Le 12e Forum de Carthage sur l’investissement s’est ouvert hier soir à l’hôtel Ramada Plaza à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis, sous la présidence du Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi et avec la participation d’un grand nombre de représentants institutionnels et d’investisseurs étrangers. Une bonne occasion pour mettre en exergue les nombreux avantages qu’offre le site Tunisie, et notamment la qualité de ses ressources humaines. Témoignages de quelques opérateurs étrangers…



Les opérateurs étrangers, qui ont commencé à s’implanter en Tunisie dès le début des années 1970, étaient attirés surtout par la stabilité et la sécurité, qui encouragent l’investissement à long terme, un niveau des salaires et des coûts de production beaucoup plus bas qu’en Europe, un cadre réglementaire assez attrayant, des avantages fiscaux, un accompagnement administratif personnalisé, la proximité des principaux marchés européens et, cerise sur le gâteau, un cadre de vie agréable, avec une offre touristique assez riche et un système de santé performant, ce qui encourage les étrangers à faire venir en Tunisie les membres de leurs familles.

«Des écoles d’ingénieurs de haut niveau»
Depuis quelques années, les opérateurs qui s’implantent en Tunisie évoquent aussi, comme arguments présidant à leur choix, la qualité des infrastructures, un système bancaire moderne, et – ce qui est assez nouveau – le niveau de qualification professionnelle des Tunisiens.
Rémi Merle, directeur général de Lacroix Electronique Tunisie, par exemple, loue la qualité de la «formation technique» des ingénieurs tunisiens. Selon lui, ces derniers ont été formés dans «des écoles d’ingénieurs de haut niveau». Ils «viennent de différents milieux» où «ils ont acquis de l’expérience». Pour M. Merle, la Tunisie offre des profils d’ingénieurs «très adaptés», qui ont souvent une bonne expérience professionnelle, acquise dans les industries déjà implantées dans le pays dans les domaines de l’aéronautique, de l’automobile, l’électronique, etc.  Mieux: ils sont «disponibles», «ouverts», prêts «à créer, à essayer». Conséquence: en moins d’un an et demi, Lacroix Electronique Tunisie a doublé ses effectifs dans le pays et attaqué d’autres segments de l’aéronautique.
Le groupe Téléperformance est implanté en Tunisie depuis 2000. Il a ouvert des centres d’appel spécialisés dans la relation client à Tunis, Ben Arous et Sousse. Le groupe, qui a démarré en Tunisie avec 100 collaborateurs, en compte aujourd’hui plus de 5.600. C’est une réussite indéniable. Pour le directeur général adjoint de Téléperformance Tunisie, Bertrand Derazey, cette réussite s’explique surtout par «la qualité des ressources que nous avons pu trouver, la qualité du dialogue que nous avons pu instaurer avec l’ensemble de nos salariés». Selon lui, Téléperformance a trouvé en Tunisie ce qu’il cherchait, à savoir «des ressources humaines de très grande qualité», une «facilité culturelle» et «une bonne maîtrise de la langue française».

«Des diplômes quasi-équivalents avec l’Europe»
Cyril Rochard, directeur général d’Ardia, filiale du groupe Actia, spécialisée dans l’ingénierie (développement de logiciels, électronique et conception mécanique), souligne lui aussi la qualité des écoles d’ingénieurs en Tunisie. Grâce à ces écoles, son entreprise, basée au Pôle technologique d’El Ghazala, près de Tunis, a pu «avoir accès à des ingénieurs de bon niveau avec de bonnes compétences». Elle a pu aussi «mettre en place des partenariats technologiques» lui permettant «de faire des échanges avec le corps enseignant» et d’«apporter  ses compétences technologiques à ces écoles». Conséquence: Ardia est aujourd’hui l’un des principaux centres de recherche et développement du groupe Actia.
Le succès de la filiale tunisienne de Zodiac Aerospace, basée à Soliman, banlieue sud de Tunis, son directeur général, Gaby Lopez, l’explique, lui aussi, par le niveau de scolarisation des Tunisiens et par leurs diplômes «qui sont quasi équivalents avec l’Europe». M. Lopez loue aussi «le niveau des gens, leurs capacités à être formés, à respecter les consignes de travail très spécifiques, et donc à obtenir un niveau de qualité des produits impératif pour livrer l’industrie aéronautique». Ce qu’il apprécie le plus chez ses employés, c’est «leur envie de travailler». «Les horaires sont de 48 heures par semaine [contre 35 heures en France, ndlr] et le taux d’absentéisme est très bas puisqu’il est inférieur à 2%», explique-t-il.    
Ferdinand Terburg, président de la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (Ctaic) et gérant de la société Van Laack, se souvent des premières années de l’implantation de son entreprise en Tunisie en 1974. A l’époque, tous ses collaborateurs étaient des étrangers. Aujourd’hui, l’entreprise s’est «tunisifiée» et n’emploie plus que des Tunisiens, surtout au niveau des cadres moyens. «Il y a de très bonnes écoles, de très bons hôpitaux (…) et de nombreuses universités. Donc une gamme de services à un niveau élevé que de nombreux pays seront heureux d’atteindre», témoigne M. Terburg, dont les enfants sont nés et ont fait leur scolarité en Tunisie.

Le transfert technologique

Un autre industriel allemand, René Buchler, président du Conseil de Siemens Tunisie, qui emploie 250 salariés, en majorité des ingénieurs et des techniciens supérieurs, affirme de son côté: «Un des facteurs de notre réussite a été certainement la qualité de nos jeunes collaborateurs tunisiens». Fort de cette réussite, l’entreprise pense pouvoir aujourd’hui «mettre en place, à partir de la Tunisie, une plate-forme de services pour servir aussi les pays voisins» dans le domaine des énergies renouvelables.
L’entreprise Hutchinson a réussi, elle aussi, à faire un important transfert technologique vers son unité de production à Sousse, en Tunisie. Son directeur, Christian Froger, a mis un programme de développement: «Nous recrutons des jeunes techniciens pour nous assister à construire des usines en France et en Europe pour mener à bien tous nos transferts de production», explique-t-il.

Imed Bahri