Tout en saluant le succès du rachat, par Qtel, des actifs d’Orascom Telecom Holding (Oth) dans l’opérateur mobile tunisien Tunisiana, les analystes algériens pensent que cela pourrait compliquer le rachat de Djezzy par le gouvernement algérien.
Selon les confrères algériens, c’est le gouvernement tunisien, voyant d’un mauvais œil l’arrivée du russe VimpelCom en Tunisie, qui a demandé à Qtel, détenteur de 50% du capital de Tunisiana, d’exercer son droit de préemption en acquérant les 50% restants.
Les errements du gouvernement algérien
«L’opération a été conclue en moins de 45 jours. Et dans la discrétion. Le ministre tunisien des Télécommunications avait même démenti nos informations sur l’opposition de Tunis à l’entrée de VimpelCom dans le capital de Tunisiana», soulignent nos confrère de ‘‘Tout sur l’Algérie’’. La gestion tunisienne du dossier de Tunisiana «met en lumière les errements du gouvernement algérien dans le dossier Djezzy et risque de compliquer sa tâche», ajoute le site ‘‘Tsa’’.
Ces errements pourraient coûter cher à l’Algérie. Et pour cause, expliquent nos confrères: «Oth a déjà obtenu deux offres fermes de la part de Mtn et de VimpelCom qui valorisent Djezzy à près de 8 milliards de dollars. Il vient aussi de vendre 50% de sa filiale Tunisiana à Qtel pour 1,2 milliard de dollars, soit 7 fois son Ebitda de 2009. Si le même multiple est retenu en Algérie, Djezzy serait valorisée à 6,5 milliards de dollars. Or, c’est connu: la Tunisie est un marché moins important et moins attractif que l’Algérie. Le gouvernement algérien pourrait difficilement expliquer pourquoi il veut racheter Djezzy à 2 milliards de dollars».
La revanche de Sawiris
En faisant traîner les choses, après avoir refusé la transaction entre Mtn et Oth, et en multipliant les procédures, fiscales et autres, le gouvernement algérien a perdu beaucoup de temps dans ce dossier. Il espérait peut-être faire baisser la valeur de Djezzy et pousser Naguib Sawiris, très endetté et en difficulté, à céder sa filiale au rabais. Mais c’est le contraire qui est arrivé: «Djezzy, comme le montrent ses résultats du troisième trimestre, résiste mieux que prévu. Et Naguib Sawiris semble avoir une longueur d’avance sur les experts qui conseillent le gouvernement algérien», note encore ‘‘Tsa’’.
Des développements sont donc à prévoir dans l’affaire du rachat de Djezzy par le gouvernement, qui ne saurait désormais traîner indéfiniment.
M. N.
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