled El Ward’’ (Pays des Roses), de l’autre groupe émirati Al Maabar, qui devait être érigé à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis, pour un investissement de 10 milliards $. La première tranche de ce chantier de 5.000 hectares devait être achevée en 2013.
Certes, les autres mégaprojets annoncés n’avancent pas selon le calendrier prévu au départ, mais les investissements en provenance des pays du Golfe n’ont pas tari pour autant. Ces investissements ciblent les secteurs porteurs : immobilier, raffinage et forage de pétrole, développement agricole, logistique, finance...
Nous établissons, ici, l’état des lieux des projets annoncés par des entreprises du Golfe depuis le déclenchement de la crise, à l’automne 2008, ou maintenus malgré cette crise qui a beaucoup touché les monarchies pétrolières de cette région : 

•    Mai 2008 : Tunis Sport City, projet immobilier et touristique, mené par le groupe émirati Bukhater Group, doit être réalisé sur une période de 5 ans, avec des investissements d’environ 6 milliards de dinars tunisiens, DTN (3 milliards d’€). La première étape de la première tranche de ce projet, appelée Cedar, qui s’étend sur 13 hectares (sur 257 hectares de la totalité du projet), a déjà démarré. Elle est constituée de 9 académies sportives, d’un terrain de golf de 18 trous (‘‘Les Jardins de Tunis’’) et d’un complexe composé d’hôtels luxueux, d’espaces commerciaux, d’écoles privées et de cliniques privées. Sa composante immobilière a commencé à être mise en vente l’été dernier. Le groupe présidé par Abderrahmane Bukhatir a investi 165 millions DTN (80 millions d’€) dans les travaux préparatoires à la réalisation de son projet.

•    Novembre 2008 : Al Thani Emirates Petroleum Corporation, entreprise des Emirats arabes unis spécialisée dans l’exploration et la production de gaz et de pétrole, a annoncé un investissement dans les forages sur trois permis de prospection à El Jem (4.224 km2) et à Tozeur (4.380 km2), dont les permis d’exploration avait été attribués en 2005. L’investissement prévu s’élève à 32 millions DTN (16,3 millions d’€).

•    Avril 2009 : Qatar Petroleum a obtenu un contrat de concession pour 30 ans pour la construction et l’exploitation de la raffinerie de la Skhira (sud de Sfax). Deuxième raffinerie du pays après celle de Bizerte, la Skhira aura une capacité de 120.000 barils par jour. Sa production sera destinée aux marchés extérieur et local et son promoteur aura la liberté de s’approvisionner, en pétrole brut et autres matières premières, auprès des fournisseurs de son choix, qu’ils soient en Tunisie ou dans les pays pétroliers voisins (Algérie, Libye). Montant de l’accord: environ 3 millions DTN (1,5 millions d’€). La fin du chantier est prévue pour 2011.

•    Juin 2009 : le président Zine El Abidine Ben Ali a posé la première pierre du projet de projet du Port financier de Tunis, dont le lancement avait été annoncé en décembre 2007 par le groupe bahreïni Gulf Financial House. Ce projet qui sera érigé sur une superficie de 523 hectares, à El Hassiane, dans la délégation de Kalâat Andalous (gouvernorat de l’Ariana). Le démarrage des travaux est prévu pour le dernier trimestre de cette année et le chantier, d’une durée de 7 ans, sera conduit par la société Tunis Bay Project Company, une Sarl créée à cet effet. L’investissement global est estimé à 6 milliards de DTN (3 milliards d’€).

•    Juin 2009: Emaar Properties, groupe des Emirats arabes unis s’est engagé à financer un projet de station touristique baptisée Marina El Qussor, près de Hergla (littoral centre-est) pour un montant de 3 milliards DTN (1,5 milliards d’€). Le projet n’avance pas cependant selon le calendrier prévu.

•    Juillet 2009: le Fonds saoudien de développement a accordé un prêt pour la mise en œuvre d’un projet de développement agricole intégré à Sidi Bouzid (centre du pays) pour un montant de (51 millions DTN, 26 millions d’€). Le projet vise à assurer une «gestion rationnelle des ressources naturelles de la région et l’amélioration des conditions de vie de 142 000 habitants de la région». Le projet sera réalisé sur une période de 5 ans et permettra de créer plus de 3.000 emplois permanents et 664 microprojets par les jeunes et les femmes dans le milieu rural.

•    Octobre 2009 : Dhamen Finance, une compagnie de garantie d’investissement et d’exportation basée au Koweït a renforcé le capital de la Compagnie tunisienne d’assurance du commerce extérieur (Cotunace, entreprise publique) et devenu ainsi son second actionnaire (2,8 millions d’€, 25% du capital). Cette prise de participation s’inscrit dans le cadre de la stratégie arrêtée par Dhamen Finance pour la période 2007-2014 et qui vise à développer l’industrie de l’assurance des exportations et des investissements dans les pays arabes membres du fonds.

Imed Bahri