Le philosophe tunisien Ridha Chennoufi s'attaque aux contre-vérités sur la laïcitéDans un nouvel ouvrage en arabe, le philosophe tunisien Ridha Chennoufi réfute les contre-vérités sur la laïcité et la relation entre l'Etat et la religion qui empoisonnent le débat politique en Tunisie.

 Dans son ouvrage ''Tunisie: L'Etat et la religion: Contre-vérités et solutions'', édité chez Cérès Editions, Ridha Chennoufi, professeur de philosophie morale et politique, essaye de simplifier et de clarifier quelques concepts qui intriguent le grand public tel que celui de la laïcité.

Le directeur du département de philosophe à l'université de Tunis, qui est parmi les rares chercheurs tunisiens à s'intéresser aux études politiques se rapportant au Maghreb, estime que situer la Tunisie entre une «identité» musulmane et une pratique laïque n'est plus un phénomène d'études théoriques mais plutôt une actualité, un vécu quotidien qui génère chaque jour des questions, des contradictions et même des conflits.

Parmi les contre-vérités exposées dans cet ouvrage écrit avec un style simple et accessible, on peut citer celle qui affirme que l'islam est à la fois une religion («din»), un mode de vie pour le monde d'ici-bas («dunya») et un système de gouvernement («dawla»), contrairement au christianisme, qui séparerait le temporel et le spirituel. «Cela est faux», réplique l'auteur. Il est tout aussi faux d'affirmer qu'être laïque signifie être athée ou que la laïcité interdit l'enseignement religieux à l'école.

En réfutant ce genre d'idées reçues, qui empoisonnent le débat politique, surtout en cette phase de transition démocratique en Tunisie et dans le monde arabe, l'auteur clarifie la réflexion sur les relations entre l'Etat et la religion.

TOUNES2

L'ouvrage du Dr Chennoufi se présente comme «un manuel» qui facilite la compréhension et surtout le positionnement de chaque lecteur-citoyen concernant à la question de la laïcité.

Ridha Chennoufi est l'auteur d'ouvrages en français et allemand. Parmi ses publications: ''Habermas et la raison publique'' (éd. Vrin, Paris, 2012) ; ''Évolution sociale et communication'' (Tunis, 2000).

I. B.

Extraits:
* «Les Musulmans ne trouvèrent pas dans leur religion ce qui pourrait ressembler à un corpus de lois générales se rapportant à la manière d'exercer le pouvoir et à des dispositions organisant la succession du prophète en cas d'empêchement ou de décès. Par conséquent, ce que la tradition salafiste appelle ''système de gouvernement en Islam'' n'a aucune légitimité coranique».
* «Pourquoi donc tant de contrevérités? Faut-il imputer cet acharnement contre la laïcité à l'ignorance ou à la mauvaise foi ou aux deux à la fois? Peut-être que le mot fait tout simplement peur!»
* «La liberté de conscience disparaît dès que la liberté de l'individu est limitée au nom du prétendu respect dû à la religion majoritaire.»
* «En règle générale, les citoyens qui se libèrent d'un régime despotique exigent la promulgation d'une Déclaration garantissant les libertés avant de ratifier une nouvelle Constitution.»