Sachant comment cela se passe généralement, l’organisation d’un festival international en Tunisie étant un très grand moment de bureaucratie et de course d’obstacles, le menu concocté par la grande Dora Bouchoucha (sans jeu de mots aucun) se laissera déguster avec plaisir. A vos badges, prêts, partez !
La directrice des 23e Journées cinématographiques de Carthage (Jcc 2010), qui animeront les salles obscures de la capitale – qui en ont grandement besoin – entre le 23 et le 31 octobre, a apporté des nouveautés aux niveaux des compétitions, des prix et des jurys.
Place aux jeunes!
Coïncidant avec la célébration par la Tunisie de l’Année nationale du cinéma et l’Année internationale de la jeunesse, les Jcc 2010 feront la part belle à la jeunesse. Ainsi, pour inciter les jeunes à assister aux projections et aux débats qui suivront, et qui seront animés par des cinéastes connus, la direction du festival a décidé de faciliter l’accès des élèves et des étudiants aux salles de projection. Les ministères de l’Education, de l’Enseignement supérieur et de la Jeunesse, des Sports et de l’Education physique ont apporté leur contribution à cette action qui vise, selon Dora Bouchoucha, à faire renaître la tradition des ciné-clubs, qui a été, dans les années 1960-1970, la pépinière du cinéma tunisien.
Avec l’introduction d’une compétition nationale de courts métrages, avec une sélection de 13 films, les Jcc 2010 seront marquée par l’attribution d’un prix de la présidence de l’Organisation de la femme arabe (Ofa), qui sera décerné par un jury présidé par Dr Khaled Abdel Gelil, président du Centre national du cinéma d’Egypte et comprenant également la réalisatrice égyptienne Viola Shafik, la cinéaste et productrice libanaise Dima El Joundi, la réalisatrice marocaine Yasmine Kassari et le réalisateur tunisien Mourad Ben Cheikh.
A l’ouverture, qui aura lieu au Théâtre municipal de Tunis (et non à la salle Le Colisée comme au cours des précédentes sessions), les heureux invités découvriront ‘‘L’homme qui crie’’, le film du tchadien Mahmat Saleh Haroun, qui a remporté le prix du jury au festival de Cannes 2010.
Les films de la compétition officielle
La compétition officielle des longs métrages a sélectionné 13 longs métrages dont trois tunisiens: ‘‘Les palmiers blessés’’ d’Abdelatif Ben Ammar, ‘‘Chronique d’une agonie’’ de Aïda Ben Aleya et ‘‘Fin décembre’’ de Moez Kamoun.
Les autres films en compétition sont: ‘‘Microphone’’ de l’Egyptien Ahmed Abdallah, ‘‘Voyage à Alger’’ de l’Algérien Abdelkarim Bahloul, ‘‘Etat de violence’’ du Sud-Africain Khalou Matabane, ‘‘Chirley Adams’’ de son compatriote Olivier Hermanus, ‘‘Soul boy’’ du la Kényane Hawa Essuman, ‘‘Once again’’ du Syrien Joud Said, ‘‘Chaque jour est une fête’’ de la Libanaise Dima El Horr, ‘‘Les villes de Transit’’ (Transit Cities) du Jordanien Mohamed Haski, et ‘‘Imani’’ de l’Ougandaise Caroline Kamya.
Dans la compétition des courts métrages, 11 films sont en lice, dont deux tunisiens : ‘‘Vers le nord’’ de Youssef Chebbi et ‘‘Linge Sale’’ de Malik Amara.
Dans les sections parallèles, destinées à présenter le meilleur des productions du monde entier, on trouve ‘‘Cinémas du monde’’, ‘‘Séances spéciales: cinéma et mémoire’’, qui projetteront des films documentaires sur la vie et l’œuvre d’artistes tunisiens comme Mohamed Jamoussi et Hédi Jouini, ‘‘Découvertes 21’’, avec la projection de films tunisiens et allemands dans le cadre des Semaines allemandes en Tunisie (octobre-décembre), ou encore ‘‘10 courts pour une cause’’, section dédiée au court métrage tunisien.
La section ‘‘Aspects du cinéma mexicain: une modernité désenchantée’’ permettra aux cinéphiles de découvrir un cinéma méconnu mais qui ne manque pas de créativité.
Les cinémas d’Afrique du Sud et de l’ex-Yougoslavie seront aussi à l’affiche à travers les sections ‘‘Gros plan sur le cinéma d’Afrique du Sud’’ et ‘‘Cinémas des pays de l’ex-Yougoslavie: rupture et continuité entre guerre et paix’’.
Enfin, le ‘‘Panorama du film tunisien: longs métrages, documentaires et courts métrages’’ permettra de mieux faire connaître les productions des réalisateurs locaux peu connus ou qui n’ont pas eu la chance d’être sélectionnés dans les compétitions officielles.
«La Tunisie m’a fait sortir de l’ombre», disait Kouyaté
Côté hommages, une tradition des Jcc, trois cinéastes arabes en pleine maîtrise de leur art seront célébrés: Rachid Bouchareb (Algérie), Hiam Abbas (Palestine) et Ghassan Salhab (Liban). Un hommage posthume sera également rendu à la mémoire du malien Sotigui Kouyaté, décédé récemment, à travers une rétrospective intitulée ‘‘Sotigui Kouyaté: fils de l’Afrique et citoyen du monde’’. Kouyaté avait reçu aux Jcc 2008 un Tanit d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. «La Tunisie m’a fait sortir de l’’ombre... et y revenir est à la fois un honneur et un devoir» avait-il alors déclaré avec une voix pleine d’émotion.
Côté jurys, et en du jury officiel, il y aura un jury ‘‘enfants’’, un jury pour l’‘‘Atelier de projets’’, autre tradition du festival instaurée dès 1992 par Dora Bouchoucha, qui sera présidé cette session par Marie-Pierre Hauville (France), un jury Ofa et un jury de la compétition documentaire et nationale.
Le jury de la compétition officielle longs métrages, présidé par Raoul Peck (Haïti), regroupe Joseph Gaye Ramaka (Sénégal), Anouar Brahem (Tunisie), Atiq Rahimi (Afghanistan), Elham Shahine (Egypte), Sulef Fawakherji (Syrie) et Diane Bartier (France).
Nouveaux bailleurs de fonds
Les films de la compétition officielle des longs métrages seront projetés au Colisée, ceux des autres compétitions et sections parallèles aux maisons de la culture Ibn Rachiq et Ibn Khaldoun, et aux salles Le Mondial et Le Parnasse.
Il convient enfin de signaler deux événements qui se teindront en marge des Jcc 2010: les Journées de l’audio-visuel (25-27 octobre) et l’assemblée générale de la Fédération internationale de la presse cinématographique (Fipresci, 25-26).
Outre le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, qui en assure l’essentiel des financements, le bureau directeur a trouvé d’autres bailleurs de fonds, notamment l’Alecso, le Centre national du cinéma (Cnc-France) et l’Organisation internationale de la francophonie (Oif, France).
En ce qui concerne la section ‘‘Atelier de projets’’, un montant de 10.000 euros (près de 20.000 dinars tunisiens) sera attribué à 10 scénaristes africains pour les aider à finaliser leurs œuvre. Les producteurs seront également en compétition pour une bourse de finition de leurs travaux. On prévoit aussi des rencontres entre des producteurs du monde entier pour l’achat de films.
Synthèse : Y. M.