L’économie tunisienne a certes montré des signes de résilience face à la crise, mais l’incertitude qui caractérise encore la situation à l’échelle internationale, et notamment dans la zone euro, appelle les autorités à davantage de vigilance.


«L’économie tunisienne qui a bien résisté à la crise demeure dans une position globalement favorable», note Pierre Berger dans un article de ‘‘La Lettre de Tunisie’’, bulletin diffusé le 16 juin par la Mission économique-Ubifrance. Au premier trimestre 2010, la reprise par rapport au 1er trimestre de 2009 est en effet confirmée, le PIB ayant enregistré une hausse de 4,5%.

Les éléments d’incertitude
«Toutefois, ajoute l’auteur, les résultats du début d’année présentent certains éléments d’incertitude». Parmi ces éléments d’incertitude, l’auteur souligne le recul important de la production céréalière en 2010, les difficultés persistantes dans le secteur du textile et de l’habillement, conséquences de la situation économique en Europe pour l’ensemble du secteur ‘‘off shore’’ et les perspectives peu rassurantes de la saison touristique en cours.
S’agissant des incertitudes en Europe, elles ont trait surtout aux répercussions de la crise de la dette souveraine et des politiques d’austérité budgétaire mises en œuvre dans certains pays de la zone euro, tels que la Grèce, l’Espagne et le Portugal.
M. Taoufik Baccar, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), y a d’ailleurs fait allusion dans son entretien, le 2 juin à Tunis, avec une délégation du Fonds Monétaire International (FMI), qui a séjourné en Tunisie jusqu’au 15 juin et a eu des rencontres avec les principaux départements ministériels et avec des responsables opérant dans les secteurs économiques et financiers.

Davantage de vigilance

Le gouverneur de la BCT a certes souligné les capacités de résilience de l’économie tunisienne et énuméré les mesures prises par la Tunisie pour faire face à la crise, notamment la création – depuis le début du mois de mai 2010 – d’une commission pour le suivi de la situation économique et financière dans la zone euro, dont la mission est d’«identifier à temps les éventuelles répercussions sur l’économie nationale et de proposer les mesures susceptibles de garantir la sécurité de l’économie tunisienne et de l’habiliter à réaliser les objectifs de développement escomptés». Il a cependant admis qu’«en dépit des signes de résilience montrée jusque là par l’économie nationale, l’incertitude qui caractérise encore la situation à l’échelle internationale nous interpelle à davantage de vigilance afin de pouvoir atteindre les objectifs en matière de croissance, de création d’emplois et de préservation des équilibres globaux de l’économie nationale», a-t-il précisé.
Le mot d’ordre est ainsi lancé: vigilance. La Tunisie, qui n’est pas encore au chapitre de l’austérité et de la rigueur, ne peut se permettre aujourd’hui aucun relâchement.

Ridha Kéfi

Lire aussi :