Une mission du Fonds monétaire international (Fmi) a séjourné à Tunis du 2 au 15 juin. Dans un communiqué publié à l’issue de sa visite, elle a relevé la bonne résilience de l’économie tunisienne face à la crise, tout en soulignant la nécessité pour la Tunisie de continuer à «s’adapter aux évolutions d’un environnement international incertain».
La mission, conduite par Joël Toujas-Bernaté, chef de division au département Moyen-Orient et Asie Centrale, a rencontré, en plus de M. Taoufik Baccar, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (Bct), plusieurs ministres: Ridha Chalghoum (Finances), Mohamed Nouri Jouini (Développement et Coopération internationale), Afif Chelbi (Industrie et Technologies), Nacer Gharbi (Affaires sociales, Solidarité et Tunisiens à l’étranger), Abdessalem Mansour (Agriculture, Ressources hydrauliques et Pêche) et Slim Tlatli (Tourisme). Elle a rencontré aussi les secrétaires d’Etat Moncef Bouden (Fiscalité) et Abdelhamid Triki (Coopération internationale et Investissement extérieur), ainsi que de hauts cadres du gouvernement et de l’administration, de la commission économique et financière de la Chambre des députés, des représentants du secteur bancaire et du monde des affaires et autres partenaires sociaux.
Politiques d’atténuation de l’impact de la crise
Dans son communiqué, la mission indique que «malgré un contexte international difficile, la Tunisie a enregistré une bonne performance économique en 2009 avec une croissance du Pib réel qui a dépassé 3%.»
Ce résultat positif est dû, selon elle, «en grande partie au programme de reformes entreprises au cours des dernières années ainsi qu’à l’adoption de politiques macroéconomiques prudentes, qui ont permis aux autorités d’être en mesure d’atténuer l’impact de la crise avec des politiques d’appui judicieuses.»
La mission souligne, part ailleurs, que la croissance de l’économie tunisienne, «après avoir ralenti au début de 2009 (…), s’est sensiblement accélérée depuis la mi-2009, avec en particulier une forte augmentation de ses exportations au cours des derniers mois dans un environnement de reprise de la croissance mondiale.» Elle note, toutefois, que «le déficit courant s’est creusé depuis le début de 2010, suite à une augmentation des importations supérieure à celle des exportations, ainsi qu’à une stagnation des recettes touristiques et des transferts des tunisiens à l’étranger.»
Autres aspects de la situation économique en Tunisie soulignés par la mission: «Malgré une augmentation des investissements directs étrangers (Ide) par rapport à la même période en 2009, les réserves extérieures ont baissé depuis le début de 2010 mais demeurent à un niveau confortable, à environ 9 milliards de dollars états-uniens ($US) à fin mai 2010. L’inflation a augmenté de 3,7% en moyenne en 2009 à 5,0% en mai 2010 (en glissement) en raison de l’augmentation des prix des produits alimentaires, alors que la politique monétaire demeure appropriée. La position budgétaire s’est légèrement creusée en 2009, avec un déficit de 3% du PIB reflétant les mesures prises par les autorités pour soutenir la demande intérieure, mais le taux d’endettement public a continué de baisser pour atteindre 42,8% du PIB à fin 2009. Parallèlement, la dette extérieure à moyen et long terme a diminué jusqu’à 37% du PIB à fin 2009 contre près de 49% en 2005.»
Assainissement du secteur financier
Evoquant ensuite le secteur financier, la mission a relevé qu’il n’a pas ressenti les effets de la crise financière mondiale. «Le crédit à l’économie a continué d’être soutenu, grâce à une mobilisation toujours dynamique des dépôts auprès des banques, et la bourse de Tunis poursuit une croissance exceptionnelle. De plus, les autorités ont poursuivi leur stratégie de long terme d’assainissement du secteur bancaire qui a conduit à une baisse du taux de créances classées en pourcentage des créances totales de 15,5% en 2008 à 13,2% en 2009 et une augmentation du taux de provisionnement de 56,8% en 2008 à 58% en 2009.» La mission a noté également l’intention du gouvernement de poursuivre cet effort d’assainissement nécessaire, qui est l’un des axes du programme présidentiel pour la période 2010-14.
La mission a également noté la décision des autorités d’établir un fonds de garantie des dépôts et de mettre en œuvre le dispositif de Bâle II, qui devrait s’accompagner d’une approche plus prospective et exhaustive relative aux indicateurs prudentiels.
I. M.
Demain 2 : Tunisie-Fmi. S’adapter aux évolutions internationales